Château de Fontainebleau - ©publimode CC0 Creative Commons

L’art rupestre en forêt de Fontainebleau, du paléolithique au moyen-âge

Bien cachés au cœur de l’immense Forêt de Fontainebleau, à un jet de pierre de Paris, des grottes ou simples abris sous roches abritent l’un des plus fabuleux trésors préhistoriques retrouvés en France.
Des artistes appartenant au mésolithique nous ont laissé un ensemble unique de gravures rupestres non figuratives. Des centaines de traits s’alignent ou se croisent pour recouvrir chaque paroi de ces cavités souvent difficiles d’accès.
Si la plupart de ces œuvres sont aujourd’hui soigneusement répertoriées, rares sont les initiés qui peuvent les découvrir. En effet, et dans un but de sauvegarde de ce patrimoine inestimable, le Groupe d’études, de recherches et de sauvegarde de l’art rupestre préfère les garder éloignées du grand public. De plus, pour accéder à ces merveilles, il faut se faufiler dans des passages étroits, parfois en rampant, ce qui n’est pas à la portée de tous.
Certains abris ont même été murés afin d’empêcher les promeneurs de choisir ces lieux comme aire de pique-nique voire de faire du feu à proximité des gravures.

Un peu de géologie

Au cours de l’époque géologique de l’Oligocène qui s’étend de 34 à 23 millions d’années, la terre est en plein bouleversement en raison de la dérive des continents. Le mouvement des plaques tectoniques est à l’origine de nombreux séismes et de la naissance de chaînes de montagnes ou de fosses océaniques. La faune et la flore se transforment également en raison du climat devenu plus froid et plus aride.
C’est à cette époque que d’immenses blocs de grès se déposent sur les sédiments d’origine marine et fluviatile qui recouvrent le Bassin parisien. Lorsque la mer se retire de la région, les sables sont évacués ce qui provoque l’affaissement de la couche gréseuse et la formation d’abris sous roches. Cet amas chaotique caractérise principalement la région correspondant à l’Essonne, à la Seine-et-Marne et au Tardenois.

Un peu d’histoire

La forêt de Fontainebleau est habitée dès le Paléolithique lorsque des tribus nomades s’installent dans les abris sous roche. Cette occupation n’est cependant qu’occasionnelle, les hommes redoutant probablement les dangers présents en permanence dans cet espace sauvage.
Cependant des gravures rupestres témoignent de leur passage dès cette époque.

Au cours du Mésolithique, la période comprise entre le Paléolithique et le Néolithique et s’étendant approximativement de 10.000 à 5.000 avant JC, l’art pariétal prend de plus en plus d’importance dans la région et la fouille des abris a permis de découvrir non seulement de nombreuses gravures à motifs géométriques ou, plus rarement, figuratifs mais également une industrie lithique abondante comprenant des pointes de flèche et des grattoirs en silex.
Les gravures représentent en grande majorité des lignes parallèles, des chevrons ou des quadrillages minutieusement réalisés. Il est certain que ces traits n’ont pas été faits au hasard et qu’ils répondent à une volonté de l’artiste qui travaillait souvent dans des positions inconfortables.
Si leur signification n’a pas été encore découverte, les chercheurs estiment que ces œuvres répondent à un code précis et sont donc liés à un culte ou à un rituel. Il s’agirait donc d’une forme de communication entre les hommes et, peut-être, des esprits ou des puissances dites supérieures. Quoiqu’il en soit, ces symboles répétés inlassablement pourraient être un très lointain ancêtre des premières écritures.

Durant le Néolithique, les manifestations de l’art rupestre ornent encore les grottes mais aussi des rochers à l’air libre. A cette époque, le mouvement du mégalithisme s’est répandu en Europe de l’ouest et on découvre plusieurs monolithes gravés dans l’actuelle Forêt de Fontainebleau.
L’étude des motifs, notamment des personnages portant une coiffe en plumes, permet de rattacher ces gravures à la « culture dite de Cerny » qui s’est développée dans le bassin parisien aux alentours de 4.500 avant JC. Les hommes commencent alors à se sédentariser, un mode de vie mieux adapté à l’élevage et à l’agriculture.

Les abris sous roches et grottes de la Forêt de Fontainebleau ne sont cependant pas totalement délaissés et certains d’entre eux ont révélé des œuvres datant de l’époque médiévale.

La découverte

C’est en 1868 qu’un premier abri orné est redécouvert. Des fouilles sont entreprises au début du 20ème siècle afin de recenser les grottes et abris du massif de Fontainebleau.
Depuis, le « Groupe d’études, de recherches et de sauvegarde de l’art rupestre » (le GERSAR) a listé plus de 2.000 cavités présentant des parois gravées dans le sud de Île-de-France qui est considéré aujourd’hui comme l’une des plus importantes régions de France en ce qui concerne l’art rupestre.
La grande majorité de ces abris ne sont cependant pas habitables car ils sont souvent de dimensions fort réduites et quasi inaccessibles. Ils servaient probablement de simples refuges temporaires et ponctuels aux chasseurs-cueilleurs. Certains historiens pensent qu’ils étaient également utilisés comme lieux cultuels.

La plupart des gravures répertoriées dans les abris ornés du massif de Fontainebleau sont des traits rectilignes parallèles ou se croisant pour former des damiers et se répétant inlassablement au point de couvrir des parois entières.
On remarque cependant une évolution au fil du temps avec l’apparition de croix, d’étoiles ou de chevrons et, plus tard, de cercles et enfin de motifs figuratifs (animaux, humains, outils, armes, …). Cette complexification s’explique par la possibilité d’utiliser de nouveaux outils pour creuser le grès.

Le mystère des triples enceintes

Certains motifs plus énigmatiques gardent encore et toujours leur mystère, notamment les « triples enceintes » datant vraisemblablement de l’époque médiévale.
Plusieurs dizaines de ces gravures ont été identifiées dans les abris ornés de Fontainebleau et une étude portant sur 80 d’entre elles a été menée afin de tenter de percer leur secret.
Les enceintes se présentent sous la forme de trois rectangles concentriques dont les deux extérieurs sont traversés par des lignes médianes. Les tailles varient entre 9 et 40 cm et il ne semble pas qu’une orientation domine les autres.
Quelques-unes de ces enceintes présentent des détails supplémentaires comme une cupule centrale ou des lignes diagonales mais cela reste anecdotique. Elles peuvent également être associées à d’autres dessins en forme de grilles ou de formes géométriques diverses. A l’heure actuelle, aucune thèse n’est parvenue à expliquer ces gravures et à établir de liens entre elles.
Les grottes de Fontainebleau ne sont pas les seuls supports de ces triples enceintes. On a en effet retrouvé le même motif ornant des châteaux, des édifices religieux et même des geôles. Les pierres gravées sont alors apparentes et peuvent être horizontales ou verticales.
Tous ces dessins ont été gravés entre le 11ème et le 15ème siècle.

Un plateau de jeu ?

Différentes hypothèses ont bien entendu été avancées, notamment celle du plateau de jeu ce qui expliquerait que de nombreuses enceintes ont été gravées sur des surfaces planes et horizontales. Mais alors que penser des gravures trop inclinées pour permettre aux joueurs de poser leurs pions ? Et pourquoi jouer dans des lieux aussi inconfortables accessibles parfois en rampant et ne permettant pas de se redresser ?
La thèse d’une fonction ludique semble devoir être écartée puisqu’on estime que 70% des gravures ne sont pas « jouables ».

Une société secrète ?

Une autre hypothèse penche pour un symbole d’une société secrète, les trois enceintes représenteraient alors les trois étapes à franchir pour être initié tandis que les médianes évoqueraient les épreuves à réussir pour passer au stade supérieur. Le motif pourrait être le signe de reconnaissance des membres de la société ou être gravé pour demander la protection de puissances supérieures.

Des recherches sont continuellement en cours pour tenter de percer ce mystère.

A la découverte de la préhistoire en Île-de-France

Le Sentier de l’art rupestre

Une promenade accessible à tous, toute l’année et d’une durée approximative d’1hr30 permet de découvrir les gravures rupestres de la Forêt de Fontainebleau.
Le sentier balisé est jalonné de sept étapes qui correspondent aux grandes périodes de la préhistoire et de l’histoire de la région. Des applications sont à télécharger sur smartphone afin d’avoir accès aux explications et aux documents visuels et auditifs.
Le sentier de l’art rupestre est un projet réalisé conjointement par l’Office national des forêts, le Parc naturel régional du Gâtinais français et le GERSAR. Cette initiative a pour but de faire connaître le patrimoine caché dans la forêt sans mettre les sites en danger.

Parking du Rocher Cailleau
77123 Le Vaudoué
Site web : http://www.onf.fr/activites_nature/++oid++110f/@@display_leisure.html

Le Musée de Préhistoire d’Île-de-France

Le Musée de Préhistoire d’Île-de-France retrace les grandes étapes de l’histoire de la région. Il a ouvert ses portes en 1981 à Nemours dans des bâtiments neufs, entièrement conçus pour abriter et mettre en valeur le patrimoine préhistorique de l‘Île-de-France. Le site a été choisi pour son environnement exceptionnel, au cœur d’un parc arboré proche de gisements paléolithiques majeurs dont celui de Pincevent.
La visite se déroule de façon chronologique afin de permettre aux visiteurs d’observer l’évolution de l’homme, de l’Australopithèque à l’Homo sapiens, et de son environnement.
On y découvre également l’une des barques datant de l’époque carolingienne découvertes dans la Seine.
Les collections sont présentées dans 11 salles. Deux circuits sont proposés (7 ou 11 salles). En effet, les quatre dernières salles plus spécifiques s’adressent à un public désirant approfondir leurs connaissances.

Accessibilité :

Le musée est accessible aux personnes à mobilité réduite avec accompagnateur (rampes d’accès > à 6%).
Les personnes non ou malvoyantes doivent être accompagnées d’un guide (les chiens d’assistance sont autorisés dans le bâtiment).
Des dispositifs d’aide sont proposés aux personnes malentendantes appareillées et aux personnes souffrant d’un retard mental ou psychique (boîtes sensorielles).

En pratique :

Le musée est ouvert tous les jours excepté les mercredi et samedi matin ainsi que les 1er janvier, 1er mai et 25 décembre:

  • de 10 à 12hr30 et de 14 à 17hr30 de septembre à juin
  • de 10 à 12hr30 et de 14 à 18hr en juillet et en août

Des visites commentées, des ateliers et des animations sont organisés régulièrement dans le musée. Des activités sont proposées aux groupes sur demande.
La durée de la visite est en moyenne de 1hr30.

Musée départemental de Préhistoire d’Île-de-France
48 avenue Étienne Dailly
77140 Nemours
Tel : 01 64 78 54 80
Mail : prehistoire@departement77.fr
Site web : http://www.musee-prehistoire-idf.fr

Si les merveilleuses gravures rupestres du massif de Fontainebleau restent hors de portée de la plupart d’entre nous, un photographe de renom, Emmanuel Breteau, a capturé pour nous ces œuvres d’art gravés dans la roche par nos lointains ancêtres. Les clichés en noir et blanc sont commentés par une équipe d’ethnologues, d’historiens et d’archéologues.
A découvrir dans son ouvrage « Mémoires rupestres » mais également au cours de l’exposition itinérante qui est proposée régulièrement dans les musées et sites culturels de la région.

Découvrir Fontainebleau et sa forêt

La Forêt de Fontainebleau

La Forêt de Fontainebleau, belle en toutes saisons, couvre aujourd’hui un espace de 25.000 hectares entourant la ville de Fontainebleau, en Seine-et-Marne. Elle a inspiré bon nombre d’artistes dont les peintres paysagistes de l’École de Barbizon.
Peuplée depuis la nuit des temps, la forêt tombe dans l’escarcelle du roi de France sous le règne de Philippe 1er. A cette époque, elle sert de terrain de chasse à la Cour royale et fournit le bois nécessaire à la construction des bâtiments et de la flotte ainsi que le bois de chauffage.
Les premières réglementations sont rédigées dès le début du 15ème siècle afin de préserver les droits sur le gibier et le bois et, au siècle suivant, la gestion de la forêt est confiée au « Grand Forestier ».
La forêt a très tôt été un lieu de promenade prisé par les Parisiens qui profitent de la construction d’une ligne de chemin de fer reliant la capitale à Fontainebleau en 1849.
De nos jours, les activités ne manquent pas mais certains secteurs bénéficient de mesures de protection afin de préserver les biosphères.
Les promenades à pied, en VTT ou à cheval constituent bien entendu le principal attrait de la forêt et plusieurs sentiers de Grande Randonnée (GR) ainsi que des circuits la sillonnent . Au total, 365 kilomètres de chemins sont balisés.
Il est également possible de pratiquer l’escalade de bloc, une discipline consistant à escalader des rochers relativement bas.

La ville de Fontainebleau

La ville de Fontainebleau mérite amplement qu’on s’y attarde ne serait-ce que pour visiter le château qui a servi de résidence à de nombreux souverains de France depuis sa construction au 12ème siècle.

Le château est ouvert toute l’année sauf les mardis, les 1er janvier, 1er mai et 25 décembre :

  • de 9hr30 à 17hr d’octobre à mars
  • de 9hr30 à 18hr d’avril à septembre

Les visites se font librement (avec visio-guide) ou en compagnie d’un guide ce qui permet de découvrir des salles supplémentaires.
Le château est accessible aux personnes en situation de handicap.

Château de Fontainebleau
77300 Fontainebleau
Tel : 01 60 71 50 70
Mail : reservation@chateaudefontainebleau.fr
Site : http://chateaudefontainebleau.fr

Fontainebleau, capitale du cheval

N’oublions pas que Fontainebleau est également renommée comme capitale du cheval et comme ville équestre. Vous y découvrirez l’hippodrome inauguré au 19ème siècle et les installations appartenant à l’armée comme le « Centre sportif d’équitation militaire » et le « Grand Parquet ».

Que manger dans la région ?

Ne passez pas dans la région sans déguster le dessert emblématique de la ville, le Fontainebleau. Cette pâtisserie à base de fromage blanc frais (ou de crème fraîche) et de crème fouettée est servie généralement enrobée d’une mousseline et déposée dans un bol ou sur une assiette.
La recette a été inventée au 18ème siècle mais a connu bien des variantes au niveau des proportions. Elle est parfois accompagnée de fruits.

Outre ce dessert, vous savourerez dans la région :

  • Le coquelicot de Nemours, un bonbon à base de coquelicots inventé en 1850 et remis à la mode dans les années 1990.
  • Le pithiviers proche de la célèbre galette des rois
  • les goujons frits servis autrefois dans les guinguettes du bord de Marne
  • les plats à base d’agneau « Grand Cru Île-de-France ».
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