Henri Désiré Landru durant son procès le 7 novembre 1921 ©Gallica/Wikimedia Commons

Landru : le barbe-bleue de Gambais

On appelle « tueurs en série », les criminels qui ont commis au minimum trois meurtres séparés dans le temps. Ces homicides perpétrés selon un mode opératoire précis visent généralement des inconnus répondant à un fantasme. L’auteur des faits est alors saisi d’une pulsion sexuelle et/ou meurtrière et ne peut s’empêcher de passer à l’acte.
Des meurtriers commettant encore et encore des homicides sans mobile apparent existent depuis la nuit des temps mais ce n’est que récemment qu’on parle de « tueur en série », traduction du « serial killer », un terme utilisé pour la première fois en 1970 par le FBI.

Parmi les différents tueurs en série français, Henri Désiré Landru sort du lot car même s’il a assassiné onze personnes, il a agi dans le but de les empêcher de parler et surtout de le reconnaître après les avoir escroquées.

Aujourd’hui, nous vous proposons de découvrir cet homme dont les agissements ont glacé d’effroi ses contemporains et qui ont inspiré de nombreux réalisateurs, écrivains et musiciens.

Un peu d’histoire

En 1907, sous la présidence d’Armand Fallières, Georges Clemenceau devient Président du Conseil des ministres français et Ministre de l’Intérieur.
Républicain convaincu et anticlérical notoire, George Clemenceau entame son mandat en réprimant parfois avec sévérité voire avec violence les différents mouvements de grève qui secouent le pays. Celui qui se définit lui-même comme le « Premier flic de France » et qui est surnommé « Le Tigre » par ses contemporains multiplie ses actions tant sur le plan social que militaire en réorganisant l’armée afin d’être prêt en cas de conflit avec l’Allemagne.

Parallèlement et en partenariat avec le Préfet de police, Louis Lépine, George Clemenceau se lance dans la réforme de la police. L’insécurité règne en effet dans les rues qui sont devenues le domaine des bandes organisées surnommées les « Apaches » ou les « Travailleurs de la nuit ».
Il apporte notamment son soutien à la fondation du département de la Police scientifique qui bénéficie du bertillonnage, un système d’identification mis au point par Alphonse Bertillon.
Il est également à l’origine de la création des douze premières Brigades régionales de police mobile surnommées les « Brigades du Tigre ».
Il obtient enfin la création du « Contrôle Général des Services de Recherches Judiciaires » dont il confie la direction au Commissaire Jules Sébille. Ce service est l’ancêtre de l’actuelle Police Judiciaire.
Il entend ainsi combattre le crime en utilisant du matériel moderne. En effet, à cette époque, les policiers sont moins bien équipés que les malfaiteurs qu’ils poursuivent. Chaque année, plus de 100.000 dossiers sont classés sans suite faute d’avoir pu identifier ou intercepter les auteurs des crimes. Des bandes armées écument Paris mais également les villes de province.

Le Service de Recherches Judiciaires et les brigades mobiles conjuguent leurs efforts qui sont rapidement payants. Plusieurs centaines de malfaiteurs sont arrêtés dès la première année.

Les policiers appartenant aux brigades d’élite sont dorénavant formés aux techniques de combat de percussion et de défense comme la savate (boxe française) ou la canne. Ils sont également mieux équipés et disposent de quatre automobiles pour l’ensemble des brigades.
Lorsqu’en 1912, les membres de la « Bande de Bonnot » s’enfuient en voiture après le casse de la succursale de la Société générale de Chantilly, les agents de police en vélos les regardent s’éloigner, impuissants. Suite à cet incident, chaque brigade obtient sa propre automobile.
Cette affaire est aujourd’hui considérée comme le début de la police criminelle moderne. Les policiers ont en effet utilisé les techniques scientifiques et notamment la comparaison des empreintes digitales pour arrêter Bonnot et sa bande. De plus, pour la première fois, les services de police de plusieurs pays, en l’occurrence la Belgique et la France, ont échangé leurs informations pour arriver à ce résultat… prémices d’Interpol.

L’affaire Landru

La police judiciaire vit donc ses premières heures lorsque l’affaire Landru va défrayer la chronique.

Henri-Désiré Landru naît le 12 avril 1869 dans le 19ème arrondissement de Paris. Il passe une enfance normale au sein d’une famille de condition modeste mais heureuse.
Le jeune garçon scolarisé à l’école des Frères est un bon élève et se distingue notamment en mathématiques et en dessin. Il est également enfant de chœur à l’église Saint-Louis en l’Île. Rien ne laisse présager que cet enfant sans histoire va devenir l’un des plus grands criminels de l’histoire de la France.

Il doit affronter un premier échec lorsqu’il ne parvient pas à réaliser son rêve de devenir architecte. Il éprouve probablement un sentiment de frustration lorsqu’il est engagé comme simple commis dans le cabinet Bisson-Alleaume-Lecoeur.
C’est probablement pour cette raison qu’il commence à mentir et à s’inventer une vie plus riche qu’elle ne l’est en réalité.
Il prétend notamment être technicien au sein du cabinet et non simple commis afin de séduire Marie-Catherine Rémy. Il n’a alors que 20 ans.
Après avoir effectué son service militaire, il épouse la jeune femme et le couple en apparence heureux ont quatre enfants nés entre 1891 et 1900.
Pendant cette période, Landru exerce une multitude de métiers et travaille pour plus de quinze employeurs différents.
Pour faire face à des difficultés financières grandissantes, Landru se lance dans une activité dans laquelle il va exceller, l’escroquerie.

Ses premières victimes sont des travailleurs répondant à une annonce d’embauche et qui sont invités à déposer une caution pour obtenir la place convoitée.
Landru prétend également avoir inventé une bicyclette fonctionnant au pétrole et récolte des acomptes versés lors de la commande de ces engins qui n’existent pas.
Il disparaît à chaque fois avec l’argent et entame ainsi une « brillante carrière » d’arnaqueur et de mythomane.

Afin de tromper policiers et victimes, il s’invente des identités, on le retrouve sous les noms de Dupont, Remy ou encore Chatelle, mais est malgré tout arrêté à plusieurs reprises et condamné à des amendes et à des petites peines de prison… ce qui ne l’empêche pas de recommencer.

Après avoir tenté de se suicider dans sa cellule en 1906, il est examiné par des psychiatres qui le jugent :

(…) dans un état mental maladif qui, sans être de la folie, n’est plus du moins l’état normal.

En 1909, il monte pour la première fois une escroquerie au mariage et purge une peine de trois ans de prison ferme pour avoir volé les titres de Jeanne Izoret. La jeune femme les lui avait confiés afin de faire établir un contrat de mariage par un notaire. Ne voyant pas son  « fiancé » revenir, elle porte plainte. Landru est capturé alors qu’il utilise les titres en question … pour monter une nouvelle arnaque.

En 1912, à peine libéré, il achète un garage et le revend immédiatement, omettant de payer le premier propriétaire . Les policiers l’identifient très vite comme étant l’auteur de cette malversation mais Landru les a pris de vitesse et s’est évanoui dans la nature. C’est pour cette raison qu’il est jugé et condamné par défaut à quatre années d’incarcération.
Cependant, comme il est récidiviste, cette peine est commuée en « relégation », c’est à dire en déportation à vie dans un bagne de Guyane.
En effet, depuis 1840, les criminels sont envoyés loin de la France, dans des établissements construits dans les colonies. La déportation des condamnés est abolie en 1938 et les derniers prisonniers quittent les bagnes en 1953.

Landru probablement effrayé par la perspective de finir sa vie dans l’environnement hostile d’un bagne, même si les conditions de détention pour relégation sont plus douces, va mettre tout en œuvre pour échapper aux policiers.
Il ne peut plus prendre le risque d’être identifié et dénoncé par ses victimes ce qui va l’amener à prendre une solution radicale. D’escroc, il devient meurtrier. L’« affaire Landru » commence véritablement en 1914.

Le Barbe-Bleue de Gambais

Pour attirer ses victimes, des femmes seules et aisées, Landru utilise son arme préférée, la séduction. Il se montre charmeur, se dit veuf et fortuné. Les femmes flattées d’avoir été remarquées et d’être courtisées se laissent tromper facilement par ses belles paroles et se retrouvent bientôt fiancées.
Il ne faut pas oublier que la Première Guerre mondiale vient d’éclater et que les pères, les frères, les fiancés sont absents. Beaucoup d’entre eux sont tués sur le champ de bataille et les femmes doivent apprendre à se débrouiller seules. Certaines travaillent en usine ou assument le travail de la ferme … d’autres cherchent le bon parti qui peut les sortir de leur nouvelle condition.

Landru n’a aucun mal à amadouer Jeanne-Marie Cuchet, une veuve approchant la quarantaine qui travaille comme lingère. Jeanne et son fils, un adolescent, seront ses premières victimes.
Si cette première rencontre au cours d’une promenade est le fruit du hasard, Landru va ensuite mettre une tactique au point. Il publie des petites annonces dans la rubrique matrimoniale de plusieurs journaux et reçoit d’innombrables réponses émanant principalement de jeunes veuves qui espèrent mettre le grappin sur cet homme aux revenus apparemment conséquents. Pour ne pas attirer l’attention, il utilise différents noms, 96 selon l’enquête.

Plusieurs centaines de femmes répondent aux annonces et lorsque Landru choisit sa prochaine cible, il les invite dans des maisons cossues et surtout isolées qu’il loue à Chantilly, à Vernouillet ou à Gambais.
Amadouées, elles n’hésitent pas à lui signer des procurations pour qu’il puisse gérer leurs biens et comptes de banque. Une fois en possession de ces documents, il les fait « disparaître ». Il est probable qu’elles ont été brûlées, du moins partiellement, dans les fourneaux de cuisine.
Les « activités » de Landru ne l’empêchent pas de continuer à être un époux et un père affectueux et attentionné. Il explique ses absences par son métier de brocanteur.
Une fois encore, il profite de la période difficile de la guerre. Recherché par la police pour escroqueries, il passe plus facilement entre les mailles du filet.

Bien que des voisins de la maison de Gambais s’étonnent de voir de la fumée s’échapper de la cheminée même pendant la bonne saison et se plaignent régulièrement des odeurs émanant de celle-ci, Landru n’est pas inquiété avant 1918.
Alors que la guerre se termine, le maire du village est contacté par une dame qui demande des nouvelles de son amie, Anne Collomb qui aurait déménagé à Gambais en compagnie de son fiancé un certain Mr Dupont.
Le maire répond qu’il y a probablement erreur et qu’il ne connaît personne de ce nom parmi ses administrés.
Ce n’est que lorsqu’il reçoit une seconde lettre émanant cette fois d’une dame qui n’a plus aucune nouvelle de sa sœur, Célestine Buisson, résidant avec son fiancé, Mr Frémyet, à Gambais que le maire est alarmé.
Après avoir comparé les deux histoires, il relève de trop nombreuses similitudes pour que celles-ci soient des coïncidences.
Les « disparues » ont toutes deux répondu à une annonce matrimoniale parue à la même date et dans le même quotidien.
Aussitôt, les familles déposent plainte au parquet de la Seine et l’enquête est confiée à Jules Belin. Il se rend rapidement compte qu’un Mr Frémyet originaire de Rouen loue la villa « L’Ermitage » appartenant à Mr Tric.
De plus, alors qu’il ne trouve pas de trace d’un Mr Frémyet ni d’ailleurs d’un Mr Dupont à Rouen, il découvre que le locataire de Gambais fait suivre son courrier à Paris, à l’adresse d’un certain Mr Guillet. Or cette adresse est en réalité celle de Célestine Buisson.

Malgré ces premières avancées, l’inspecteur ne parvient pas à retrouver cet individu. L’enquête est au point mort lorsque, en avril 1919, la voisine de la sœur de Célestine, reconnaît l’ancien fiancé de cette dernière, en galante compagnie. Le couple sort d’un magasin situé rue de Rivoli. L’inspecteur mis au courant de cette rencontre interroge le vendeur du magasin qui communique l’adresse de livraison donnée par Mr Guillet.
A cette époque, Landru est toujours marié et continue à mener une double voire triple vie. Il fréquente en effet, depuis 1917, Fernande Segret, une artiste travaillant dans un cabaret, qui croit qu’il est … inspecteur de police. Celle-ci se suicidera en 1968, le 21 janvier, jour anniversaire de sa demande en mariage par Landru dont on retrouve la photographie dans sa chambre

Le 12 avril, Jules Belin procède à l’arrestation dudit Lucien Guillet pour escroquerie et abus de confiance. Il ne se doute pas encore que son enquête va révéler l’une des plus sordides affaires de meurtres.
A son domicile, il trouve un permis de conduire établi au nom de Henri Désiré Landru et surtout un petit cahier où le suspect a noté le nom de onze personnes. Dans cette liste, les enquêteurs trouvent notamment les noms des deux femmes portées disparues qui sont au cœur de l’enquête :

  • Jeanne-Marie Cuchet, 39 ans et son fils de 17 ans, André Cuchet (février 1915)
  • Thérèse Laborde-Line, 47 ans (26 juin 1915)
  • Marie-Angélique Guillin, 52 ans (3 août 1915)
  • Berthe-Anna Héon, 55 ans (8 décembre 1915)
  • Anne Collomb, 44 ans (27 décembre 1916)
  • Andrée-Anne Babelay, 19 ans (12 avril 1917)
  • Célestine Buisson (1er septembre 1917)
  • Louise-Joséphine Jaume, 38 ans (26 novembre 1917)
  • Anne-Marie Pascal, 38 ans (5 avril 1918)
  • Marie-Thérèse Marchadier, 37 ans (13 janvier 1919)

Les papiers de Landru vont révéler que celui-ci tient un livre de comptes précis et détaillé reprenant tous les « revenus » tirés de ses escroqueries.
On y trouve également les noms de 283 femmes qui ont répondu aux annonces de Landru. Celui-ci a rayé la plupart d’entre elles car elles sont trop proches de leur famille ou de leurs amis, pas assez riches, voire négligées ou à la « voix criarde »…, tout est noté soigneusement, rien n’est laissé au hasard.

Au mois de mai, il faut se rendre à l’évidence, les 11 personnes mentionnées dans le carnet sont plus que probablement décédées. Landru est inculpé de meurtre.

L’enquête se poursuit non seulement à Paris mais également dans les locations situées à Vernouillet et à Gambais. Ces fouilles permettent de découvrir les preuves qu’au moins l’Ermitage a été le théâtre de scènes atroces. Dans un tas de cendres, ils retrouvent des restes de vêtements appartenant aux victimes comme des boutons ou des agrafes mais surtout des morceaux de corps, principalement des dents et des os plus ou moins calcinés. Il n’y a plus de doute, Landru a tué, démembré et brûlé ses « fiancées » une fois qu’elles lui ont donné les procurations demandées.

Avec l’aide de son fils toujours persuadé que son père est brocanteur, Landru vidait ensuite les maisons de ses victimes et entreposait leurs meubles dans un garage.
Enfin, après avoir épluché les livres de comptes de Landru, les enquêteurs découvrent différentes factures concernant l’acquisition de scies et la livraison de charbon. De plus, probablement par souci d’économie, il achète un billet de train aller-retour pour lui-même et un aller simple pour ses compagnes… lors de leur dernier voyage. Ces éléments ôtent les derniers doutes concernant le modus operandi du meurtrier qu,i après avoir scié les victimes, se débarrassaient le tronc et les membres tandis qu’il brûlait les parties du corps qui pouvaient, le cas échéant, permettre de les identifier. Aucun corps mutilé ou complet n’est cependant retrouvé.

Malgré le nombre important d’indices, les policiers n’ont donc aucune preuve formelle de la culpabilité de Landru qui, par ailleurs, continue à garder le silence. Au cours d’une expertise psychiatrique, il tente encore d’influencer le jugement des spécialistes afin de se faire reconnaître comme non responsable de ses actes.
Durant sa détention, il reçoit des centaines de lettres de femmes, des admiratrices qui vont jusqu’à lui proposer le mariage.
En revanche, on peut lire dans la « Gazette de Gambais » du 5 mai 1920 :

La 3ème chambre du tribunal civil de la Seine vient de prononcer le divorce des époux Landru, au bénéfice de Mme Landru.

Le procès

Le 7 novembre 1921, après trois ans d’enquêtes, le procès attendu par tous s’ouvre enfin devant la cour d’assises de Versailles.
Landru est assisté par l’avocat Vincent de Moro-Giafferri qui a déjà défendu notamment Eugène Dieudonné accusé d’être membre de la bande à Bonnot.

Le tribunal devient une véritable scène de théâtre où des personnalités parisiennes, principalement des femmes dont Colette et Mistinguett, et des journalistes venus des quatre coins du monde se pressent pour assister à un spectacle dont le principal acteur brille par son intelligence et son sens de la répartie.
Malgré l’atrocité de ses actes, Landru continue à charmer son entourage.

S’il reconnaît presque avec complaisance avoir commis de nombreuses escroqueries, il continue à nier être un meurtrier. Et comme preuve de son « innocence » … il demande à ce qu’on lui montre les cadavres de ses supposées victimes.
Maître Moro-Giafferi n’a cependant rien à lui envier et, lui aussi, offre au public un véritable spectacle. Il insiste sur le fait qu’en l’absence de corps, il n’y a aucune preuve de la culpabilité de son client.
Malgré l’éloquence de son avocat, Landru n’échappe pas au verdict : reconnu coupable de 11 meurtres, 10 femmes et le fils âgé de 17 ans de sa première victime, il est condamné à la peine de mort.
Il est immédiatement incarcéré dans la prison Saint-Pierre de Versailles en attendant son exécution.
Après le rejet du recours en grâce par le président Millerand, Landru est guillotiné le 25 février 1922. Il emporte ses secrets dans la tombe car même devant l’échafaud, il ne reconnaît pas sa culpabilité.
Où sont les restes des corps qui n’ont pas été brûlés ? Comment ont été tuées ses victimes ? Des questions qui n’auront jamais de réponses !

Après l’exécution, son corps est emporté discrètement et enterré dans le secteur des condamnés à mort du cimetière des Gonards (Versailles). La famille n’ayant pas renouvelé la concession, sa tombe est laissée à l’abandon, la croix portant ses seuls prénoms est arrachée et plus rien ne la distingue des autres sépultures des condamnés.

Ce qui peut le plus étonner, au-delà de l’ignominie de ses actes, c’est l’attrait voire la fascination que cet homme exerçait sur ses victimes. Loin d’être beau, le crane dégarni, la barbe fournie, Landru avait en effet l’apparence d’un modeste employé de bureau. En revanche, il possédait une grande intelligence et un esprit fin.

Pour l’anecdote, la cuisinière qui a probablement servi à incinérer les victimes de Landru a changé plusieurs fois de propriétaires après sa mise en vente aux enchères par la justice. A l’heure actuelle, elle appartient à l’animateur de télévision et de radio Laurent Ruquier.

La villa de Gambais

A Gambais, dans les Yvelines, la maison qui a servi de dernière demeure à sept des victimes de Landru appartient aujourd’hui à des particuliers.
Après la découverte des faits, elle a été la cible de dégradations.
On lit dans la « Gazette de Gambais » du 24 août 1920 :

Décidément Landru fut un locataire bien désagréable pour son propriétaire. Non seulement le souvenir des incinérations demeure attaché à la villa de Gambais, mais cette maison, neuve et riante, a été mise en piteux état. Depuis que Landru a été arrêté, l’immeuble est demeuré à la disposition de la justice. M. Tric s’est vu dans l’impossibilité d’en tirer parti. De plus, des touristes sans pitié sont venus, à qui mieux mieux, piller la maison pour emporter un souvenir. Comme il n’y a pas de gardien, chacun entre, visite et dégrade ; il n’y a plus de vitres, les portes ont été dépouillées de leurs serrures, les marbres de cheminées cassées, etc. Le propriétaire au cours d’une visite qu’il fit il y a quinze jours à sa maison désormais célèbre, pria le charron de barricader la maison. Deux jours plus tard, des automobilistes brisant les chaînes de fermeture pénétraient de nouveau. M. Tric demande qu’on lui rende sa villa. N’a-t-il pas raison ?

Et dans l’édition du 31 août :

Nous indiquions mercredi l’état lamentable dans lequel se trouvait la villa Landru à Gambais, villa que la police garde à sa disposition. Une auto venant de Berchères-sur-Vesgre amena dix personnes en … pèlerinage chez Landru. La maison était close et barricadée. Les touristes firent une brèche dans le mur et pénétrèrent quand même.

En 1924, Mr Trix tente de vendre le bien qu’il a enfin récupéré.
La « Gazette de Gambais » du 9 juillet nous relate que :

La villa de Landru n’a pas trouvé d’acquéreur !
Samedi, la villa de Gambais, désormais célèbre par les tristes exploits de Landru, était mise en adjudication en l’étude de Maître Charrier, notaire à Melun. M. Tric, le propriétaire, était présent. Nul acquéreur ne s’est présenté. A 15h., le premier clerc d’étude de maître Charrier demandait aux quelques curieux qui étaient présents:
– Y-a-t’il parmi vous, Messieurs, un acquéreur pour la villa de Gambais?
Silence.
– Dans ces conditions, dit-il, l’adjudication n’aura pas lieu.
Tric avait l’air quelque peu décontenancé. Comme on lui demandait s’il avait l’intention de remettre sa villa en adjudication, il s’est contenté de répondre par un geste évasif.

La maison a finalement trouvé acquéreur qui l’a transformée en restaurant baptisé avec une certaine dose d’humour noir, « Au Grillon du Foyer ».
Fermé en 1940, l’ancien établissement situé sur la D983 en direction de Houdan est revendu à des particuliers.
La belle demeure de Landru a été une nouvelle fois mise en vente en avril 2018. La plupart des visiteurs de la « villa au fort passé historique » ne sont que des curieux qui veulent voir les lieux du drame. Les véritables candidats à l’achat sont rapidement refroidis lorsque les agents immobiliers les mettent au courant des faits qui se sont produits il y a un siècle.

Passionnés de l’histoire de la justice et de la criminologie, n’hésitez pas à consulter le site CriminoCorpus, un musée numérique qui, en partenariat avec le Centre National de la Recherche Scientifique, le Ministère de la Justice français et les Archives Nationales propose de découvrir un grand nombre de documents, d’expositions et de lieux de justice.
Vous y trouverez notamment un recueil de documents, dessins et photographies concernant le procès de Landru et réunis en deux volumes par l’avocat général Raoul Robert Godefroy.

En Belgique, une reconstitution d’un procès célèbre est réalisée chaque année en marge du « Festival International du Film Policier » de Liège. C’est ainsi que le Barbe-Bleue de Gambais a été fictivement « acquitté » en avril 2018 !

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