Lion en captivité dans un zoo - ©barett71 CC0 Creative Commons

Les ménageries, ancêtres de nos parcs zoologiques

La visite de parcs zoologiques reste l’une des principales sorties scolaires ou familiales. Elle permet de découvrir des animaux exotiques évoluant, la plupart du temps, dans leur environnement naturel reconstitué.

Si, de nos jours, le bien-être de ces animaux est devenu une priorité pour les grands parcs de France comme le ZooParc de Beauval, le zoo de La Palmyre, le zoo d’Amnéville ou encore le parc de Thoiry, cela n’a pas toujours été le cas.

Aujourd’hui, nous vous proposons de découvrir l’histoire des ménageries, lointaines aïeules de nos zoos actuels.

Un peu d’histoire

L’Antiquité

Les animaux sauvages fascinent les hommes depuis l’Antiquité. Dès cette époque, ils sont capturés vivants et utilisés, certains pour les spectacles et jeux du cirque, d’autres pour prouver la puissance des souverains.

Ils deviennent même parfois des armes de guerre. Nous connaissons tous l’épisode des Guerres Puniques, lorsque les éléphants d’Hannibal, général carthaginois, traversent les Alpes en 218 avant notre ère afin de semer le trouble dans les rangs des légions romaines… une stratégie que si révélera peu efficace puisque la majorité de ces animaux périssent de froid ou durant les combats.

Durant l’Antiquité, les animaux non domestiques acquièrent donc une nouvelle importance. Ils ne sont plus uniquement de la « nourriture » mais deviennent des bêtes de combat et des curiosités. Ils sont utilisés dans les arènes et à la guerre ou sont apprivoisés tant bien que mal pour impressionner les invités. Des serpents sont même déposés sur les tables des convives à Rome.

On ne parle pas encore de « ménagerie », un terme qui n’apparaît pas avant le 16ème siècle, mais les animaux ont déjà leurs « maisons » sous formes de cages, de fosses ou de bassins selon les espèces.

Les Égyptiens

De nombreux animaux font partie du panthéon égyptien. On compte en effet une trentaine d’espèces  sacrées et vénérées dans certaines villes ou régions, comme les singes, les lions, les crocodiles, les loups, les scarabées et les hippopotames sans oublier différents oiseaux dont l’ibis, le vautour et l’aigle. De plus, les Égyptiens utilisent des animaux sauvages, notamment des guépards, des léopards et des hyènes pour combattre ou pour chasser.

Dès cette époque, ces animaux sauvages plus ou moins apprivoisés et respectés sont installés dans des parcs surveillés par des gardiens.

Dans son « Histoire des Ménageries », Gustave Loisel, un zoologiste du début du 20ème siècle affirme que le tout premier « jardin d’acclimatation » serait un parc fondé par Hatasou ou Hatshepsout, fille de Thoutmosis 1er et femme de son demi-frère Thoutmosis II.

La reine est en effet l’instigatrice d’une vaste expédition qui a eu lieu au  15ème siècle avant notre ère vers le « Pays de Pount » ce qui correspond probablement aux bords de la mer Rouge.

De ce périple, les Égyptiens rapportent de nombreuses richesses mais également des plantes et des animaux inconnus qu’on peut découvrir sur les bas-reliefs du temple de Hatshepsout à Deir el-Bahari, complexe funéraire situé en face de Louxor.

Les arbres sont plantés le long de son temple et les animaux retrouvent une semi-liberté dans le palais et dans les jardins.

On voit  une reine de la XVIIIème dynastie, Hatasou, la glorieuse fille et sœur des Thoutmès, envoyer cinq vaisseaux aux « Échelles de l’encens », le pays des Somalis, pour y prendre des aromates, de la myrrhe, de l’encens, de l’ébène, de l’ivoire, de l’or et autres choses précieuses que réclamait Amon. L’expédition eut un plein succès ; elle revint, rapportant à Thèbes, non seulement tout ce qui était nécessaire aux temples, mais encore quantité d’animaux d’espèces  nouvelles inconnues en Égypte (…), enfin des plantes et des fruits dont trente et un arbres à encens (…). La reine ordonna de faire planter les arbres sur les larges terrasses et le long de la façade extérieure du temple (…). Quant aux animaux, ils furent mis dans le palais ou parqués à l’ombre de ces arbres (…). Et c’est ainsi qu’apparaît dans l’histoire, il y a environ 3.400 ans, le premier « Jardin d’Acclimatation » connu ; les Égyptiens, déjà conscients des harmonies de la nature, l’avaient placé sous la protection du dieu Soleil, et ils l’appelaient le « Jardin d’Amon ».

Assyriens, Hébreux, Babyloniens et Perses ont également vénéré des animaux comme en témoignent les nombreuses représentations de lions, serpents, taureaux, … ornant les temples.

Lorsque Alexandre-le-Grand s’empare de Babylone, au 4ème siècle avant JC, il reçoit de nombreux animaux de la part des vaincus, notamment des panthères utilisées lors des chasses.

C’est probablement cette abondance d’animaux qui lui donne l’envie de mieux les connaître. Pour la première fois dans l’histoire, des expéditions à but scientifique sont menées sur l’ensemble des terres connues afin de recenser et d’étudier toutes les espèces, depuis les insectes jusqu’aux mammifères en passant par les poissons et les oiseaux.

Les Grecs

A la différence des autres peuples de l’Antiquité, les Grecs ne semblent pas avoir tenu en captivité de grands animaux sauvages même si bon nombre d’entre eux font partie de leur mythologie.

Les prêtres utilisent toutefois certains d’entre eux, principalement des serpents, pour impressionner les fidèles. Les femmes aiment également élever dans les patios de leurs demeures des oiseaux ou des petits mammifères.

Paradoxalement, ce sont les moines-mendiants grecs ou Agyrtes et plus particulièrement les Galles, prêtres de Cybèle, qui vont partir sur les chemins et se donner en spectacle en compagnie d’animaux sauvages afin de répandre leurs croyances. Cette pratique est à l’origine des ménageries itinérantes.

Les Romains

En revanche, les Romains sont de grands « collectionneurs » d’animaux qu’ils gardent pour leur agrément, pour amuser leurs hôtes, pour les étudier ou pour les dessiner, les peindre ou les sculpter.

Dès la fondation de Rome, les animaux font partie du quotidien. Ils sont vénérés dans les temples, deviennent des présents offerts par un amant ou ornent les enseignes des légions. Les serpents sont omniprésents. Apprivoisés, ils se portent autour du cou ou du bras et s’invitent aux banquets.

Les Romains, très superstitieux, ont également pour habitude d’observer les animaux sacrés afin de déterminer si leur comportement est de bon ou mauvais augure. Leur mort est souvent considérée comme un drame et ils ont droit à des funérailles mémorables.

Ils élèvent également des abeilles pour leur miel ou des loirs, des canards, des escargots, … pour leur alimentation.

Un tournant s’amorce au début de notre ère. Les patriciens construisent dorénavant de splendides volières d’agrément. On peut s’y reposer et même prendre des repas dans de petits pavillons construits à l’intérieur de la volière. Ils enseignent également quelques mots voire des phrases entières aux corbeaux, corneilles, pies, rossignols, perruches et geais ce qui augmente considérablement leur valeur marchande. Les oiseaux parleurs mais également chanteurs sont enfermés dans des cages ou des volières luxueuses et deviennent des cadeaux très appréciés.

Les poissons, mollusques et crustacés ne sont pas moins bien lotis que les oiseaux et chaque villa possède son bassin ou son aquarium d’eau douce ou d’eau de mer creusés dans l’atrium ou le péristyle. Les propriétaires les plus riches se plaisent même à se promener en barque au milieu de leurs poissons.

Ces petits animaux plus ou moins domestiqués cèdent la place aux bêtes féroces, lions, tigres, ours, … sous l’Empire. A cette époque, les riches patriciens font construire des « maisons secondaires » loin de Rome. Les fouilles de ces villae ont permis de découvrir les vestiges de volières mais également de véritables parcs animaliers appelés « léporarium » ou « theriotropheion » installés en général dans des bois appartenant au domaine.

Ces espaces qui couvrent souvent plusieurs dizaines d’hectares servent probablement de réserves à gibier.
Ils sont divisés en plusieurs secteurs afin de séparer les mâles et les femelles qui ne sont réunis que pendant la période de reproduction.

Parallèlement, les montreurs de bêtes féroces qui ne sont dorénavant plus des prêtres se produisent dans les villes et villages pour gagner leur vie.

Plus atroce, les Romains prennent l’habitude d’offrir des animaux sauvages voire des éléphants de guerre pris à l’ennemi au peuple qui prend plaisir à les tuer. Parfois, ce sont les soldats déserteurs, les criminels ou les conspirateurs qui sont jetés en pâture aux lions ou aux panthères pour divertir un public enthousiaste.

De nombreux chrétiens sont également les victimes de ces exécutions. Il semble cependant que certains suppliciés ont été épargnés par les animaux.

Les spectacles de « venationes » (chasses) et de combats d’animaux deviennent réguliers dans toute la péninsule italienne. Chaque avènement, chaque grande victoire militaire est fêté de cette manière.
Cette habitude a pour conséquence la construction d’amphithéâtres toujours plus grands, plus somptueux, plus nombreux et équipés de cages, de barrières et de trappes pour les animaux.
Il se dit que pour la seule célébration de la victoire de Trajan en Dacie, 11.000 bêtes sont tuées par les « venatores ».
Petit à petit, ces exhibitions s’étendent au domaine privé et les Romains les plus aisés achètent des animaux afin de divertir leurs invités à l’occasion d’un mariage, d’une naissance, ….

Les gouverneurs des colonies sont dès lors sollicités afin de fournir les animaux destinés aux spectacles. Si l’empereur et les personnalités les plus importantes les reçoivent en cadeau, les particuliers dépensent parfois de fortes sommes pour acheter un ours, un crocodile, un lion, …
Un véritable commerce prend naissance à Rome et les animaux capturés sont « stockés » dans des cages ou dans des enclos voire simplement enchaînés avant d’être vendus.
Les empereurs romains entretiennent leurs propres ménageries, vastes étendues permettant à plusieurs centaines voire milliers d’animaux de vivre en semi-liberté en attendant d’être sélectionnés pour les prochains jeux de cirque.
Ils aiment également garder près d’eux quelque bête féroce qu’ils affectionnent tout particulièrement. Ces « privilégiés » sont toilettés, parés de bijoux et nourris bien mieux que les esclaves qui doivent s’en occuper.

L’entretien des ménageries et les soins aux animaux sont assurés par des gardiens et des médecins tandis que des dresseurs formés dans des écoles s’occupent de dompter et d’entraîner les bêtes qui prennent part aux jeux, aux chasses et combats de gladiateurs. Ces derniers appelés bestiaires lorsqu’ils combattent des animaux sont des professionnels bien entraînés et ont chacun leurs spécialités. Ils sont souvent protégés par des armures et peuvent utiliser des armes contre les animaux.

Pline nous explique en quelques mots la raison d’être de ces jeux :

Ce ne sont pas des spectacles efféminés, bons seulement pour énerver et amollir les âmes ; ce sont des spectacles essentiellement propres à enflammer le courage, par le mépris des blessures glorieuses et de la mort, en montrant aux homme que l’amour de la gloire et le désir de vaincre peuvent se loger jusque dans les corps d’esclaves et de criminels.

Prémices de nos parcs zoologiques, les grandes ménageries sont accessibles au public qui se presse de venir admirer ces animaux étranges venus de contrées qu’il ne connaît pas. Des artistes animaliers et des scientifiques viennent également étudier ces spécimens.

Au 4ème siècle de notre ère, la passion des Romains pour les jeux de cirque diminue. Les raisons de ce déclin sont nombreuses. A cette époque, l’empire a déjà perdu de sa puissance suite aux nombreux complots pour le pouvoir conduisant aux guerres civiles. De plus, les peuples germaniques profitant de cet affaiblissement franchissent régulièrement les frontières gauloises afin d’effectuer des raids sur les territoires de moins en moins protégés par les légions.

Le christianisme défavorable à ces jeux cruels se répand également et si les premiers chrétiens sont condamnés à être tués dans l’arène, l’empereur Constantin accorde la liberté de culte en 313 suite à la promulgation de l’ « Édit de Milan ». C’est également lui qui interdit les jeux sanglants et la profession de gladiateurs.

Si ces décisions sont remises en question et bafouées par ses successeurs, les jeux de cirque et par conséquent les grandes ménageries romaines disparaissent totalement à la fin du 5ème siècle avec la chute de l’empire romain d’Occident. En revanche, la mode se poursuit encore pendant plusieurs siècles dans l’empire d’Orient et tout particulièrement à Constantinople.

Le Moyen-Âge

Les Européens se désintéressent pendant un long moment des animaux sauvages. Il faut attendre le 8ème siècle pour que des ménageries soient à nouveau mentionnées dans nos contrées.

Charlemagne, roi des Francs et Empereur d’Occident de 768 à 814, possède des éléphants, des lions, des chameaux et divers oiseaux exotiques répartis dans les ménageries de ses résidences d’Aix-la-Chapelle, de Nimègue et d’Ingleheim. La plupart de ces animaux sont des présents offerts par des souverains africains ou asiatiques comme le célèbre éléphant albinos baptisé Abul-Abbas envoyé par le calife de la dynastie des Abbassides, Hâroun ar-Rachîd.

Les animaux sauvages ne sont dorénavant plus des bêtes de combat mais bien des curiosités collectionnées par les souverains.

Les rois d’Angleterre et surtout les empereurs germaniques possèdent des ménageries permanentes dès le 12ème siècle, les uns dans la Tour de Londres, les autres en Italie.

C’est Guillaume-le-Conquérant, duc de Normandie et roi d’Angleterre, et ses barons normands qui perpétuent la coutume anglaise de garder des petits animaux de ferme dans un but ludique. Le souverain installe alors quelques animaux sauvages dans le parc de son château de Woodstock, une habitude conservée par ses successeurs.
La ménagerie royale est ensuite transférée dans la Tour de Londres.
Mais c’est dans le sud de la péninsule italienne que les grandes ménageries européennes renaissent, six cent ans après leur quasi disparition.

Frédéric II de Hohenstaufen, empereur du Saint-Empire mais également roi de Sicile est passionné par les animaux et plus particulièrement par les oiseaux de chasse. Il écrit même pour son jeune fils un traité en six volumes publié en 1240 et intitulé « De arte venandi cum avibus » (De l’art de chasser avec des oiseaux).

Il possède plusieurs ménageries dans ses différentes résidences et n’hésite pas à se déplacer en compagnie de bêtes sauvages, lions, panthères, singes, chameaux, … lorsqu’il s’agit de montrer toute sa puissance.

Il est particulièrement fier de ses léoparderies. La coutume de posséder des animaux dressés se répand dans toute l’Italie ce qui ne va pas sans accident qui coûte parfois la vie à leurs propriétaires.

Des lions sont tenus en captivité dans une fosse située au pied du Capitole de Rome jusqu’au début du 15ème siècle. A Florence, ce sont également des lions qui sont les fleurons de la ménagerie de la ville. Fait rare, ces lions se reproduisent et les petits lionceaux deviennent des présents récompensant le dévouement des « condottieres » ou la fidélité des alliés des Florentins.

Les autres cours européennes et même les évêchés possèdent également leurs ménageries constituées principalement d’ours, probablement à partir du 14ème siècle.  C’est notamment le cas en Hollande, en Belgique et en France.

Les ménageries en France

 Le Moyen-Âge

La mode des ménageries n’atteint la France qu’au début du 14ème siècle.
Les papes élisent résidence à Avignon, en 1309 et y fondent une ménagerie de lions qui reste sur place et est entretenue jusqu’au 16ème siècle, bien après le retour de la papauté à Rome.

Mais remontons le temps pour nous arrêter au 1er siècle avant JC, lorsque Jules César poussé par son ambition envahit les territoires celtiques, ce qu’il appelle les « Gaules ».
Après une guerre menée en quelques années, les Gaules sont intégrées dans des provinces romaines et bénéficient de la Pax Romana.
C’est à cette époque que les cités gallo-romaines sont construites soit en lieu et place des anciens oppida celtiques soit ex nihilo. Ces villes sont dotées des traditionnels monuments romains dont les amphithéâtres utilisés pour accueillir notamment les combats d’animaux.
Paradoxalement, ces jeux se poursuivent plus tardivement en Gaule qu’à Rome et on assiste à des combats à mort impliquant des animaux mais également des hommes sous les règnes des Mérovingiens.

Comme nous l’avons vu, Charlemagne possède une ménagerie mais sous son règne,  l’époque des jeux sanglants est révolue.

Les seigneurs et les évêques possèdent des volières et des enclos abritant des oiseaux et des animaux dressés pour la chasse, faucons ou léopards, qui est bien souvent leur principal loisir. Des ours sont également dressés pour accomplir quelques tâches domestiques.

Pendant longtemps, les rois de France entretiennent une ménagerie ambulante. N’oublions pas qu’à cette époque, la cour royale n’est pas fixe mais itinérante et qu’il faut attendre le 13ème siècle pour que Paris devienne la capitale permanente du royaume, sous le règne de Philippe-Auguste. Auparavant, elle n’est qu’une résidence royale parmi d’autres.

Au siècle suivant, Philippe VI fait l’acquisition d’une grange située à côté du jardin du Louvre, une ancienne forteresse qu’il choisit comme résidence. Il transforme la grange afin d’en faire son « Hôtel des lions du Roi » jouxtant une vaste volière appelée « chambre aux oiseaux ».

Parallèlement, le château de Vincennes accueille lui aussi une ménagerie comprenant des cerfs et des daims et une volière composée principalement de rossignols et de cigognes.

Charles V fait l’acquisition, dans les années 1360, de plusieurs propriétés situées dans le quartier du Marais afin de les réunir et de les transformer en résidence royale baptisée « Hôtel Saint-Pol ». Il aménage plusieurs volières et bassins dans les jardins et y fait également transférer les animaux encore installés au Louvre.

Plus tard, cette ménagerie est alimentée par les dons venus des quatre coins du royaume dans l’espoir de sortir Charles VI de la folie dans laquelle il sombre doucement alors qu’il n’est âgé que de 24 ans.

Délaissé en 1422, à la mort de Charles VI, l’hôtel est divisé et vendu en plusieurs lots sous le règne de François 1er. La ménagerie et l’hôtel des lions ne sont plus mentionnés  dès la fin du 15ème siècle.

A l’instar des rois, la noblesse de France entretient également de nombreuses ménageries et volières dans les duchés et comtés du pays. Cette mode gagne ensuite la bourgeoisie qui se doit elle aussi de posséder des animaux dans leurs riches demeures.

A l’extérieur de Paris, dans les grands domaines, les parcs à gibier sont omniprésents tandis que les ménageries ambulantes, les montreurs d’ours ou de singes ont toujours autant de succès dans les rues de la capitale.

La Renaissance

La Renaissance apparaît en Italie au 15ème siècle.

Ce mouvement à la fois artistique, philosophique et scientifique se caractérise par le retour de l’attrait pour l’Antiquité et par un net recul de l’influence de l’Église dans le domaine politique. Il va de pair avec l’apparition de l’humanisme et la Réforme protestante.

Or, à cette époque, les ménageries orientales sont florissantes et connues pour alimenter régulièrement l’Occident en animaux exotiques et rares. Rivalisant entre elles pour étaler leur puissance et leur richesse, les grandes villes italiennes comme Florence, Venise, Gênes ou encore Pise possèdent de nombreux comptoirs en Orient ce qui leur permet de s’enrichir grâce à la vente des « trésors d’Orient ».

Il n’est donc pas étonnant que le commerce des animaux sauvages passe également par elles et que de nombreux parcs animaliers voient le jour dans la péninsule.

Florence en particulier s’enorgueillit de posséder une luxueuse ménagerie.

Des jeux « à la romaine » sont organisés dans la ville et l’on dit que Cosme l’Ancien, fondateur de la dynastie florentine des Médicis, possède plus de 20 lions. Les combats d’animaux connaissent un regain d’intérêt.

Les autres villes italiennes et même le Vatican ne tardent pas à suivre l’exemple de Florence et à élever loups, aigles, éléphants, girafes, tigres …. qui deviennent les symboles de leur opulence. Ils vivent en semi-liberté dans les jardins voire à l’intérieur des palais.

Plus étrange, certaines cours font même « collection » d’êtres humains de races étrangères et font venir des Indiens, des Nubiens, des Mongols… qui suscitent la curiosité au même titre que les animaux.

Au 16ème siècle, des scientifiques étudient les animaux y compris les insectes qui n’avaient jusque-là pas vraiment attiré l’attention.

La mode des ménageries se répand durant la Renaissance en Angleterre, au Portugal et en Espagne mais dans une moindre mesure. On sait notamment que Charles-Quint a une petite guenon apprivoisée ou encore que les rois prennent plaisir à voir des animaux féroces s’entre-tuer.

Lorsque la Renaissance atteint la France au 16ème siècle, des petites ménageries sont déjà présentes sur son territoire mais elles n’ont rien de comparables avec les italiennes. Tout au plus sont elles mentionnées par les voyageurs.

Versailles

C’est sous le règne de Louis XIV que les premières grandes ménageries royales françaises voient le jour.

Le Roi-Soleil en fait en effet aménager deux, une à Vincennes et l’autre à Versailles.

La ménagerie de Vincennes est en réalité une réserve d’animaux sauvages destinés aux combats jusqu’en 1700 mais il en va tout autrement à Versailles.

Rappelons que Louis XIV qui apprécie chasser dans les forêts de Versailles décide au début des années 1660 de transformer le modeste pavillon de chasse de son père en un splendide château. Celui-ci doit non seulement lui permettre de profiter du confort digne de son statut et de donner des fêtes mémorables mais également d’impressionner ses visiteurs et de leur rappeler la puissance de la France.

Non seulement, le souverain fait bâtir un château prestigieux qui accueille la cour dès 1682 mais il confie également l’aménagement des jardins et des pièces d’eau à André Le Nôtre.

Le parc abrite plusieurs bâtiments dont la « Ménagerie royale » édifiée entre 1663 et 1668 donc au tout début du chantier. A cette époque, le creusement du Grand Canal n’est pas encore réalisé mais son tracé est déjà défini. La ménagerie dessinée par l’architecte Louis Le Vau est édifiée au sud de ce bassin.

Le bâtiment principal de forme octogonale et de style baroque est entouré d’une cour desservant sept autres cours closes et destinées à accueillir les animaux. Un balcon courant le long du premier étage permet aux visiteurs d’avoir une vue plongeante sur les animaux exotiques.

Cette fois-ci, il n’est plus question d’élever des bêtes féroces et de les regarder se battre. La ménagerie de Versailles est un lieu paisible, un but de promenade apprécié par les courtisans et les invités, une curiosité pour les scientifiques, une source d’inspiration pour les peintres et sculpteurs animaliers.

C’est à son ministre Jean-Baptiste Colbert que Louis XIV confie la mission d’acheter les animaux par l’intermédiaire de la Compagnie française des Indes orientales. Plus de quarante voyages sont nécessaires pour réunir la collection à laquelle s’ajoutent les derniers pensionnaires de Vincennes. Il faut dire que de nombreux animaux meurent bien avant leur arrivée en France.

A de nombreuses occasions, le roi reçoit des animaux rares en guise de cadeaux de la part des puissances étrangères.

La ménagerie baroque de Versailles fait bien des envieux et de nombreux souverains et aristocrates européens s’empressent de l’imiter.

Mais bientôt les animaux sauvages ne connaissent plus le même attrait. Louis XIV, probablement blasé, fait réaménager la ménagerie par Jules Hardouin-Mansart à la fin du 17ème siècle. Il en fait cadeau à la toute jeune Marie-Adélaïde de Savoie devenue dauphine de France par son mariage avec Louis de France. En effet, le roi est conquis par l’épouse de son petit-fils. Elle égaie l’austère Versailles par sa fraîcheur et sa bonne humeur et parvient même à se faire appréciée par Madame de Maintenon, favorite et ensuite épouse secrète de Louis XIV.

Lorsqu’elle arrive à la cour, elle n’est encore qu’une enfant âgée de douze ans à peine. La ménagerie qui lui appartient désormais l’émerveille et elle transforme le lieu en un espace agréable où elle passe ses après-midis en compagnie de ses suivantes. De nouveaux bâtiments sont construits et Marie-Adélaïde peut « jouer » dans la petite ferme ou se reposer dans les jardins d’agrément qui l’entoure.

Malheureusement, la jeune femme destinée à devenir une reine remarquable décède de la rougeole à l’âge de 27 ans, en 1712, en même temps que son époux et son fils, Louis de France, duc de Bretagne. C’est son plus jeune fils, Louis de France, duc d’Anjou qui succédera à Louis XIV sous le nom de Louis XV, trois ans plus tard.

Après le décès de Marie-Adélaïde, la ménagerie de Versailles est délaissée même si quelques animaux sauvages y sont amenés pour le petit Louis XV devenu roi à l’âge de cinq ans. Celui-ci n’éprouve aucun intérêt pour ce bâtiment si cher au cœur de sa mère et va par la suite construire sa propre ménagerie.

Au milieu du 18ème siècle, la splendide ménagerie royale de Versailles n’est plus que ruines dans lesquelles se promènent quelques rares animaux.

La Révolution accélère son déclin, les animaux sont envoyés au Muséum national d’histoire naturelle et la ménagerie disparaît.

Revenons une nouvelle fois quelques années en arrière pour découvrir que ce sont les Anglais et plus particulièrement le roi George II de Grande-Bretagne qui sont les premiers à faire payer l’entrée pour visiter la ménagerie de la Tour de Londres, en 1754.

Le 19ème siècle

Si les souverains et les princes se lassent des animaux exotiques dès le 18ème siècle, il n’en est pas de même pour la bourgeoisie et, dans un second temps, pour les classes moins favorisées.

C’est pour cette raison que les ménageries royales cèdent la place aux jardins zoologiques.

Plusieurs souverains cèdent leurs animaux à ces zoos ou ouvrent les portes de leur ménagerie au public. C’est notamment le cas du jardin zoologique de Schönbrunn fondé en 1752, devenu public en 1779 et toujours en activité à l’heure actuelle.

Les cirques continuent cependant à présenter des spectacles de combats d’animaux.

A Paris, la Ménagerie du Jardin des Plantes située dans le 5ème arrondissement a été créé en 1794 par le botaniste et professeur de zoologie au Muséum d’histoire naturelle, Jacques Bernardin Henri de Saint-Pierre afin d’y recueillir les animaux survivants des ménageries de Versailles et du château de Raincy ainsi que les animaux exhibés par les forains dans les rues de Paris.

La visite

Cette ménagerie publique est encore en activité et se visite tout au long de l’année :

  • du lundi au samedi de 9 à 18hr
  • le dimanche et les jours fériés de 9 à 18hr30

Elle est en grande partie accessible aux personnes à mobilité réduite mais la présence d’un accompagnateur est conseillé.

Le zoo du Jardin des plantes a plusieurs accès :

  • rue Cuvier
  • rue Buffon
  • rue Geoffroy Saint-Hilaire
  • Place Valhubert

Adresse officielle :
57 rue Cuvier, 75005 Paris
Tel : 01 40 79 56 01 ou 01 40 79 54 79
Mail : valhuber@mnhn.fr

Et maintenant ?

A l’heure actuelle, les animaux sont de plus en plus protégés par des lois visant à préserver les espèces en voie de disparition mais également à garantir le bien-être des animaux domestiques ou en captivité.

La prise de conscience de la destruction de nombreux écosystèmes et donc du milieu naturel des animaux sauvages est à l’origine de la transformation de la plupart des jardins zoologiques en centres de conservation des espèces.

Des programmes comprenant l’élevage et la réintroduction d’espèces en danger d’extinction ont été élaborés dans les zoos devenus des structures indispensables dans le cadre de la protection de l’environnement.

Les cages ont été abandonnées au profit de vastes espaces  permettant de recréer l’habitat naturel des grands animaux et la plupart des zoos ont accepté de ne présenter que des animaux nés en captivité et non capturés dans leur région d’origine.

Parallèlement, la détention d’animaux sauvages dans les cirques est à présent totalement interdite dans une trentaine de pays dont la Belgique, la Grande-Bretagne et l’Irlande. En France, les conditions de détention et d’utilisation des animaux non domestiques ont été fixées par Arrêté en 2011. Néanmoins, certaines communes ont décidé d’interdire les cirques avec animaux sur leur territoire.

Des mesures ont également été prises dans certains pays afin de protéger les animaux domestiques contre les mauvais traitements. Les propriétaires négligents voire tortionnaires écopent désormais de lourdes amendes et de peines de prison.

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