Château de Cheverny - ©Leonardo1982 CC0 Creative Commons

Sur la piste de Tintin à Cheverny

Si vous visitez le château de Cheverny, dans le Loir-et-Cher, vous aurez peut-être l’impression qu’il vous est familier.
En effet, cette belle demeure du 17ème siècle a inspiré le dessinateur belge Hergé lorsqu’il a dessiné le « château de Moulinsart », propriété du Capitaine Haddock, fidèle ami du reporter Tintin.
Vous pouvez désormais découvrir ou redécouvrir différents décors des bandes dessinées reconstitués dans les anciens greniers à fourrage du château de Cheverny.

Un peu d’histoire

De Cheverny …

Vers le milieu du 14ème siècle, les terres de Cheverny sont vendues par Henri le Mareschau à Jean Hurault issu d’une importante famille de Blois. Ses descendants étendent ce petit domaine.

Un premier château est édifié en 1510 par Raoul Hurault qui veut ainsi montrer toute la puissance de sa famille. Il obtient l’autorisation du roi de le doter de fortifications. La cour s’installe régulièrement entre les murs de cette imposante bâtisse dont il ne subsiste que de maigres vestiges.

La famille connaît des revers de fortune et est contrainte de se séparer du château qui devient propriété de Pierre de Ruthie, un gentilhomme de la maison du Roy en 1537.
Il le lègue à son neveu Bernard de Ruthie, conseiller et aumônier du roi et abbé de Pontlevoy en 1542.
L’abbé revend le château et ses terres à Diane de Poitiers, concubine du roi Henri II ;
La famille Hurault conteste cependant l’aliénation de ses biens, arguant que la vente à Pierre de Ruthie n’a pas respecté les droits des enfants de Raoul Hurault (décédé en 1528) et de Marie de Beaune puisqu’ils étaient mineurs au moment de l’acte.
Diane de Poitiers est donc obligée de rendre le domaine à Philippe Hurault contre la somme de 35.000 livres.
En 1577, la seigneurie obtient le statut de vicomté et devient un comté, cinq ans plus tard.
Familier du couple royal, Henri II et Catherine de Médicis, Philippe est nommé chancelier de France.
Jugé trop proche de la Sainte-Ligue catholique, il est désavoué par leur fils, Henri III, avant de retrouver la fonction de garde des sceaux sous Henri IV.

Un scénario vaudevillesque

Le fils de Philippe, Henri Hurault, né en 1575 devient comte de Cheverny en 1596. Il installe son épouse Françoise Chabot au château mais la délaisse car il préfère suivre la cour du roi dont il est conseiller. La jeune femme se sentant abandonnée trompe son ennui – et son mari – en prenant des amants. La rumeur de son infidélité parvient aux oreilles du roi qui se moque de l’époux cocufié pour le plus grand amusement des courtisans.
Ne supportant pas être l’objet de railleries, Henri regagne Cheverny afin de surprendre son épouse. Un page s’enfuit de la chambre conjugale par la fenêtre et se casse une jambe. Le mari trompé le tue d’un coup d’épée et donne une fiole de poison à son épouse qu’elle avale sans protester.
Le roi ne laisse pas ces crimes impunis et oblige le comte tombé en disgrâce à résider sur ses terres.

Henri Hurault épouse très rapidement Marguerite Gaillard de la Morinière en secondes noces. Il reste en sa compagnie pendant trois ans avant d’être rappelé par le roi. Il n’hésite pas à abandonner sa femme.
Cultivée et possédant un caractère bien trempé, Marguerite profite de l’absence de son époux pour édifier un nouveau château en lieu et place de la forteresse à l’allure médiévale qui est presque entièrement rasée.
Elle fait venir architectes et artistes de renom qui entament le chantier vers 1630. Le château de style classique et les jardins sont achevés vers 1634. La comtesse décède l’année suivante et son époux finit sa vie au château où il s’éteint en 1648.
Cheverny est légué aux deux enfants survivants du couple, la marquise Élisabeth de Montglas et la marquise Anne-Marguerite d’Aumont. Cette dernière cède ses parts à sa sœur qui poursuit l’aménagement de la demeure où elle donne de somptueuses fêtes et accueille des invités prestigieux dont son amie Anne-Marie Louise d’Orléans, la Grande Demoiselle.
A sa mort, Cheverny passe entre les mains de nombreux propriétaires. Il échappe au pillage durant la Révolution.
En 1825, il devient la propriété d’un descendant de la famille Hurault lorsque le colonel et aide de camp de Charles X, le marquis Anne Victor Denis Hurault de Vibraye en fait l’acquisition.

Aujourd’hui encore, le château de Cheverny appartient et est habité par la famille de Vibraye qui a ouvert ses portes au public depuis 1922.

… à Moulinsart

Georges Remi dit Hergé

Le 22 mai 1907, Georges Remi naît à Etterbeek (Bruxelles). Le jeune garçon est très vite attiré par le dessin et ses premières « œuvres » paraissent dans la revue de la troupe scoute du collège Saint-Boniface alors qu’il n’a que 14 ans. Deux ans plus tard, ses croquis illustrent le « Boy-scout belge », le périodique des scouts de Belgique.

Dès 1924, Georges Remi utilise ses initiales comme pseudonyme et signe dorénavant ses dessins du nom de « Hergé ».
Il n’a pas encore 20 ans lorsqu’il crée le personnage de Totor, le CP (Chef de Patrouille) des Hannetons. Culottes courtes, petite houppe sur la tête… sa silhouette évoque déjà Tintin.

Après avoir effectué son service militaire, en 1928, Hergé devient rédacteur en chef au « Petit Vingtième », un supplément destiné à la jeunesse qui paraît une fois par semaine dans le quotidien belge « Le Vingtième Siècle ».

L’année suivante, Hergé crée un reporter imaginaire voyageant à travers le monde en compagnie d’un petit chien blanc… c’est la naissance de Tintin et Milou.

Si ces personnages sont devenus célèbres dans le monde entier, les aventures de Tintin sont en effet traduites dans plus de 90 langues nationales ou régionales, les enfants belges se souviennent également des autres albums de Hergé.
Ils se sont en effet plongés avec bonheur dans les histoires de Quick et Flupke, deux gamins délurés de Bruxelles ou de Jo, Zette et Jockosans oublier les aventures de « Popol et Virginie au pays des Lapinos ».

Les albums de Hergé sont publiés par la maison d’édition Casterman dès 1934 mais les pérégrinations de Tintin paraissent en primeur dans le Petit Vingtième attendu chaque jeudi avec impatience par les enfants.
Au total, 599 fascicules paraissent en un peu moins de 12 années.

Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate et que la Belgique est envahie par les Allemands en mai 1940, le quotidien et son supplément disparaissent de la scène.
Pendant la guerre, Hergé travaille pour le journal « Le Soir » qui a obtenu la permission de paraître sous le contrôle de l’occupant. Après la libération de la Belgique, on reproche à Hergé d’avoir participé à ce quotidien accusé de « collaboration » avec l’ennemi. Il est interdit de publication par le haut-commandement des forces alliées en Belgique.

En septembre 1946, le premier numéro de l’hebdomadaire « Le journal de Tintin » fait son apparition dans les kiosques à journaux. Il est suivi rapidement par sa version flamande, « Kuifje ». Afin d’assurer la publication du périodique, Raymond Leblanc, un ancien résistant, fonde les « Éditions du Lombard ». Hergé est nommé directeur artistique du projet qui connaît un succès foudroyant.
Des grands auteurs de la bande dessinée belges et français dont Franquin, Greg, Tibet ou Goscinny, profitent de ce formidable tremplin pour se faire connaître et les enfants se délectent des aventures de Modeste et Pompon, de Prudence Petitpas, de Blake et Mortimer, de Michel Vaillant ou de Dan Cooper.

Hergé continue à publier les exploits de Tintin et Milou. Au total, il écrit 24 albums mettant en scène le reporter et un grand nombre de personnages récurrents comme le Capitaine Haddock, le Professeur Tryphon Tournesol, les policiers Dupond et Dupont, la cantatrice Bianca Castafiore, Nestor le majordome sans oublier les « méchants » Rastapopoulos ou Allan.

Le dessinateur est décédé le 3 mars 1983. Il a rejoint les étoiles… et la planète qui porte son nom située quelque part entre Mars et Jupiter.

Moulinsart

Le château de Moulinsart apparaît pour la première fois dans le 11ème album des Aventures de Tintin, « Le secret de la Licorne » paru en 1943.
C’est dans ce château que vivent les antiquaires Maxime et Gustave Loiseau. Ces escrocs tentent de voler les parchemins contenus dans trois maquettes du bateau « la Licorne » afin de découvrir un mystérieux trésor.
L’un de ces exemplaires est acheté par Tintin au Vieux Marché. Il l’offre au Capitaine Haddock qui s’aperçoit que La Licorne est en réalité le vaisseau de son ancêtre François de Hadoque. Il s’ensuit une série d’événements rocambolesques, cambriolage, pickpocket, enlèvement … .

Tintin est notamment retenu prisonnier par les frères Loiseau … dans les caves de Moulinsart. Finalement, il parvient à se libérer et les malfaiteurs sont arrêtés.
En possession des trois parchemins, Tintin et ses amis partent à la recherche du fameux trésor …. dans l’album suivant « Le Trésor de Rackham le Rouge ».
C’est dans ce recueil qu’apparaît pour la première fois le professeur Tournesol qui propose à Tintin d’utiliser son submersible. Les héros finissent par découvrir l’épave de la Licorne et découvre quelques objets et parchemins contenus dans un coffret mais aucune trace de trésor.
Déçus, ils rentrent chez eux mais – coup de théâtre – le professeur parvient à déchiffrer les documents qui prouvent que le château de Moulinsart avait été donné au chevalier de Hadoque par Louis XIV. Malheureusement, le capitaine n’a pas l’argent nécessaire pour racheter le bien de son ancêtre mis en vente suite à l’incarcération de ses propriétaires.
Tournesol qui est parvenu à vendre le brevet de son petit sous-marin lui donne les fonds nécessaires.
Devenu propriétaire de Moulinsart, le capitaine Haddock découvre finalement le fameux trésor dans les caves du château grâce aux déductions de Tintin.
Dorénavant le capitaine, le professeur et Nestor habitent Moulinsart dont Tintin devient un hôte régulier.

Cheverny

Moulinsart ressemble comme deux gouttes d’eau au corps principal du Château de Cheverny. Hergé s’est non seulement inspiré de la façade du bâtiment mais également de plusieurs pièces, notamment la « chambre du roi » et l’escalier qui sort de la crypte (celle-ci n’existe toutefois pas à Cheverny).

L’actuel propriétaire du château de Cheverny, le marquis Charles-Antoine Hurault de Vibraye, s’est passionné pour la relation entre sa demeure et celle du capitaine Haddock. C’est pour cette raison qu’il a fait rentrer les personnages de Tintin dans sa propriété, en partenariat avec la « fondation Hergé ».
Depuis 1922, la famille de Vibraye n’occupe qu’un quart du château soit approximativement 250 m². Le reste de la propriété est accessible au public qui peut dorénavant découvrir le monde de Tintin dans les greniers à foin.

La visite

La plus grande partie du Château de Cheverny ainsi que les jardins sont ouverts au public. Seule la partie privative habitée par la famille de Vibraye n’est pas accessible. Magnifiquement meublé et entretenu, il plonge les visiteurs au cœur de l’histoire. Des expositions temporaires ainsi que des animations sont régulièrement organisées.

Plusieurs formules sont proposées aux visiteurs afin de découvrir le domaine :

  • La visite libre du château, de la Salle des Trophées, des chenils et des jardins à l’aide d’un fascicule disponible en une douzaine de langues. Il est possible d’assister au repas des chiens qui a lieu à 11hr30.
    Durée approximative : 1hr30
  • La visite guidée du château en juillet et en août (sur réservation pour les groupes de plus de 50 personnes).
  • La visite du château et des jardins ainsi que la découverte de l’exposition « Les secrets de Moulinsart », un parcours interactif de 700 m².
    Durée approximative : 2hr15
  • La visite du château et des jardins et la découverte du parc à bord de voiturettes et de bateaux électriques en compagnie d’un guide (uniquement entre avril et novembre)
    Durée approximative : 2hr30
  • La visite du château et des jardins ainsi que de l’exposition Tintin et la découverte du parc (uniquement d’avril à novembre)
    Durée approximative : de 3 à 4hr

En pratique :

  • Le château est ouvert tous les jours de l’année sans exception :
    • de 9hr15 à 18hr30 entre avril et septembre
    • de 10 à 17hr le reste de l’année
  • L’intérieur du château est difficile d’accès aux personnes à mobilité réduite en raison des escaliers du perron. En revanche, il leur est possible d’accéder à l’exposition Les secrets de Moulinsart.
  • Les poussettes d’enfant et les animaux ne sont pas autorisés dans la propriété.
  • Il est possible de se restaurer :
    • Au Café de l’Orangerie installé dans un bâtiment du 18ème siècle face au château. Il propose des tartes salées, des pâtisseries … dans un décor de rêve, d’avril à octobre. Possibilité d’acheter des paniers pique-nique sur réservation (ludovikrobert@gmail.com)
    • Sur les aires de pique-nique mises à la disposition des visiteurs au sein du parc, le long du canal.
  • Des suites 4 étoiles sont disponibles dans une dépendance du château : http://suitesdecheverny.fr
    Il est également possible de louer des salles et des salons de réception pour les événements professionnels ou privés.

Château de Cheverny
Avenue du Château
41700 Cheverny
Tel : 02 54 79 96 29
Mail : domainedecheverny@chateau-cheverny.com
Site web : http://www.chateau-cheverny.fr

A la découverte de la région

Durant votre séjour à Cheverny, ne manquez pas de découvrir également le château de Troussay.
Cette ancienne gentilhommière construite en 1450 a été agrandie au fil des siècles notamment par Robert de Bugy, échevin de la ville de Blois.
Il est aujourd’hui considéré comme l’un des plus petits châteaux de la Loire mais offre à ses visiteurs la vision d’un petit joyau de la Renaissance.
Le château est habité mais six pièces situées au rez-de-chaussée sont ouvertes au public.

On peut également visiter le musée de Sologne installé dans les anciens communs qui servaient autrefois d’entrepôts et de logement à la fois pour les animaux et les ouvriers agricoles. On peut y découvrir des scènes de la vie quotidienne du 19ème siècle.

En pratique :

Le château et le musée sont ouverts tous les jours de 11 à 18h, d’avril à septembre.
La visite des jardins se fait librement tandis que celle de l’intérieur est faite en compagnie d’un guide.
Il est possible de visiter les vignes et de participer à une dégustation de vin (uniquement en groupes et sur réservation).
Des chambres d’hôte, un gîte et des salles pouvant accueillir des événements sont disponibles.

Château de Troussay
12 route de Troussay
41700 Cheverny
Tel : 06 70 63 10 94
Mail : contact@chateaudetroussay.com
Site web : http://chateaudetroussay.com

Que manger dans la région ?

Après la visite des châteaux de la Loire, attablez-vous pour savourer quelques spécialités régionales :

  • Les rillettes et rillons de Touraine, généralement à base de viandes de porc, à déguster sur un toast
  • Le sablé de Nançay est une pâtisserie en forme de palet. Il accompagne aussi bien le thé et le café que le crémant de Loire.
  • La carpe à la Chambord pêchée dans les étangs de Sologne et farcie avant d’être braisée dans du vin rouge épicé en compagnie de truffes, de foie gras et d’écrevisses.
  • Le pâté à la citrouille ou citrouillat, une tourte garnie de morceaux de citrouille ou de courge. Elle existe en version salée ou sucrée.
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