Arc et Senans - @Bernard Boinin, contributeur Communes.com

Les salines du Jura

Le sel est certainement l’un des produits le plus utilisé dans l’alimentation, dans l’agriculture et dans l’industrie. Consommé avec modération, il répond aux besoins physiologiques de l’homme mais peut être responsable de maladies cardio-vasculaires s’il est utilisé en grande quantité.
Aujourd’hui, nous vous proposons de découvrir l’histoire de l’exploitation du sel dans le Jura et comment cet « or blanc » a fait vivre toute une région pendant de longs siècles.

Un peu de géologie

Il y a plus de 200 millions d’années, à la fin du Trias, le supercontinent Pangée se fissure et laisse place à deux nouveaux supercontinents, le Gondwana au sud et la Laurasia au nord.
Parallèlement, l’océan Panthalassa qui entourait la Pangée se divise en plusieurs océans.
Une lagune d’eau de mer se forme et stagne dans l’est de la France lorsque l’océan Panthalassa se retire. C’est ainsi que se forme, après évaporation de l’eau, une immense couche de roches sédimentaires composées principalement de sels minéraux.
Lorsque le massif du Jura se forme il y a 35 millions d’années, la couche de sel gemme(ou halite) recouverte de sédiments remonte vers la surface. C’est ainsi que se sont formés les gisements de sel qui vont faire la renommée du Jura.

Un peu d’histoire

Dès le néolithique, les hommes découvrent les avantages du sel qui leur permet de conserver leurs aliments plus longtemps. Les viandes et poissons sont plongés dans du sel sec ou dans de la saumure ce qui freine leur détérioration.
De plus, avec la découverte de l’agriculture et la sédentarisation, l’homme consomme de plus en plus de végétaux qui ne contiennent quasi pas de sel naturellement. Il doit donc trouver une autre manière de satisfaire son besoin physiologique en sel.
C’est ainsi que débute la longue histoire du sel, ressource économique importante qui va faire vivre des régions entières …. et même remplir les caisses des rois de France lorsque ceux-ci s’octroient le monopole de la gabelle du sel, un impôt créé pour financer la guerre contre les Anglais, durant le Moyen-Âge.

Les salines du Jura

Les principaux sites d’exploitation de l’ « or blanc du Jura » se trouvent au niveau des contreforts du massif, correspondant à la région naturelle du Revermont.

Salins-les-Bains

Probablement habité dès la préhistoire, le site de Salins-les-Bains est déjà connu par les Romains qui apprécient son sel de qualité utilisé pour la conservation de la viande. Les gisements de sel permettent donc à la cité de prendre une importance croissante durant toute l’Antiquité.
Au Moyen-Âge, la ville est cédée à l’abbaye de Saint-Maurice d’Agaune fondée en 515 par le roi des Burgondes, Saint-Sigismond. Cette abbaye construite sur le lieu supposé du martyr de plusieurs chrétiens dont Saint-Maurice connaît une formidable expansion et accueille dès le 6ème siècle une communauté de cinq cents religieux. Ceux-ci ont pour mission de respecter la « psalmodie perpétuelle » ou « laus perennis », c’est à dire la prière continue.
L’abbaye perd peu à peu son influence à partir du 9ème siècle lorsque des laïcs placés à sa tête profitent largement des revenus tirés de ses terres. A la même époque, le royaume burgonde est partagé en deux entre la Bourgogne franque qui deviendra duché et la Bourgogne impériale, future Franche-Comté.

Au siècle suivant, la Bourgogne impériale scindée entre Basse-Bourgogne et Haute-Bourgogne devient le royaume de Bourgogne et d’Arles qui prête allégeance à l’empereur.
Les ducs et les rois de Bourgogne continuent à puiser dans les biens de l’abbaye jusqu’au 11ème siècle. L’institution ne recouvre l’usage entier de ses biens qu’en 1049 lorsque le pape autorise les moines à choisir leur abbé parmi eux.
Entre-temps, en 942, plusieurs terres appartenant à l’abbaye, dont Salins, sont inféodées à Albéric de Narbonne (ou Aubry 1er de Mâcon). Il est probable que l’abbé de Saint-Maurice se décharge avec soulagement de la gestion de ce bien fort éloigné d’Agaune et qui ne bénéficie de ce fait que d’une faible protection. De plus, il profite ainsi de l’appui d’un seigneur puissant.
C’est à la même époque, que Salins est partagée entre le Bourg du Sire correspondant à la ville haute et le Bourg du Comte correspondant à la ville basse.
On ignore la raison exacte de cette séparation mais il est probable qu’elle résulte du partage des biens d’Albéric entre ses descendants. Les aînés se transmettent la propriété de la petite saline ainsi que le titre de comte de Bourgogne obtenu par le mariage de la veuve d’Aubry II et d’Otte Guillaume 1er au début du 11ème siècle. Les cadets bénéficient des revenus de la grande saline.
En réalité, les salines de la cité ne sont pas exploitées directement par les comtes de Bourgogne qui préfèrent en confier la gestion à des concessionnaires et accorder des « chaudières de fer » à des institutions religieuses afin qu’elles puissent y fabriquer leur propre sel.
Salins continue à se développer durant tout le Moyen-Âge, au même rythme que l’exploitation des différentes salines. Elle devient la deuxième plus importante cité de la Franche-Comté de Bourgogne.

En 1237, le comte de Bourgogne Jean 1er de Chalon et, à ce titre, seigneur du Bourg du Comte échange les comtés de Chalon et d’Auxonne contre le Bourg du Sire ainsi que plusieurs autres domaines qui appartenaient alors au duc Hugues IV de Bourgogne. En effet, celui-ci avait acheté ces différentes terres à Henri III Gros de Brancion, époux de Marguerite de Salins.
La possession de l’ensemble des salines de la ville permet à Jean de Chalon de s’enrichir et surtout de s’imposer vis-à-vis des seigneuries voisines. Il contrôle également les chemins utilisés pour transporter son « or blanc » en toute sécurité en construisant plusieurs forteresses tout au long de ces routes. Il obtient également le soutien du clergé en fondant de nouveaux édifices religieux.
A la veille du 14ème siècle, le comté de Bourgogne est profondément divisé en raison des rivalités opposant les différentes familles mais également du manque d’argent dans les caisses. En effet, le comte Othon IV a largement puisé dans les réserves pour agrandir son territoire alors que la population appauvrie par les guerres peine à se nourrir. De plus, il doit faire face aux convoitises de ses voisins.
Afin de poursuivre sa politique expansionniste et surtout maintenir son luxueux train de vie, les rentrées d’argent tirées notamment des salines ne suffisent plus. Othon emprunte des sommes de plus en plus importantes.
Alors que l’empereur Rodolphe 1er de Habsbourg est toujours son suzerain, le comte appréciant la vie fastueuse de la cour du roi préfère se rapprocher de la France.

Philippe-le-Bel profite de la situation et prête de l’argent au comte déjà surendetté. Il arrange même le mariage de son fils, futur Philippe V dit le Long avec la fille d’Othon, Jeanne II de Bourgogne. Jouant la carte de l’amitié, Philippe-le-Bel manipule à souhait un comte de Bourgogne au caractère trop faible et pris à la gorge par des problèmes de trésorerie. C’est ainsi qu’en 1295, Othon abandonne au roi de France la gouvernance et les revenus du comté en échange d’une rente viagère. Les terres bourguignonnes constituant la dot de Jeanne sont en effet administrées par le roi pour le comte de son fils dès la signature du contrat de mariage entre la fillette et son futur époux âgés respectivement de 4 et 2 ans. Paradoxalement, le comté reste vassal de l’Empire germanique.

En 1318, la fille de Jeanne II et de Philippe V, Jeanne de France épouse le duc de Bourgogne Eudes IV. C’est ainsi que par héritage, leur petit-fils Philippe 1er devient à la fois comte et duc de Bourgogne. Son décès à l’âge de 15 ans, en 1361, marque la fin de la maison capétienne de Bourgogne, branche cadette de la maison des rois de France et le rattachement du duché au royaume de France.
Le comté de Bourgogne est en effet transmis par héritage à sa grande tante Marguerite de France tandis que le duché échoit au roi de France Jean II le Bon qui le confie en apanage à son plus jeune fils, Philippe le Hardi.
Celui-ci agrandit considérablement son territoire en épousant Marguerite de Flandre, la jeune veuve de Philippe 1er, fille de Louis II de Flandre et petite-fille de Marguerite de France. C’est ainsi que le comté de Bourgogne, la seigneurie de Salins et plusieurs autres terres se retrouvent dans l’escarcelle du duc de Bourgogne en 1384, à la mort de Louis II de Flandre.

Le fonctionnement des salines de Salins

Pendant toute cette période, les salines de Salins exploitent l’eau salée apportée par des sources jusqu’aux puits d’Amont, à Gré et à Muire. Le puits à Muire ou « petite saline » est le plus ancien des trois , les deux autres forment la « grande saline ».
Les infrastructures de salines de Salins comprennent également les chaudières et les réservoirs d’eaux salées ainsi que plusieurs bâtiments. L’eau est pompée à l’aide de norias, des roues actionnées par des chevaux.
Les eaux salées récupérées de cette manière sont déposées dans des réservoirs en pierre tapissés de terre glaise avant d’être transférées dans les bassins en fer des chaudières suspendus au-dessus de foyers alimentés par du bois ou de la houille.
Lorsque l’eau s’est évaporée après approximativement 18 heures de chauffe, le sel est mis à égoutter pendant plusieurs heures avant d’être façonnés en pains de plus ou moins trois livres réunis en bênates de 12 pains et en charges de quatre bênates ce qui facilitait le comptage du sel et la répartition des parts revenant aux différents propriétaires appelés « seigneurs rentiers ».

Le prix du sel de la grande saline est quant à lui fixé par le comte et, plus tard, par le duc de Bourgogne.
Bien entendu, l’appât du gain est parfois plus fort que la crainte du seigneur et les concessionnaires de la petite saline n’hésitent pas à vendre leur sel à un prix inférieur. Ne parvenant plus à écouler le sel des puits d’Amont et de Gré, les exploitants de la grande saline portent l’affaire devant le Parlement de la Franche-Comté situé à Dole qui leur donne raison et condamne les contrevenants à une amende afin de compenser le manque à gagner.
Philippe-le-Hardi qui profite pleinement des revenus tirés des salines de Salins réorganise entièrement leur administration et son fils Jean-sans-Peur remplace les bâtiments en bois victimes d’un incendie par des infrastructures en pierre au début du 15ème siècle. De plus, la ville qui ne cesse de se développer est dotée de remparts flanqués de 25 tours, d’un hôpital et d’une importante halle ce qui témoigne de son opulence.

Après une période de calme et de prospérité, la Franche-Comté dont fait partie la seigneurie de Salins redevient un enjeu politique lorsque Marie de Bourgogne, fille unique et seule héritière de Charles le Téméraire épouse Maximilien 1er d’Autriche en 1477 apportant le duché à son époux.
C’est ainsi que Charles-Quint, petit-fils de Marie et de Maximilien devient, entre autres titres, duc de Bourgogne en 1506, à l’âge de 6 ans.
La cité de Salins comme l’ensemble de la Franche-Comté est donc à nouveau rattachée à l’Empire germanique tout en continuant à profiter des revenus des salines.
Au 17ème siècle, elle doit cependant affronter plusieurs guerres opposant l’empire à la France. En 1678, la Franche-Comté est intégrée au royaume de France selon les termes des traités de Nimègue.
La Grande saline de Salins devient une manufacture royale et dépend dorénavant des Fermes et Gabelle, cet impôt sur le sel sensé financer les guerres du roi de France.
A ce titre, elle bénéficie de nouvelles installations. Des pompes hydrauliques remplacent les norias et utilisent la force du courant de la Furieuse, un petit cours d’eau qui prend sa source à Pont d’Héry pour se jeter dans la Loue à Rennes-sur-Loue.
Devenues propriétés de l’État durant la Renaissance, les salines de Salins sont ensuite nationalisées et exploitées par la « Société des salines et mines de sel de l’Est », une régie créée suite à la Révolution de 1789.
Il faut attendre 1840 pour que le marché du sel soit libéré et que des sociétés privées puissent obtenir des concessions tout en restant sous le contrôle de l’administration.
L’attribution de es concessions ne va cependant ni sans mal …. ni sans corruption ce qui aboutit en 1862 à la création de la « Société anonyme des anciennes salines domaniales de l’Est ». Celle-ci va former avec plusieurs autres compagnies un véritable cartel du sel.
Si Salins parvient à maintenir une forte activité industrielle durant cette période, elle doit néanmoins se battre contre la concurrence lorsque de nouvelles salines voient le jour en Franche-Comté.
Ses installations sont néanmoins modernisées mais, en 1854, la ville profite de l’ouverture de ses thermes toujours en activité à l’heure actuelle, jouant ainsi la carte du thermalisme qui connaît un vif succès au 19ème siècle. Devenue une station à la mode grâce aux bienfaits de ses eaux salées, elle bénéficie d’un casino et surtout de l’arrivée du chemin de fer suite à la construction d’une ligne la reliant à Dole.
Parallèlement, plusieurs industries utilisant la force des eaux de la Furieuse s’installent le long de ses rives. C’est notamment le cas de la faïencerie qui ouvre ses portes en 1857 et qui produira de la vaisselle jusqu’en 1998.

En 1926, Salins devient Salins-les-Bains.
Les Salines de Franche-Comté ne pouvant plus concurrencer le prix du sel de Méditerranée disparaissent en 1962.
Suite à cette fermeture, la ville décline rapidement et la population ne cesse de diminuer. La commune de Salins-les-Bains rachètent les infrastructures des salines implantées sur son territoire vers la fin des années 1960.
Les installations sont utilisées pour puiser l’eau saumâtre utilisée pour le déneigement et pour alimenter l’établissement thermal qui appartient depuis quelques années à la commune.
Elles accueillent également le Musée du Sel qui ouvre ses portes en 2009, lorsque le site est répertorié sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
En 2017, un établissement thermal plus moderne est inauguré.

La saline royale d’Arc-et-Senans

Au 18ème siècle, les salines de Salins sont en difficulté. Le taux de sel contenu dans les eaux captées a diminué. De plus, la quantité de bois nécessaire au fonctionnement des chaudières est responsable du déboisement des alentours de la ville et il faut donc en faire venir de plus loin. Le transport de ce combustible devient de plus en plus coûteux tandis que le rendement des salines diminue ce qui met Salins en mauvaise position face à ses rivales dont la toute nouvelle saline de Montmorot. Il faut trouver une solution et c’est pour cette raison que l’administration royale décide en 1774 de fonder une saline à proximité de l’importante forêt de Chaux, entre les villages d’Arc et de Senans.

Or, à cet emplacement, il n’y a pas de sources salées et il faut acheminer la saumure extraite à Salins pour qu’elle soit transformée en sel à Chaux.
Pour y arriver, il faut construire un « saumoduc » long de plus de 21 kilomètres. Cette canalisation est construite en troncs de sapins évidés et emboîtés les uns aux autres mais cette solution se révèle rapidement peu rentable puisque près d’un tiers de la saumure se perd en cours de route.
Qu’à cela ne tienne, on démolit ce premier saumoduc et on le remplace par son frère jumeau en fonte en 1788.
Il faut encore empêcher les contrebandiers appelés faux-sauniers de venir se servir dans la canalisation. Des gabelous, ces douaniers qui collectent l’impôt sur le sel, sont chargés de mesurer le débit et la salinité de la saumure de poste de garde en poste de garde.
Revenons à la construction de la saline royale d’Arc-et-Senans dont les plans ont été confiés à l’Architecte du Roi et Commissaire des salines de Lorraine et de Franche Comté, Claude-Nicolas Ledoux.

Or, celui-ci est un visionnaire et un idéaliste et lorsque son premier projet jugé trop imposant et luxueux pour des bâtiments utilitaires est refusé, il propose les plans de la « Cité idéale de Chaux » basée sur des idées qui donneront naissance , au 19ème siècle, au « socialisme utopique ».
Il conçoit sa cité comme un tout, centré sur les bâtiments industriels de la saline. Les logements des 3.000 résidents forment un cercle et s’intègrent parfaitement à l’environnement naturel du site. Ils offrent une hygiène et un confort de vie inédits pour des salariés. Différents bâtiments, écoles, édifices religieux, commerces, marchés, hôpital …. bordent seize rues disposées en étoile depuis le centre de la cité.
Son projet ne sera cependant que partiellement achevé et, en 1789, Ledoux jugé trop proche de la royauté est emprisonné. Après sa libération, il se consacre à l’écriture et publie un ouvrage consacré à ses œuvres. Aujourd’hui, un musée consacré à Claude Nicolas Ledoux est installé dans l’ancienne tonnellerie du site d’Arc-et-Senans.

Après la révolution, la saline est successivement gérée par les Salines domaniales de l’Est, la Société des anciennes salines domaniales de l’Est et le cartel du syndicat de Nancy.
Mais ce qui devait être l’un des fleurons de l’industrie du sel se révèle être un désastre financier. En effet, les coûts d’exploitation sont tels que le sel produit à Arc-et-Senans ne parvient pas à rivaliser avec le sel marin extrait des marais salants.
La saline ferme ses portes en 1895. Les installations ne sont plus entretenues mais les logements sont encore habités par quelques familles.
Depuis, le site a connu plusieurs destinations, entre haras, camp de réfugiés, camp de prisonniers et caserne durant la Seconde Guerre mondiale.
En 2009, la saline restaurée est reprise sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO et accueille désormais un musée ainsi que des expositions temporaires et différents événements culturels.

Lons-le-Saunier et Grozon

La commune de Lons-le-Saunier connaît une histoire similaire à celle de Salins-les-Bains. Ses trois sources d’eau salée baptisées Lédonia, Chavenay et Naparix sont exploitées dès le Néolithique.
Les Séquanes, des Celtes installés dans la région après leur migration depuis Hallstatt se spécialisent dans la salaison des aliments et fournissent déjà les Romains avant la guerre des Gaules. Les Gallo-Romains continuent à profiter de cette ressource.
Cependant, les salines de Lons-le-Saunier sont moins importantes que celles de Salins et si la faible profondeur du gisement le rend plus facile à exploiter, la teneur en sel est nettement inférieure. C’est pour cette raison qu’au 14ème siècle, les sources d’eau salée sont abandonnées.
Il faut attendre le 18ème siècle et l’ouverture de la saline de Montmorot située à proximité de la cité pour que l’activité soit relancée. Les installations de ce site sont construites en 1743 avec l’accord du Conseil d’État. Elles sont opérationnelles dix ans plus tard.
Dans l’arrondissement de Lons-le-Saunier, le petit village de Grozon est également connu pour ses mines de sel gemme exploitées dès le Néolithique. Les Romains qui n’apprécient pas la concurrence du sel gaulois et veulent en limiter l’exportation afin de privilégier leurs propres producteurs font construire un sanctuaire sur la source, bloquant ainsi son accès.

On retrouve cependant la mention d’une saline à Grozon au Moyen-Âge, au 8ème siècle. Après être passée de mains en mains, cette saline est détruite en 1369 afin de laisser le monopole de la vente de sel à Salins.
L’exploitation de la mine de sel de Grozon redémarre en 1855, lorsque la Compagnie des Mines du Jura en obtient la concession. Elle est rachetée vingt ans plus tard par la Société des anciennes Salines domaniales de l’Est.

En 1882, les salines de Montmorot et de Grozon sont réunies. Elles fusionnent avec la saline de Montaigu dix ans plus tard. Ces sites restent en activité jusque dans les années 1960.
Après leur fermeture, les infrastructures de Grozon retrouvent de nouvelles fonctions, écoles, salles des fêtes, … vers la fin du 20ème siècle. Celles de Montmorot abritent les archives départementales du Jura ainsi que plusieurs commerces.
Les Thermes Lédonia ouverts à Lons-le-Saunier en 1892 dans un vaste domaine arboré sont alimentés par la source éponyme. L’établissement est toujours en activité.

Poligny

En 1896, une saline ouvre ses portes à Poligny, une petite commune située près de Lons-le-Saunier. Son exploitation est confiée à la Compagnie des Mines de Sel de Poligny.
A partir de 1928, la saumure n’est plus traitée pour récupérer le sel mais est acheminée jusqu’à l’usine Solvay située à Tavaux, dans la région de Dole.
Cette usine fabrique des produits sodiques et électrochimiques à partir de la saumure de Poligny jusqu’en 2007. En effet, si l’usine est toujours en activité actuellement, elle n’est plus alimentée par le sel du Jura depuis cette date.

La visite

Le Jura a conservé de nombreuses traces de l’activité de ses salines. De passage dans la région, nous vous suggérons de partir à la découverte de l’or blanc qui a fait la fortune d’un pays pendant de nombreux siècles.

A Salins-les-Bains

vous découvrez une petite ville combinant le caractère des anciennes cités de Franche-Comté à un environnement exceptionnellement bien préservé. Site industriel pendant la plus grande partie de son histoire, Salins-les-Bains a réussi sa conversion et est devenue aujourd’hui une station thermale fière de son patrimoine :

La Grande Saline

transporte ses visiteurs au cœur de son histoire et plus particulièrement de l’activité qui a fait sa renommée, le captage de la saumure et sa transformation en sel par évaporation. C’est dans la galerie souterraine aux belles voûtes construites au Moyen-Âge que nous pouvons découvrir comment se déroulait cette opération. Pour le plus grand plaisir des petits et grands, une roue hydraulique est toujours en activité.
Un parcours retraçant cette épopée a pris place dans les anciens greniers à sel.

En pratique :
La visite guidée dure approximativement 1 heure mais n’est pas accessible aux personnes moins valides en raison de l’escalier d’une cinquantaine de marches à emprunter pour arriver dans la galerie.
Attention : prévoyez un vêtement chaud car il fait en permanence 12° dans la galerie
Cette visite se prolonge par la découverte des greniers et de la salle des poêles (approximativement 1/2 heure).
Des activités sont proposées aux enfants de 7 à 12 ans durant les vacances scolaires. Des visites nocturnes sont organisées les jeudis, de la mi-juillet à la mi-août
La Grande Saline est ouverte :

  • en janvier et décembre, de 14 à 17hr30 en semaine, de 10 à 12 et de 14 à 17hr30 le week-end
  • en février, mars et novembre, tous les jours de 10 à 12 et de 14 à 17hr30
  • en avril et octobre , tous les jours de 9hr30 à 12hr30 et de 14 à 18hr
  • en mai, juin et septembre : tous les jours de 9hr30 à 18hr
  • en juillet et août : tous les jours de 9 à 19hr

Grande Saline de Salins-les-Bains
3 Place des Salines
39110 Salins-les-Bains
Tel : 03 84 73 10 92
Mail : accueil@salinesdesalins.com

La Saline royale d’Arc-et-Senans

construite vers la fin du 18ème siècle est tout à fait remarquable. La beauté architecturale des bâtiments ne correspond pas à la vision des manufactures de l’époque. Depuis la fondation -partielle- de la cité idéale de Claude Nicolas Ledoux, une partie de ce patrimoine exceptionnel accueille des expositions et des événements ainsi qu’un musée consacré à l’architecte de génie.
En pratique :
Le site est ouvert toute l’année, sauf les 25 décembre et 1er janvier :

  • de 10 à 12hr et de 14 à 17hr en janvier, mars, novembre et décembre
  • de 9 à 18hr en avril, mai, juin, septembre et octobre
  • de 9 à 19hr en juillet et août

Saline Royale
Grande Rue
25610 Arc-et-Senans
Tel : 03 81 54 45 00
Mail : contact@salineroyale.com

A Lons-le-Saunier

vous découvrez la source où tout a commencé, il y a plus de 2.000 ans. Le Puits-Salé exploité depuis l’époque gallo-romaine est le plus ancien site de la localité. Il alimente encore aujourd’hui les thermes Lédonia, un magnifique établissement construit à la fin du 19ème siècle dans un domaine de sept hectares, le parc thermal Édouard Guénon. Le bâtiment est inscrit comme Monument historique depuis 1999.
En vous promenant dans les rues de Lons-le-Saunier, vous retrouvez tout le charme des villes thermales mais également les témoins de l’opulence de la cité qui a largement profité de la présence des eaux salées sur son territoire.
Profitez d’un séjour de thalassothérapie à Lons pour visiter également

La Maison de la Vache qui Rit

un musée consacré à la célèbre marque de fromage née en 1921. Entièrement repensé en 2018, ce musée propose un parcours interactif faisant la part belle aux nouvelles technologies au sein même du bâtiment qui a vu naître les premiers triangles de la marque.
En pratique :
La Maison de la Vache qui Rit est ouverte:

  • tous les jours de 10hr30 à 18hr pendant les vacances scolaires des zones A,B et C
  • tous les jours sauf le lundi de 14 à 18hr en dehors des vacances scolaires
  • tous les jours de 10 à 19hr en juillet et en août
  • uniquement les week-ends de 14 à 18hr en novembre et décembre
  • fermeture en janvier et le 25 décembre

La visite est accessible aux personnes à mobilité réduite et des dispositifs destinés aux personnes présentant un handicap auditif ou visuel sont mis en place.
Des expositions temporaires ainsi que des animations et ateliers de cuisine sont régulièrement mis au programme de la visite.

La Maison de la Vache qui Rit
25 rue Richebourg
39000 Lons-le-Saunier
Tel : 03 84 43 54 10

Le Musée des Beaux-Arts de Lons-le-Saunier

propose de très belles collections de sculptures et de peintures ainsi que différentes expositions temporaires présentant notamment les vestiges découverts au cours des campagnes de fouilles archéologiques dans la région.
En pratique :
Le musée est accessible tous les jours sauf le lundi :

  • de 14 à 17hr en semaine
  • de14 à 18hr les week-ends et jours fériés
  • fermeture du 24 décembre au 1er janvier et le 1er mai

Le Musée des Beaux-Arts
Place Philibert de Chalon
39000 Lons-le-Saunier
Tel : 03 84 47 64 30
Mail : musees@lonslesaunier.fr

Que manger dans la région ?

Ne quittez pas le Jura sans avoir savouré quelques-unes des spécialités gastronomiques de la région :

  • La potée comtoise composée de nombreuses viandes fumées, de pommes de terre, de carottes, de choux et de haricots doit mijoter longtemps avant d’être servie avec des cornichons et de la moutarde.
  • La galette de goumeau ou papet est un gâteau à pâte briochée garnie de flan qui se déguste tiède, traditionnellement à Pâques
  • La tourte d’escargot au comté et vin blanc du Jura parfois accompagnée de champignons.
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