le familistère Godin, ville de Guise - ©Mireille Grumberg via Communes.com

Les phalanstères, quand le rêve se confronte à la réalité

Située dans le département de l’Aisne, dans les Hauts-de-France, la petite commune de Guise, ancienne capitale de la Thiérache, a joué un rôle important dans le système défensif du Royaume de France durant la Renaissance.
Aujourd’hui, nous vous proposons cependant de partir à la découverte d’une autre page de l’histoire de la localité. En effet, au 19ème siècle, la commune de Guise est choisie pour l’implantation d’un Familistère, une nouvelle version du phalanstère de Charles Fourier, imaginé par l’industriel Jean-Baptiste Godin mais surtout une vision idéaliste et utopiste de la vie communautaire.

Un peu d’histoire

Nous sommes à l’aube du 16ème siècle, le philosophe et homme politique anglais Thomas More rédige son « Utopia » ou « De Optimo rei publicae, deque nova insula Utopia », un livre considéré comme le pilier de la pensée « utopiste » qui imagine une société idéale.
Thomas More se livre à une véritable critique de la société de son époque et dénonce les injustices sociales dans l’Angleterre du 16ème siècle.
Dans la seconde partie de l’ouvrage, More donne la parole à son personnage Raphaël Hythlodée, un explorateur qui évoque une société idéale, un monde imaginaire afin de faire réfléchir ses contemporains.
Il est entendu que l’écrivain ambitionne avant tout de concrétiser son rêve et d’abolir les inégalités sociales et l’intolérance de la religion.
Il choisit une île pour camper son décor. En effet, le caractère insulaire d’Abraxa rebaptisée en Utopia par le héros du livre, Utopus, lui permet de se protéger des influences extérieures qui nuiraient à la réalisation du projet.
Utopia est donc une île habitée par 100.000 personnes réparties dans 54 villes bâties sur un même plan et possédant des caractéristiques et un fonctionnement identiques, gérés selon des principes mathématiques :

  • la notion de propriété privée est inexistante
  • plusieurs religions sont autorisées, les prêtres sont des magistrats choisis par le peuple
  • l’athéisme est condamné
  • les guerres sont interdites sauf dans un but défensif
  • la prêtrise est ouverte aux femmes veuves ou âgées et le mariage des prêtres est autorisé
  • toutes les habitations dont les portes ne sont jamais verrouillées sont identiques, elles sont prêtées aux citoyens
  • les habitants doivent déménager tous les dix ans afin de ne pas s’attacher à un lieu
  • tous les habitants doivent travailler six heures par jour
  • les habitants portent tous des vêtements identiques et n’ont aucun accès au luxe
  • les habitants doivent étudier ou avoir des loisirs culturels pendant leurs temps libres
  • la notion de l’argent est abolie et les habitants se servent de ce qu’ils ont réellement besoin
  • un service agricole de minimum deux ans est obligatoire
  • les citoyens sont des hommes libres
  • les habitants doivent rester chastes jusqu’au mariage et l’adultère est puni d’esclavage ou de mort si récidive
  • en revanche, le divorce est autorisé

« Chaque père de famille vient chercher tout ce dont il a besoin et l’emporte sans paiement, sans compensation d’aucune sorte. Pourquoi refuser quelque chose à quelqu’un puisque tout existe en abondance et que personne ne craint que le voisin demande plus qu’il ne lui en faut ? Car pourquoi réclamer trop, alors qu’on sait que rien ne sera refusé ? Ce qui rend avide et rapace, c’est la terreur de manquer. »

La vision de More abolit donc toute expression personnelle puisque les citoyens ont tous le même rang social, la même maison, le même temps de travail et que les villes sont identiques.
Au nom de la Liberté, l’auteur restreint les libertés individuelles.
Le terme « utopie » qui signifie étymologiquement « lieu inexistant » a été inventé par Thomas More mais a très vite été repris pour désigner quelque chose d’irréalisable.

L’utopie

On retrouve la notion de société idéale dans de nombreux autres écrits.

  • Durant l’Antiquité, le philosophe grec Platon décrit déjà la « Callipolis », (belle ville), une cité modèle d’où l’injustice est bannie. On y retrouve plusieurs éléments repris par More comme l’absence de propriété privée. Platon va plus loin puisque les enfants sont enlevés à leurs parents et confiés à des éducateurs. Cependant la cité idéale du philosophe n’est pas réellement égalitaire puisque la notion d’état aristocratique gouvernée par des « gardiens » reste présente. Il estime que l’inégalité est inévitable puisqu’il y a des « caractères inférieurs », des « hommes de rien » ou encore des « adultes stupides ». Ces infériorités sont soit innées et héréditaires soit les conséquences de l’éducation. Les personnes les plus intelligentes doivent donc gouverner sa cité idéale méritocratique. Platon estime également que les êtres les plus courageux et les plus beaux doivent former la classe dirigeante.
    Il pousse le raisonnement plus loin en affirmant :

« Il faut, selon nos principes, rendre les rapports très fréquents entre les hommes et les femmes d’élite, et très rares, au contraire, entre les sujets inférieurs de l’un et de l’autre sexe, […] si l’on veut que le troupeau atteigne à la plus haute perfection. ».

On est sur la voie de l’eugénisme !

  • Au 15ème siècle, l’écrivain français François Rabelais, humaniste convaincu, prêche pour la tolérance et la paix. Il condamne les dérives de la noblesse et du clergé mais reste fidèle à la royauté et au gouvernement qu’il estime sage. Il est attaché aux idées évangéliques des humanistes de la Renaissance qui préconisent un retour aux valeurs bibliques sans pour autant renier la papauté.
    Parallèlement, il affirme que la paillardise ainsi que le goût pour les fêtes et le vin propres à la culture populaire sont plus proches de la véritable foi chrétienne que les cours pompeux de théologie donnés à la Sorbonne.
    Malgré ses prises de position tranchées, ses écrits qui mêlent satires et parodies et qui sont régulièrement censurés par l’université, ses jeux de mots et ses propos souvent crus, parfois à la limite de la grossièreté, Rabelais reste paradoxalement attaché aux figures les plus représentatives de l’autorité à savoir le pape et le roi.
    Parmi les nombreuses œuvres de l’écrivain, Gargantua nous conte les aventures et exploits du géant. Dans la dernière partie du livre, Rabelais décrit l’Abbaye de Thélème construite par le frère Jean des Entommeures, un « vrai moine gaillard, joyeux, bien adroit, hardi, aventureux » qui aime le vin. Gargantua lui accorde l’autorisation de bâtir cette abbaye pour le remercier d’avoir vaillamment combattu à ses côtés contre Picrochole.
    L’Abbaye de Thélème dont la devise est « Fay ce que vouldras » est à l’opposé de ces communautés religieuses de l’époque très hiérarchisées et qui imposent des règles strictes aux moines.
    Ressemblant plus à un château qu’à un monastère, l’Abbaye de Thélème accueille femmes et hommes qui y vivent en bonne intelligence sans aucune contrainte et par conséquent, selon Rabelais, sans aucun conflit. Cette entente repose notamment sur l’éducation et l’étude mais également sur la volonté divine qui se traduit en grec par « thélêma ».

L’auteur affirme :

« (…) les gens libres, bien nés, bien éduqués, vivant en bonne société, ont naturellement un instinct, un aiguillon qu’ils appellent honneur qui les pousse à agir vertueusement et les éloigne du vice. »

Bien entendu ce système social idéal qui repose entièrement sur la bonne volonté des résidents implique que l’abbaye n’est ouverte qu’à une élite, à des personnes ayant reçu une excellente éducation, à des preux chevaliers et à des gentes dames… on est loin de la société idéale accessible à tous !

  • Le thème de l’ « utopie » est repris au 17ème siècle par différents auteurs qui impriment leur propre vision d’un monde idéal … souvent bien éloignée des valeurs de tolérance et de justice sociale prônées par Thomas More.
    Le philosophe anglais Francis Bacon nous parle dans « La Nouvelle Atlantide » d’une île contrôlée par la Maison de Salomon,
  • une communauté de savants qui se consacrent à l’étude sans toutefois partager leurs connaissances.
    « La Cité du Soleil » décrite par le frère dominicain italien Tommaso Campanella est basée sur le partage du travail, la communauté des biens et l’égalitarisme. La vie au quotidien est gérée par les lois de la nature et l’astrologie. La reproduction est contrôlée afin de préserver les caractéristiques et aptitudes physiques. Cet eugénisme sous-entend une fois de plus que la société idéale n’est accessible qu’à une élite.
    Dans « La Terre australe connue », le moine défroqué Gabriel de Foigny nous parle d’une société idéale, sans propriété privée, sans religion imposée, sans hiérarchie, où tout se passe dans le meilleur des mondes … parce que les habitants sont hermaphrodites et vivent sans désir ni passion.Ils n’ont qu’un seul ennemi… les êtres sexués. Ce livre a fait scandale et a valu des ennuis judiciaires à son auteur.
    D’autres auteurs classés comme des utopistes s’écartent du but social, politique et économique de Thomas More pour se tourner vers la fiction et la satire simplement divertissantes. On pense notamment au roman de Jonathan Swift « Les Voyages extraordinaires de Gulliver ».
  • Tout au long du 18ème siècle, le thème de l’utopie et des sociétés idéales reste récurrent. On peut notamment citer « l’Eldorado » qui sert de décor à plusieurs chapitres du Candide de Voltaire, « l’Île des Esclaves » où le maître devient esclave et vice versa, une comédie de Marivaux ou encore « l’Île de Tamoé » où règnent vertu et bonheur décrite par le Marquis de Sade dans Aline et Valcour.

Des écrits à la réalité

Si les sociétés idéales ont fasciné les hommes depuis l’Antiquité, ces idées ne se sont jamais concrétisées et ont simplement été couchées sur papier.
Or, au 19ème siècle, un nouveau courant prend naissance en Europe, le « socialisme utopique », directement issu de l’humanisme.
Ces précurseurs du socialisme tel que nous l’entendons aujourd’hui veulent créer des communautés idéales très éloignées de la société capitaliste. Si les modèles suggérés diffèrent les uns des autres, ils ont en commun la volonté des citoyens de construire leur propre société.
En France, plusieurs philosophes apportent leur pierre à cet édifice :

Le Comte de Saint-Simon

Considéré par l’économiste André Piettre comme « le dernier des gentilshommes et le premier des socialistes », le comte de Saint-Simon (à ne pas confondre avec son cousin le duc de Saint-Simon, mémorialiste à Versailles) s’est très vite éloigné de sa famille issue de la noblesse picarde.
Il est avide d’apprendre loin des cours donnés par son précepteur et s’intéresse aux idées nouvelles. C’est ainsi qu’il prend notamment part à la guerre d’indépendance des États-Unis.
Lorsque la Révolution éclate en France, les biens de l’Église sont confisqués et mis en vente. Saint-Simon en profite pour acquérir de nombreuses propriétés situées dans le département de l’Orne et à Paris, en partenariat avec le comte Sigismund Ehrenreich de Redern, un diplomate russe.
Cette spéculation permet à Saint-Simon de devenir riche et de s’installer confortablement à Paris où il suit plusieurs cours à l’École polytechnique et à l’École de Médecine.
De ses multiples rencontres avec le monde scientifique, Saint-Simon adopte une philosophie basée sur le progrès permis par les sciences. Il prône l’abandon du système féodal en faveur de l’âge positif et industriel, un thème qui sera repris et développé par Auguste Comte considéré comme le fondateur du positivisme.

Les phalanstères de Charles Fourier

Charles Fourier naît en 1772 au sein d’une famille aisée de Besançon. Faute de pouvoir entrer dans l’École royale du génie de Mézières car il n’appartient pas à la noblesse, il devient commerçant comme son père. Lorsque Lyon se soulève contre la Convention nationale, il prend fait et causes pour les fédéralistes. La victoire des Républicains voit Fourier ruiné. Après une brève incarcération et son incorporation forcée dans l’armée lors de la « levée en masse » décidée par la Convention, il revient à Lyon et travaille comme commis-voyageur. Il a l’occasion d’observer la vie miséreuse des ouvriers mais également l’émergence des réformateurs.
C’est ainsi qu’il rédige plusieurs essais dont la plupart resteront à l’état de manuscrit. Ils serviront cependant de base à l’élaboration de sa « Théorie sociétaire ». Son idée d’une société communautaire apparaît dans la « Théorie des quatre mouvements et des destinées générales » dans le « Traité de l’Association domestique et agricole » et dans « Le Nouveau Monde industriel et sociétaire ».
Si Charles Fourier meurt presque dans l’anonymat en 1837 à Paris, il laisse en héritage le Phalanstère, nom donné à un ensemble de bâtiments regroupés pour former un espace communautaire où les résidents vivraient en harmonie.
Il veut créer « (…) une terre de la Société harmonique divisée en trois millions de phalanstères, chacun regroupant 1.620 personnes des trois sexes » ( le troisième sexe étant représenté par les mineurs d’âges considérés comme neutres par Fourier).
Le Phalanstère idéal dont les ressources sont essentiellement agricoles accueille 405 familles formant une « phalange ». Des logements agréables, des réfectoires communs, des lieux de rencontre et des espaces de loisirs sont mis à leur disposition.
Charles Fourier décrit avec précision ces phalanstères, allant jusqu’à définir leurs dimensions, les fonctions de chaque bâtiment, l’implantation des jardins, les normes de la pêche ou la distribution de friandises aux enfants.

Il définit également les règles concernant le travail qui doit être attrayant:

  • chaque travailleur est associé et donc rétribué par dividendes et non salarié
  • chaque homme, femme et enfant est rétribué selon le capital, le travail et le talent
  • les séances de travail n’excèdent pas deux heures afin d’être variées
  • les tâches sont accomplies par des groupes d’amis réunis spontanément
  • les ateliers et les terres doivent être élégants et propres
  • la répartition du travail est faite selon l’âge et le sexe, chacun jouit du droit au travail et du droit au choix du secteur d’activité pour autant qu’il soit honnête et compétent.

L’idée des phalanstères est séduisante, on imagine sans peine la vie paisible dans un environnement où tout est conçu pour apporter bien-être et harmonie.
Elle se heurte cependant à la réalité du terrain. Il faut trouver un lieu assez grand pour permettre sa réalisation mais également un nombre suffisant de citoyens assez audacieux pour se lancer dans cette aventure.
Après sa mort, les disciples de Fourier tentent d’implanter des « phalanstères d’enfants », des lieux permettant d’éduquer et d’enseigner les pratiques agricoles et industrielles aux enfants. Ces différents projets auraient pour but de diffuser la théorie de la société communautaire.
Dans le journal intitulé « Le Premier phalanstère » on peut lire :

« C’est ce nouveau milieu social qui doit enfanter ces prodiges que nous voulons créer. Que demandons-nous pour ça ? Les restes d’un vieux château, les ruines d’un couvent, un jardin avec quelques arpents de terre, deux ou trois cents mille francs avancés sur une bonne hypothèque, assurée sur les bâtiments que nous allons élever, sur ces industries que nous allons créer. Et, en retour de ces avances, nous rendrons au pays trois cents élèves forts, instruits, utiles ; nous prouverons à la France qu’elle pourra, quand elle le voudra, quadrupler ses produits, extirper la mendicité, prévenir les crimes, et surpasser tous les peuples en prenant l’initiative de l’organisation du travail et de l’industrie attrayante. »

Les « Phalanstériens » sont convaincus que la théorie de Charles Fourier peut être mise en application et, il faut avouer, la description de la vie au sein de la communauté semble idyllique :

« Dans le phalanstère, l’homme n’a pas continuellement le souci de penser s’il sera vêtu, logé, nourri ; on lui avance tout ce qui lui est nécessaire, et il travaille où bon lui semble sans s’inquiéter de rien, s’il tombe malade on le soigne, s’il devient infirme on l’entoure de tout ce qui peut plaire à l’existence ; ses enfants sont élevés aux frais de la société, et sa femme gagne au-delà de ses besoins. (…) La communauté sociétaire est gouvernée avec ordre, avec économie ; tout s’y confectionne, et les produits sont immenses. (…) on ne fatigue plus les forces toujours sur le même travail ; elles se délaissent de deux en deux heures, par la variété des occupations. (…). Dans le phalanstère, il y a un seul beau grenier, une seule belle cave, il a son vaste jardin, sa grande cuisine qui dessert délicieusement des tables à tous prix ; il a des calorifères pour toutes les chambres, pour tous les appartements. (…) »

Et les phalanstères dont l’idée est notamment reprises par les communistes fleurissent aux quatre coins de la France. Dans la plupart des cas, on est très loin de la vision idyllique rêvée par Charles Fourier, d’autant plus que le côté moral qui lui est cher est sciemment mis sur le côté.

Les réalisations

La Colonie de Condé-sur-Vesgre

Quelques années avant le décès de Charles Fourier, une collecte de fonds est lancée par le journal « La Phalanstère » afin d’acheter le terrain de 1.500 hectares nécessaire à la construction d’un premier phalanstère.
Le Dr Baudet Dulary, député de Seine-et-Oise, et Joseph Devay habitant tous deux à Condé-sur-Vesgre, dans les Yvelines, sont séduits par l’idée et mettent un terrain de près de 500 hectares à la disposition des Fouriéristes.
Dès le début, le projet est bancal et Charles Fourier ne montre guère d’enthousiasme pour bâtir non pas sa phalanstère mais la « Colonie sociétaire » :

« Depuis 6 mois, je n’ose pas dire un mot dans le journal sur Condé, mais si je la mettais entre nos mains, vous verriez comment je parlerai et ferai venir des fonds. Mais Dulary, par faiblesse et incapacité, dérange toutes les mesures. On ne peut compter sur rien avec lui, il donne dans tous les pièges, il n’aime que ceux qui le trompent »

Le projet renaît en 1840 soit trois ans après le décès de son initiateur. On parle alors de « Société des Cartonniers », l’objectif étant de vivre de la production de cartonnages industriels. Mais la Révolution de 1848 et l’instauration de la Deuxième République met un terme à cette activité.
Le bâtiment principal devient une habitation commune gérée par depuis 1860 par la société immobilière le « Ménage sociétaire ».
A l’heure actuelle, la Colonie est partagée par une quinzaine de familles qui se retrouvent durant les week-ends et les vacances pour partager des activités et des moments de loisirs mais également les charges, la gestion et les responsabilités liées aux bâtiments, à savoir la grande maison, les trois pavillons, le hangar, le kiosque d’artiste et les cabanes éparpillées dans le bois.
Il est possible de devenir « Colon » après avoir rempli et déposé un dossier de candidature et être accepté par le Comité de l’Association « Le Ménage Sociétaire ».

La Colonie est la seule tentative d’implantation d’un phalanstère réalisé du vivant de Charles Fourier … et ce fût un échec !

La Colonie Sociétaire de Cîteaux

Une nouvelle tentative d’implantation d’un phalanstère a lieu en 1841, sur les terres appartenant à l’ancien monastère cistercien de Cîteaux, près de Dijon.
A la différence de Condé-sur-Vesgre où le phalanstère doit sortir ex-nihilo, le site de Cîteaux comprend déjà plusieurs bâtiments en état satisfaisant ce qui permet de diminuer drastiquement les coûts et d’avancer plus rapidement dans le projet. Le domaine traversé par la Vouge comprend en effet un château, une orangerie, une sucrerie, deux moulins à eau, une scierie, une tuilerie, une huilerie et de vastes de terres agricoles, vergers et prairies.
C’est Zoé Gatti de Gamond, une féministe belge et auteur d’un ouvrage intitulé « Fourier et son système » qui obtient le soutien financier d’un riche Anglais, Arthur Young, pour acquérir les bâtiments de l’abbaye qui appartenait à Herminie Félicienne Tavernier de Boullonge. Young dépense la somme de 1.500.000 francs pour ce domaine sur lequel il veut fonder une communauté sociétaire répondant exactement aux préceptes de Fourier.
Zoé Gatti de Gamond et Arthur Young parviennent à concrétiser leur projet et à implanter un phalanstère qui doit accueillir 600 personnes. Ils doivent cependant vite déchanter, moins de 200 personnes se présentent pour intégrer la communauté. De plus, les travaux des champs sont confiés à des ouvriers, artistes et artisans venus de la ville qui ne connaissent pas le métier. Les fermiers du pays ne sont en effet pas convaincus par le système et n’intègrent donc pas la communauté.
Enfin, les éventuels investisseurs ne semblent pas intéressés par le projet et font la sourde oreille.
Pierre Joigneaux, un journaliste bourguignon visite le phalanstère en 1844. Il est déjà convaincu que celui-ci est déjà condamné :

« (…) Il fallait à M. Young des hommes rompus au travail des champs, il reçut des convois de citadins qui ne savaient probablement ni comment on sème, ni comment vient le blé. (…)
La phalanstère de Cîteaux était donc né malade, et il y avait cent à parier contre un qu’il ne vivrait pas. C’était chose on ne peut plus facile que de le conduire à l’agonie, et on y a réussi sans peine, en payant la main d’œuvre à l’égal du prix de Paris, en donnant chaque semaine de charmantes fêtes sur la pelouse du château, en accueillant à bras ouverts des bouches inutiles, en hébergeant gratuitement les visiteurs, en faisant enfin sur une trop vaste échelle toute espèce d’essais, de tâtonnements ruineux. (…) »

Le projet n’est en effet pas viable et, en 1846 soit trois ans après l’ouverture de la phalanstère, le domaine est saisi et mis en vente afin de payer ses débiteurs. L’Abbaye de Cîteaux retrouve sa fonction première dès l’année suivante.
Il faut préciser que dès le début, le projet est épié par l’État d’autant plus que depuis 1834, une loi autorise et organise même la surveillance d’associations potentiellement subversives. La police de la Préfecture de la Côte d’Or envoie donc maints rapports peu élogieux au Ministère de l’Intérieur.

Le Garde des Sceaux est mis au courant et répond :

« C’est l’organisation d’une société exceptionnelle, s’éloignant de tous les usages communs, reconnaissant un chef, un souverain sous le nom de régent. C’est la constitution d’un petit état dans l’État. Si les associations de ce genre se multipliaient en France, il est évident qu’elles créeraient par la suite de sérieux embarras au gouvernement et finiraient par bouleverser la Constitution actuelle de l’administration et même de la société actuelle. »

L’échec du projet est donc considéré comme une bonne nouvelle par le Ministère de la Justice qui n’a même pas dû intervenir pour y mettre un terme. Dès le début, il est clair pour les autorités que le phalanstère n’est qu’une chimère qui s’éteindra d’elle-même ce qui explique leur relative tolérance. On peut néanmoins se demander si cette surveillance même discrète, même temporaire n’a pas freiné le recrutement et précipité la faillite de la colonie de Cîteaux D’un autre côté, il est probable qu’une réussite aurait provoqué une véritable répression de la part des forces de l’ordre.

A l’étranger

Si les phalanstères ne parviennent pas à s’imposer en France principalement en raison du manque de place et surtout du manque de liberté, il n’en est pas de même aux États-Unis Vers le milieu du 19ème siècle, une trentaine de phalanstères plus ou moins proches des idées de Charles Fourier voient le jour. Citons notamment la « Colonie de la Réunion » au Texas, la « Brook Farm » ou encore la « North American Phalanx ».
Malgré l’appui de personnalités et d’investisseurs, ces communautés sont éphémères. Les unes se heurtent à l’hostilité des États du Sud qui voient d’un mauvais œil le fait que l’esclavage est y interdit, d’autres sont détruites par des incendies.
Les échecs sont aussi cuisants au Brésil lorsque les Phalanstériens partis fonder une colonie se retrouvent ruinés, victimes de spéculateurs, avant même d’avoir pu concrétiser leur rêve. Les tentatives s’avèrent aussi vaines en Roumanie et en Russie où les Fouriéristes sont arrêtés pour subversion ou conspiration. Parmi les accusés, l’écrivain Dostoïevski échappe de peu à la mort et est envoyé en déportation en Sibérie où il passe quatre ans.

Jean-Baptiste André Godin

Le phalanstère du Texas

Jean-Baptiste André Godin naît le 26 janvier 1817 à Esquéhéries, une petite localité de l’Aisne. Après avoir effectué son « tour de France », il ouvre un atelier de construction d’appareils de chauffage. A partir de 1840, il produit des poêles à charbon en fonte de fer dont il a obtenu le brevet de fabrication. Son entreprise est florissante et déménage à Guise en 1846. Huit ans plus tard, il ouvre une succursale des Fonderies Godin à Laeken, en banlieue bruxelloise.
Parallèlement, Godin s’intéresse au fouriérisme et, en 1855, il investit de l’argent dans la Colonie de La Réunion fondée au Texas par Victor Considerant, adepte des principes de Charles Fourier qu’il a connu à Paris dans les années 1820.
Député de Paris connu pour ses idées d’extrême gauche, Considerant participe à la manifestation organisée le 13 juin 1849 contre la politique de Louis-Napoléon Bonaparte alors président de la République. Son quotidien, la « Démocratie pacifique » (appelé successivement le Phalanstère, La Réforme industrielle et La Phalange) soutient également les candidats du comité démocratique-socialiste aux élections législatives.
La tentative de rébellion est un échec total et est suivie d’une sévère répression notamment vis-à-vis des organes de presse. Considerant s’enfuit en Belgique avant de s’exiler au États-Unis C’est ainsi qu’il fonde la phalanstère de la Réunion, près de Dallas.
Cette colonie diffère cependant des préceptes de Fourier puisque la propriété privée est autorisée et que les femmes ont le droit de vote, un principe cher à Considerant.
Après avoir confié la tâche d’acquérir des terres à un agent prospecteur, Considerant retourne momentanément en Europe afin de recruter les premiers colons.
En 1855, Considerant ramène 200 Français. Ils doivent parcourir 400 kilomètres depuis Houston avant de découvrir leurs nouvelles terres mais également les 400 autochtones qui habitent la région.
Les nouveaux venus qui ne parlent pas la même langue et n’ont pas la même conception du système politique ne sont pas accueillis à bras ouverts.
De plus, les terres sont peu fertiles et les colons français, des artisans et des marchands, n’ont aucune connaissance de l’agriculture.
Les maigres récoltes ne suffisent pas à nourrir la population et, comble de malchance, les champs sont ravagés en 1856 par la sécheresse d’un été torride et par une invasion de sauterelles.
De nombreux colons désertent le phalanstère, les uns retournent en France et d’autres s’installent dans diverses régions des États-Unis Les terrains de la colonie sont bientôt englobés dans la ville de Dallas en plein développement. Les derniers habitants sont intégrés dans la population locale.
Considerant profite d’une amnistie pour rentrer en France. Il participe à la Commune de Paris en 1871 et décède en 1893, au Quartier Latin, à Paris.

Les Familistères

L’échec de la Colonie texane représente une importante perte financière pour Godin. L’industriel ne renonce cependant pas à son rêve et décide de lancer ses propres projets.
Pour lui, les richesses industrielles doivent être redistribuées afin de permettre aux ouvriers de vivre dans un confort qui leur est refusé jusque-là. Malgré sa fortune, il n’a pas oublié qu’il est lui-même issu de la classe ouvrière.
C’est ainsi qu’en 1858, soit deux ans après la disparition de la Colonie de la Réunion, il fait construire le « Familistère de Guise », des bâtiments situés à proximité de son usine et permettant d’accueillir ses ouvriers et leurs familles dans un environnement agréable.
Son idée est d’éliminer les maisons individuelles qu’il estime nuisibles pour la société. En réunissant les familles les plus défavorisées en un seul lieu, Godin veut leur offrir des « équivalents de richesse » qui leur sont inaccessibles individuellement.
Parallèlement, il instaure un système de protection sociale dont bénéficient les ouvriers en cas de maladie ou d’accident du travail et à l’heure de prendre leur retraite.

Il explique:

« Ne pouvant faire un palais de la chaumière ou du galetas de chaque famille ouvrière, nous avons voulu mettre la demeure de l’ouvrier dans un Palais : le Familistère, en effet, n’est pas autre chose, c’est le palais du travail, c’est le Palais Social de l’avenir. »

La vie au Familistère de Guise se déroule au sein d’un ensemble de bâtiments :

  • Le Palais Social comprenant un pavillon et plusieurs ailes abrite les logements des ouvriers. Ces appartements sont sains, lumineux et confortables. Les habitants ont accès à des points d’eau installés à chaque étage. La disposition des logements permet aux habitants de se rencontrer. Ces échanges sont recommandés non seulement entre ouvriers mais également entre ceux-ci et les autres salariés de l’usine comme les employés de bureau qui sont logés à la même enseigne. La promiscuité doit, selon Godin, favoriser l’entente mais également une sorte d’émulation puisque chaque membre du Familistère doit avoir à cœur d’être aussi propre, aussi bon père de famille, …. que son voisin.
  • La nourricerie qui n’existe plus aujourd’hui
  • Les écoles qui sont mixtes et obligatoires jusqu’à l’âge de quatorze ans alors que les enfants peuvent commencer à travaille à cette époque à dix ans.
  • Le théâtre
  • La buanderie, les douches et la piscine sont regroupées de l’autre côté de l’Oise. Ces différents équipements répondent aux normes préconisées par les hygiénistes pour la construction des collectivités.

Godin base le fonctionnement de son Familistère sur les principes de la coopération. Il enseigne aux habitants comment les appliquer au quotidien notamment en ayant accès aux magasins coopératifs proposant des produits dont les bénéfices sont répartis de manière équitable. Il met également à leur disposition une bibliothèque car il veut prendre en charge non seulement l’éducation des enfants mais également celle des adultes.
Si Godin est tellement soucieux de procurer des conditions de vie optimales à ses ouvriers c’est parce qu’il estime que le travail est la raison même de l’existence des hommes. Il est donc normal d’offrir un statut social élevé aux travailleurs.

La Société du Familistère

Toujours plus ancré dans ses idées de partage des richesses et de coopération, Godin fonde la Société du Familistère en 1880. Les fonderies obtiennent ainsi le statut de coopérative de production (Association Coopérative du Capital et du Travail du Familistère de Guise) et les bénéfices servent dorénavant à alimenter les œuvres sociales avant d’être partagés entre les ouvriers sous forme d’actions, en plus de leur salaire. La société appartient dorénavant aux travailleurs.
Chaque salarié ne reçoit cependant pas la même part du gâteau. Pour Godin, il faut mériter cette rentrée complémentaire. Les bénéfices sont donc distribués selon le travail, les compétences et l’implication dans la vie communautaire.
Il établit une sorte de hiérarchie sur base de l’ancienneté entre les associés travaillant au moins cinq ans dans l’entreprise et les sociétaires, c’est à dire les ouvriers réguliers habitant au Familistère. Les saisonniers ne font pas partie de la Société.
Si les principes du Familistère et de l’association de coopération sont appréciés par les nouveaux réformateurs sociaux, ils font également l’objet de critiques parfois virulentes.
L’Église s’inquiète de la promiscuité qui règne dans l’immeuble de logements, les commerçants s’insurgent contre les prix pratiqués dans les magasins coopératifs et, bien entendu, les patrons craignent de devoir suivre cet exemple qui diminue fortement les bénéfices tirés des usines sur le dos des ouvriers.
Plus étonnant, les théoriciens du communisme dénoncent une certaine forme de paternalisme qui, selon eux, éloigne les ouvriers de la Révolution. C’est ainsi que Friedrich Engels parle du Familistère comme d’une « expérience socialiste devenue finalement, elle aussi, un simple foyer de l’exploitation ouvrière ».
Malgré ces critiques, on peut considérer que le projet de Godin est une réussite. Il a créé une cité où les habitants se sentent bien tout continuant à travailler. La liberté accordée aux ouvriers notamment en ce qui concerne la gestion de la société communautaire est probablement la clé de cette réussite. En effet, l’expérience de la « Cité Napoléon », première cité ouvrière de Paris qui a ouvert ses portes en 1851 n’a pas connu la même destinée. Les ouvriers peuvent moyennant un loyer profiter d’un logement propre et aéré et avoir accès à des soins médicaux, à une garderie, à des bains et à une buanderie mais les contraintes sont trop nombreuses. Ils doivent notamment respecter un couvre-feu et ne peuvent sortir ou entrer dans les immeubles que sous le contrôle d’un concierge. Cette cité qui devait être la première d’une longue série n’a pas survécu et a été transformée en immeubles d’habitations privées.
Fort de ce succès, Jean-Baptiste Godin ouvre en 1880 un second Familistère à Laeken, près de la succursale belge de ses Fonderies.
Les ouvriers de cette usine accèdent à un statut équivalent à celui de leurs confrères français mais il faut attendre 1887 pour qu’ils puissent s’installer dans les 72 appartements compris dans ce nouveau Familistère.
A la mort de Godin en 1888, l’Association ne s’éteint pas avec lui et continue à engranger des bénéfices grâce à la réputation de la marque de son fondateur.
Les familistères sont toujours occupés par les ouvriers et leurs familles mais des tensions éclatent pour l’attribution des logements. En effet le nombre de salariés des usines a augmenté mais aucun nouveau bâtiment n’a vu le jour. Les logements sont attribués en priorité aux enfants des familistériens ce qui donne naissance à une sorte de clan qui ne veut pas partager ses privilèges. On est loin de la coopération prônée par Godin.
L’Association est finalement dissoute en 1968 alors que l’entreprise devient une Société Anonyme qui est très vite reprise dans le groupe Le Creuset implanté à Fresnoy-le-Grand (Aisne).
Si le groupe conserve l’usine, elle revend les bâtiments du Familistère qui devient une copropriété.
Le Familistère de Bruxelles est également vendu en 1968. Transformé dans un premier temps en bureaux, il a été réhabilité après son classement en 1988 et abrite aujourd’hui une cinquantaine de logements gérés par le Centre Public d’Action Sociale de la Ville de Bruxelles. Il a toutefois été mis en vente en 2018. Un espace Godin situé dans le New Shopping District, Docks Bruxsel, réunit documents et objets illustrant la vie de l’industriel fouriériste.

La visite du Familistère de Guise

L’entretien du Familistère de Guise devenu copropriété laisse à désirer et il se détériore peu à peu lorsque l’ensemble est classé Monument Historique en 1991 et bénéficie d’un plan de réhabilitation baptisé Utopia dans les années 2000.
Ce programme a pour but de créer un lieu culturel et touristique et comprend la restauration du Palais Social et des autres bâtiments.
Si l’aile droite du Palais reste dévolue aux logements, le pavillon central devient un musée et l’aile gauche accueille un hôtel.
Pour arriver à ce résultat, la Société d’équipement du département de l’Aisne a racheté l’ensemble des logements dont les habitants sont devenus les locataires ou bénéficient d’un droit d’usage et d’habitation pour les plus anciens d’entre eux. Devenu propriété publique, le Familistère est entièrement réhabilité.
Les visiteurs peuvent dorénavant découvrir un musée in situ présentant notamment des expositions permanentes et temporaires, des salles de documentation, des ateliers pédagogiques, des spectacles, …
Mais n’oublions pas que ce musée est avant tout un lieu de vie pour ses résidents. Les écoles, le théâtre, les terrains de jeux, les commerces et restaurants… tout fonctionne au quotidien. Les visiteurs côtoient donc les habitants ce qui donne une ambiance bien éloignée de celle des musées traditionnels.

En pratique

Le Familistère de Guise est ouvert toute l’année hormis les lundis entre novembre et février et du 24 décembre au 7 janvier. Il est accessible au public de 10 à 18hr.

Des visites commentées sont organisées :

  • durant les week-ends et les jours fériés ainsi que pendant les vacances scolaires de la zone B à 11hr30, 14hr30 et 16hr00
  • en semaine et en dehors des jours fériés et des vacances scolaires de la zone B à 11hr30 et 15hr00

La visite commentée dure 45 minutes. La visite totale du site dure approximativement 3 heures (y compris la visite commentée). L’accès du site est facilité pour les personnes à mobilité réduite et des dispositifs adaptés aux personnes malentendantes, malvoyantes ou en situation de handicap mental sont mis à la disposition des visiteurs.
Il est possible de se restaurer à prix économique à la Buvette des économats ou de pique-niquer dans le jardin.

Le Familistère de Guise
Place du Familistères
02120 Guise
Tel : 03 23 61 35 36

La visite de la région

En reprenant la route, n’oublie pas de vous arrêter à Guise afin de visiter :

  • Les vestiges du Château-fort construit au 10ème siècle et réaménagé par Vauban.
  • L’église Saint-Pierre et Saint-Paul, un édifice construit au 15ème siècle et restauré en 1931
  • le cimetière militaire de la Première Guerre mondiale de Flavigny-le-Petit

Que manger dans la région ?

Un séjour en Thiérache passe obligatoirement par la découverte de quelques-uns de ses produits de terroir et de ses spécialités culinaires :

  • Le confit d’oignons, une purée d’oignons fondus dans du vinaigre de cidre additionné d’un peu de sucre, accompagne aussi bien les plats de viande que la charcuterie. On le retrouve également dans les tourtes ou dans les soupes.
  • La tarte au Maroilles, ce puissant fromage typique de la Thiérache et de l’Avesnois. On la déguste avec une salade bien relevée.
  • La rabote picarde, un dessert se présentant sous la forme d’une pomme cuite dans une pâte feuilletée, se savoure seule ou avec de la crème Chantilly.
  • La confiture de lait de Picardie, une crème épaisse préparée avec du lait et du sucre et aromatisée au beurre salé, à la vanille, à la noisette, ….
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