Très souvent on associe les monuments mégalithiques à la Bretagne et on oublie que ce phénomène s’est répandu dans de nombreuses autres régions françaises et en règle générale dans toute l’Europe de l’Ouest à partir du 5ème millénaire avant notre ère.
Aujourd’hui, nous vous proposons de découvrir la Cham des Bondons située au cœur du parc national des Cévennes, dans le département de la Lozère.
Un peu d’histoire
La Lozère correspond approximativement à l’ancienne province du Gévaudan qui a été occupée dès le début du Néolithique, vers le 6ème millénaire avant JC.
A cette époque, le climat s’est fortement radouci ce qui bouleverse complètement la vie quotidienne de nos lointains ancêtres. L’apparition de l’agriculture et de l’élevage permet à la sédentarisation de remplacer peu à peu le nomadisme et les premiers villages sortent de terre.
Les hommes apprennent à produire des armes en pierre polie en grande quantité et les tribus développent les premiers échanges commerciaux, troquant par exemple des haches contre des matières premières inexistantes dans leurs contrées. Ils travaillent également le cuivre, le bronze et l’étain.
De nouvelles classes sociales issues de la répartition du travail provoquent une hiérarchisation de la société.
Les rites funéraires se complexifient et on assiste à un phénomène mystérieux, le mégalithisme.
Si la Bretagne est particulièrement prolifique en menhirs, en cairns, en cromlechs et en dolmens, on retrouve ce type de monuments dans une grande partie de l’Europe de l’Ouest. C’est notamment le cas à Stonehenge au Royaume-Uni ou à Goseck, en Allemagne.
La Lozère qui fait partie de l’actuelle région Occitanie est également réputée pour ses sites mégalithiques dont le plus connu est la « Cham des Bondons ».
Un peu de géographie
La commune des Bondons incluse dans l’arrondissement de Florac se situe dans le sud du Massif Central. Ce petit village de moins de 150 habitants doit sa notoriété à son site mégalithique, un impressionnant champ de menhirs.
Il fait partie du Parc national des Cévennes classé réserve de biosphère par l’UNESCO. Malgré un climat de type méditerranéen, la région est connue pour ses pluies abondantes et parfois violentes dues aux « épisodes cévenols » qui peuvent être à l’origine de graves inondations.
Le relief de moyenne montagne de la région se caractérise par ses chams (ou cans), des petits plateaux calcaires ou parfois schisteux qui se situent autour des grandes causses de la Lozère. Autrefois, chams et causses formaient un seul bloc mais les rivières et l’érosion ont provoqué la formation de vallées et donc l’éclatement du bloc en plusieurs morceaux.
Les chams se reconnaissent à leur relief plat et à la végétation pauvre caractéristique des sols calcaires. De temps en temps, l’uniformité du paysage est rompue par de petites collines appelées « puechs » qui semblent veiller sur la région.
La Cham des Bondons
A quelques kilomètres de Florac, un petit village situé au début des gorges du Tarn, les 154 menhirs de la Cham des Bondons occupent un espace approximatif de dix km², à l’aspect lunaire. Seules quelques vaches accueillent les randonneurs et les rares visiteurs qui s’aventurent dans ce lieu sorti d’un monde irréel.
Il est pourtant considéré comme l’un des plus importants sites mégalithiques de France, juste après les alignements de Carnac, dans le Morbihan et le site de Paddaghju en Corse.
Ce plateau se caractérise par la présence de deux petites collines, le Truc des Bondons et le Truc de Miret autrefois appelés respectivement Puech de Mariette et Puech d’Allègre. Il se raconte que ces puechs composés de marne noire ont été formés par la boue tombée des pieds du cheval de Gargantua !
Les menhirs en granit de la Cham des Bondons ont été érigés vraisemblablement durant les âges du Bronze ancien et moyen, entre 3.500 et 1.500 avant JC. Il est cependant vraisemblable que le site était encore occupé aux alentours de 700 avant JC. Cette datation se base notamment sur l’étude de plusieurs tumuli, témoins d’une pratique funéraire consistant à inhumer les défunts dans une fosse et à recouvrir celle-ci d’un monticule de terre et de pierres.
Si les menhirs de Carnac ont été disposés en lignes et semblent suivre un schéma précis, il n’en est rien aux Bondons.
Ici les pierres semblent avoir été déposées en petits groupes ou isolément et ne forment aucun alignement important. Quelques-unes peuvent avoir été à l’origine érigées en cromlechs mais les cercles ne sont pas précis comme on peut notamment l’observer à Stonehenge. Il est cependant probable que les pierres étaient bien plus nombreuses à l’origine et que certaines d’entre elles sont encore enfouies ou ont été réutilisées par des carriers.
C’est en 1940 que les mégalithes des Bondons sont pour la première fois recensés par le Docteur Morel sans pour autant susciter l’intérêt du public ni même de la communauté scientifique. La plupart des menhirs sont couchés et il faut attendre les dernières décennies du 20ème siècle pour qu’une partie des pierres soient redressées. Actuellement près d’une centaine de menhirs ont été relevés.
Tous les mégalithes, menhirs et dolmens de la Cham des Bondons sont en granit alors que le sol est exclusivement calcaire. Il est donc certain que les pierres ont été déplacées parfois sur plusieurs kilomètres avant de trouver leur place.
Il est probable qu’elles proviennent essentiellement d’une carrière située à Fontpadelle. On y a retrouvé plusieurs pierres dont l’extraction a été interrompue pour une raison indéterminée. La distance et la différence de niveaux entre la carrière et le site proprement dit indiquent toute la détermination des hommes qui ont dressé les menhirs aux Bondons.
Les mégalithes des Bondons ont été divisés en plusieurs groupes principaux :
- Les deux groupes de la Fage rassemblent plusieurs dizaines de mégalithes dont la « Pierre des Trois Paroisses », le plus haut des menhirs des Bondons qui, à l’origine, devait mesurer près de 6 mètres de haut. Malheureusement, une partie de ce menhir a été sectionné et emporté par des carriers qui souhaitaient récupérer des matériaux sur le site. Aujourd’hui, elle mesure encore trois mètres et présente des marques laissées par les carriers qui ont tenté de la débiter en plusieurs morceaux.
- Le groupe de la Vaissière parfois appelé groupe de la Fare réunit plus de quarante menhirs de haute taille, certains atteignant les 5 mètres de haut.
Les autres menhirs de la Fare sont de moindre importance et sont isolés ou regroupés par paire. - Le groupe de la Baraque de l’Air comprend des menhirs mesurant moins de deux mètres installés plus ou moins en demi-cercles sur de petites proéminences.
- Le groupe de Colobrières abrite un menhir de 4 mètres de haut situé sur un petit sommet. C’est le seul menhir du groupe a avoir été redressé à l’heure actuelle.
- D’autres menhirs isolés ou en petits groupes sont éparpillés aux alentours.
Comme les autres sites mégalithiques préhistoriques, la Cham des Bondons conserve tout son mystère et de nombreuses tentatives d’interprétation de cette concentration de menhirs ont été proposées. Après avoir écarté les plus loufoques notamment le balisage d’une piste d’atterrissage pour extraterrestres, la théorie d’un rituel religieux ou funéraire peut-être lié à l’observation des astres reste la plus plausible. Les sites mégalithiques étaient donc probablement des lieux sacrés.
La visite
Afin de découvrir toute la richesse géologique et historique du Parc national des Cévennes, l’Écomusée du Mont Lozère propose différents circuits ainsi qu’un musée classique situé au Pont-de-Montvert (ouvert uniquement en juillet et août).
La visite permet aux visiteurs de mieux comprendre les différents aspects naturels et humains de la région.
Nous vous conseillons de commencer la découverte par le musée qui présente l’histoire du Mont Lozère, de la préhistoire à nos jours.
Ce premier contact se prolonge par une randonnée dans la montagne en suivant l’un des dix sentiers thématiques proposés (préhistoire, transhumance, les pelouses alpines, ….)
La balade au Pays des Menhirs conduit tout naturellement au cœur de la préhistoire, à la Cham des Bondons. Ce chemin de 5 kilomètres de long et présentant un dénivelé de près de 200 mètres est entièrement balisé et des fiches explicatives sont mises à la disposition des visiteurs au musée et dans les offices de tourisme. Il est accessible à tous les randonneurs quel que que soit leur niveau d’entraînement.
Les différents sentiers de découverte du Mont Lozère sont à découvrir sur le site Cevennes Mont Lozère.
En visite dans la région
Profitez de votre passage ou de votre séjour en Lozère pour découvrir tout le charme d’une région qui respire la douceur de vivre, loin de la foule des touristes. Les petits villages semblent figés dans le temps et seuls les tintements des cloches et les clapotis des rivières qui s’écoulent paisiblement nous rappellent que ce décor est bien réel.
- En passant par la Vaissière, arrêtez-vous quelques instants devant la stèle érigée en hommage au dévouement des deux sœurs Dupeyron, Marthe et Pierrette, mortes en 1941 parce qu’elles ont bravé la tempête pour ouvrir la classe du hameau.
- La commune de Florac se caractérise par l’omniprésence de l’eau. Le village est en effet bâti à la confluence de quatre cours d’eau, le Tarn, le Tarnon, la Mimente et la source du Pêcher, une résurgence des eaux drainées à la surface du causse Méjean. Cette particularité lui vaut son surnom de « carrefour de la pierre et de l’eau ».
Le château de Florac onstruit au 17ème siècle sur le site de l’ancien château médiéval appartenant à la baronnie d’Anduze abrite aujourd’hui le siège du Parc national des Cévennes après avoir servi successivement de grenier à sel et de prison après la Révolution française.
Que manger dans la région ?
Et parce que les visites et les randonnées ouvrent l’appétit, nous vous invitons à déguster quelques spécialités de la Lozère :
- La pouteille, un plat à base de pieds de porc, de bœuf, de pommes de terre et d’oignons, le tout mijoté dans du vin rouge et, parfois, flambé à l’eau-de-vie.
- Le manoul, une panse de mouton farcie de tripes, de lard et de pied d’agneau ou de mouton et cuite pendant douze heures dans du vin blanc en compagnie d’oignons et de carottes. Il était autrefois dégusté … au petit-déjeuner !
- La fougasse aux fritons, un pain plat enrichi aux lardons de porc récupérés après la fabrication du saindoux.
- La saucisse sèche d’Anduze parfois appelée rayolette est composée uniquement de viandes de porc.
- Le croquant de Mende, un biscuit sec aux amandes et aux noisettes
Je m’intéresse à la toponymie depuis long temps et cela m’a amené aux mégalithes. Le Cham de Bondons ne se trouve pas dans un endroit propice à l’agriculture ni à l’implantation d’une agglomération. Les raisons de sa construction se trouver ailleurs. Je savais depuis 2008 qu’il existait quelque part mais je l’ai cherché du côté de Saint Germain du Teil. Ce n’est que dernièrement par un article dans une revue que j’ai eu connaissance de son emplacement.