Village de chalvignac, Cantal, @Pierre Bastien via communes.com

Chalvignac, fief de la fière amazone

Si vous séjournez en Auvergne, dans le Cantal, vous apercevrez peut-être les ruines d’un ancien château féodal dominant le village de Chalvignac. Ce paisible bourg de moins de 500 habitants a été autrefois le témoin de bien des combats sanglants entre Anglais et Français durant la guerre de Cent ans mais également entre catholiques et huguenots lors des guerres de religion du 16ème siècle.
Aujourd’hui, nous vous proposons de découvrir l’histoire du château féodal de Miremont et surtout celle de sa plus célèbre héroïne, Magdeleine de Saint-Nectaire, la Fière Amazone.

Un peu de géographie

La commune de Chalvignac se situe dans le nord-ouest du département du Cantal, à proximité de Mauriac et en bordure du département de la Corrèze.  Blottie entre trois cours d’eau, la Dordogne, le Labiou et l’Auze, elle partage avec la commune de Soursac le barrage de l’Aigle également appelé « barrage de la résistance », un ouvrage monumental construit durant la Seconde guerre mondiale.
Chalvignac se caractérise également par un fort dénivelé avec plus de quatre cent mètres de différence entre son altitude la plus basse et son point culminant.

Un peu d’histoire

Les Arvernes

L’occupation humaine de l’Auvergne débute dès le Paléolithique et les campagnes de fouilles archéologiques ont permis de mettre au jour de nombreux sites préhistoriques.
Au cours du premier millénaire avant notre ère,  les Arvernes, un peuple d’origine celtique issu des civilisations de Hallstatt et de La Tène, contrôlent une grande partie de l’Auvergne. Leur territoire comprend en effet la totalité des actuels départements du Cantal et du Puy-de-Dôme et partiellement l’Allier et la Haute-Loire.

De par l’étendue et la situation de ce territoire ainsi que par leur mode de vie extrêmement bien structuré, hiérarchisé et organisé, les Arvernes se développent rapidement et deviennent l’un des peuples les plus influents de la Gaule.
Il n’est donc pas étonnant que c’est l’un de ses chefs, Vercingétorix, qui mène une importante coalition gauloise contre les légions de Jules César. Il devra cependant s’avouer vaincu en 52 avant JC, après le siège d’Alésia.

Les Romains

L’Auvergne est alors intégrée dans la province impériale de Gaule Aquitaine et connaît une longue période de paix et de prospérité. Elle se romanise petit à petit et adopte la langue et les cultes de l’occupant tout en conservant une certaine autonomie.
Vers le 3ème siècle de notre ère, le christianisme s’implante en Auvergne et l’évangélisateur Austremoine devient le premier évêque de Clermont probablement au tout début du siècle suivant.
A la même époque, la Gaule subit les premiers assauts des peuples germaniques qui profitent de l’affaiblissement d’un empire romain décadent pour franchir ses frontières.

Les Wisigoths

Bien que fidèle à Rome, l’Auvergne ne parvient pas à résister aux Wisigoths qui sont déjà maîtres d’une grande partie de l’Aquitaine. Euric s’empare de la région en 475 et règne désormais sur un vaste royaume s’étendant de la Loire au nord de la péninsule ibérique et de l’Atlantique à la Méditerranée.

Les Francs

Le fils d’Euric, Alaric II, lui succède en 484. Il est donc à la tête d’un puissant royaume qui semble intouchable. Or, à la même époque, le jeune Clovis devient roi des Francs saliens, un peuple également d’origine germanique qui occupe l’ancienne province de Belgique seconde issue de la partition de la Gaule belgique par Dioclétien, en 297.
Clovis se révèle à la fois un grand chef de guerre et un fin stratège ce qui lui permet de repousser rapidement les limites de son royaume par les armes ou par alliances. Il s’empare du royaume de Soissons, dernière enclave romaine entourée de peuples germaniques et qui est alors dirigée par Syagrius, en 486. Cette victoire lui ouvre la voie jusqu’à la Loire devenue frontière entre les Francs et les Wisigoths.
Après avoir noué et défait des  alliances avec les puissances voisines, Clovis lance l’offensive au début du 6ème siècle. Alaric II est tué en 507, lors de la bataille de Vouillé. Cette victoire des Francs permet au roi mérovingien de prendre l’avantage sur les Wisigoths qui doivent abandonner leurs terres situées au nord des Pyrénées, exception faite de la Septimanie (actuel Languedoc).

A la mort de Clovis, son vaste royaume est partagé entre ses fils, conformément aux règles de succession germaniques, et le royaume de Reims est attribué à Thierry, l’aîné de la fratrie.
Ce royaume comprend en réalité deux territoires, l’un situé au nord-est de la France et l’autre correspondant partiellement à l’ancienne province d’Aquitaine et englobant notamment l’Auvergne.
Ce royaume donne naissance à l’Austrasie.

L’Aquitaine

A l’époque des rois mérovingiens, le duché d’Aquitaine  prend de plus en plus d’importance. L’Auvergne y est intégrée vers la fin du 7ème siècle.
Au siècle suivant, des membres de la famille royale dont les futurs rois Louis le Pieux, Charles II le Chauve, Louis II le Bègue ou encore Louis V le Fainéant obtiennent le titre de roi d’Aquitaine.
Parallèlement leurs vassaux, les ducs d’Aquitaine,  tentent de prendre plus d’indépendance vis-à-vis de la couronne ce qui engendre des conflits et une instabilité politique.
Ces troubles profitent cependant au clergé et notamment aux évêques d’Auvergne qui prennent de plus en plus de pouvoir.  C’est pour cette raison que de nombreux monastères sont fondés dans la région. L’Auvergne devient un centre cultuel et culturel rayonnant.

Misère et souffrances

Durant tout le Moyen-Âge, l’Auvergne est non seulement victime des grandes famines  et épidémies mais devient également l’enjeu de plusieurs guerres.
Les musulmans baptisés « Sarrasins » sont les premiers à venir semer le chaos dans la région lorsqu’ils attaquent le royaume franc au début du 8ème siècle. Après avoir été stoppés dans leur progression par Charles Martel devant Poitiers en 732, ils continuent à ravager régulièrement la région au cours de raids meurtriers.
Parallèlement, l’Auvergne est également le théâtre des affrontements entre le duc d’Aquitaine et Pépin-le-Bref, fondateur de la dynastie carolingienne et fils de Charles Martel.
Quelques décennies plus tard, c’est au tour des Normands de piller et d’incendie les villes auvergnates dont Clermont qui ne sera plus qu’un champ de ruines en 916.
Entre-temps, les familles les plus importantes de la région fondent leurs propres seigneuries et n’hésitent pas à lever des impôts toujours plus lourds voire à se servir dans les villes, villages et monastères voisins. Cette situation de guerres permanentes permis par l’affaiblissement de l’autorité royale est à l’origine de l’éclosion d’une multitude de châteaux-forts plus ou moins puissants et surtout d’un climat d’insécurité grandissant.
Face à cette situation désastreuse et à la colère du peuple, l’Église réagit. Il faut dire que ses propres biens sont menacés par les seigneurs locaux.
L’évêque de Clermont, Étienne II organise une première assemblée visant à restaurer la paix et à protéger lesdits biens et, accessoirement, les pauvres, en 958.

Les membres du clergé, les chevaliers et les seigneurs sont invités à se réunir et à trouver des solutions pour y parvenir. Très vite, cette assemblée est suivie de nombreux autres qui deviennent de véritables conciles et le mouvement de la « Paix de Dieu » prend de l’ampleur.
Pour arriver à un résultat, l’Église se sert de sanctions comme l’excommunication mais s’appuie également sur des milices.
A cette époque, l’Église n’est pas défavorable à la guerre pour autant que celle-ci soit menée dans un but moral. Ce concept est à l’origine des croisades et de la fondation des ordres religieux et militaires comme les Templiers et les Hospitaliers.
Le 27 novembre 1095, le pape Urbain II lance son célèbre appel aux chrétiens d’Occident qu’il implore de prendre les armes pour délivrer Jérusalem.
Si le phénomène a largement et rapidement dépassé les frontières de l’Auvergne, la région reste néanmoins un foyer religieux important et ses abbayes tout comme ses églises connaissent un âge d’or jusqu’au 13ème siècle.
En marge de ce phénomène, les comtes d’Auvergne, vassaux des ducs d’Aquitaine qui, rappelons-le, sont eux-mêmes vassaux des rois de France, tentent de se détacher des ducs. Les comtes qui sont les suzerains de nombreux petits seigneurs locaux prennent de plus en plus de pouvoir ce que les  évêques ne peuvent admettre.
En 1122, le comte Guillaume VI et l’évêque de Clermont Aimeric s’affrontent ouvertement ce qui nécessite l’intervention du roi de France, Louis VI le Gros.
Peu de temps après, le fils et successeur de Guillaume, Robert III meurt au cours de la seconde croisade. Son frère Guillaume dit l’Ancien usurpe le titre qui devait revenir de droit à son neveu Guillaume dit le Jeune.
C’est ainsi que le comté est divisé en deux et que le jeune Guillaume doit se contenter de fonder le Dauphiné d’Auvergne, en 1155.

Les rois de France

Or, à cette même époque, le fils de Geoffroy d’Anjou dit Plantagenêt et de Mathilde l’Emperesse, descendante directe de Guillaume-le-Conquérant, devient roi d’Angleterre, duc de Normandie et comte d’Anjou et du Maine sous le nom de Henri II. De plus, son mariage avec Aliénor d’Aquitaine lui permet de régner également sur tout le sud-ouest de la France, y compris le comté d’Auvergne.
Le puissant empire Plantagenêt passe successivement entre les mains de ses fils Richard 1er Cœur de Lion et Jean-sans-Terre.
Jean-sans-Terre n’a pas l’envergure nécessaire pour gouverner un tel territoire et le roi de France Philippe II Auguste en profite pour reprendre, du moins en partie, les terres anglaises situées sur le continent.
En moins de deux ans, la Normandie est aux mains des Français et Philippe-Auguste poursuit ses conquêtes.

Nous sommes en 1210 et Guy II d’Auvergne à la fois favorable aux Anglais et en perpétuel conflit territorial avec son frère l’évêque Robert de Clermont, s’empare de l’abbaye de Mozac. Ce qui n’est qu’un incident de plus dans le conflit entre les deux frères devient un prétexte saisi par le roi de France pour intervenir en Auvergne.
Après trois ans de guerre, Philippe-Auguste remporte la victoire décisive devant le château de Tournoël. La plus grande partie du comté baptisée « Terre d’Auvergne » est intégrée au domaine royal.
L’ancien comté est dorénavant réduit à la région de Vic-le-Comte. En revanche, le Dauphiné d’Auvergne conserve la plupart de ses terres, hormis la cité de Montferrand restituée au roi en 1224. L’évêque de Clermont obtient différents domaines en récompense de sa fidélité à Philippe-Auguste.

Le château

La famille de Miremont

Revenons à Chalvignac, dans la seconde moitié du 11ème siècle.
Le château-fort de Miremont édifié sur un éperon rocheux par le seigneur Pierre Aymar (ou selon d’autres sources Adhémar) de Miremont (parfois orthographié Miramont), probablement apparenté à la famille de Montclar, domine le village et la Dordogne. Il est vassal de l’évêque de Clermont.
Aymar de Miremont est ambitieux et il est possible qu’il contrôle également la ville de Mauriac. Il est également connu pour être de caractère querelleur. Il se brouille notamment avec son frère pour une question d’héritage.
Le monastère de Mauriac fondé au début du 6ème siècle accueille des moines de Sens et c’est le doyen des religieux de de l’abbaye bénédictine Saint-Pierre-le-Vif qui est chargé de le diriger. Depuis cette époque, tous les supérieurs du monastère portent le titre de « doyen » et non celui d’abbé ou de prieur et sont nommés par les abbés de Sens.
En 1105, Arnaud, père supérieur Saint-Pierre-le-Vif, décide  de remplacer le doyen Gautzberg peu empressé à obéir à ses ordres par Pierre de Saint-Baudier, moine à Sens.
Lorsqu’il doit rendre hommage au nouveau doyen du monastère de Saint-Pierre de Mauriac, Aymar enrage. Ses prétentions sur les droits de patronage sont toujours plus grandes et totalement injustifiées ce qui provoque de vives  tensions.
Afin de se venger de ce qu’il considère comme un affront, le seigneur de Miremont n’hésite pas à faire enlever et à retenir prisonnier l’abbé Arnaud,. L’évêque de Clermont doit intervenir et c’est à la tête d’une importante armée qu’il  parvient à libérer l’abbé.
Pierre de Saint-Baudier va cependant se révéler indigne de la charge de doyen et va même comploter l’assassinat de l’abbé Arnaud, mais cela est une autre histoire.

La famille Saint-Exupéry

En 1347, Marthe de Miremont, héritière du château et du nom après la mort sans postérité de ses trois frères, épouse Hélie de Saint-Exupéry. Le nom  de Miremont s’éteint et le domaine qui relève alors en fief de Charlus et en arrière-fief de l’évêque de Clermont  entre donc dans le patrimoine de la famille de Saint-Exupéry vraisemblablement originaire du Périgord.
A cette époque, la France affronte à nouveau l’Angleterre dans un conflit qui va durer 116 ans…. la « Guerre de Cent ans » a en effet débuté en  1337.
Dans les premières années de guerre, les Anglais remportent des victoires importantes et, en 1365, ils sont maîtres de vastes territoires sur le sol français, à savoir la Guyenne, la Gascogne, le Poitou, le comté d’Armagnac, Calais, le Ponthieu et le comté de Guînes, conformément au Traité de Brétigny.
C’est ainsi que Chalvignac se retrouve aux confins du royaume de France et que le château de Miremont devient un point stratégique dans la défense du pays contre les Anglais.
Pendant la lente reconquête de ces terres, la région de Chalvignac est le témoin de combats sanglants.
Le château est pris par les Anglais à deux reprises. La première fois, c’est le capitaine Robert Knowles placé à la tête d’un millier d’Anglo-Gascons qui parvient à s’en emparer, en 1357. Avant de poursuivre sa route, Knowles confie le château au capitaine Mondonet de Badefol (ou Mandonnet de Badafol), un Gascon issu de la maison de Gontaut. Le château est cependant rapidement repris par les Français
En 1374, le château est à nouveau entre les mains de Mondonet de Badefol. C’est alors que l’évêque de Clermont, Pierre d’Aigrefeuille intervient pour récupérer son bien. En effet, l’évêque est toujours le suzerain de Miremont. Il bénéficie de l’appui financier du comte Jean II d’Armagnac pour réunir la somme de 5.000 livres ce qui lui permet de libérer Miremont du joug des Anglais.

Après la Guerre de Cent Ans qui se termine en 1453, le pays retrouve le calme mais doit panser ses blessures. La guerre mais surtout les famines et les épidémies de pestes sont responsables de la perte de plus de la moitié de la population. Parallèlement, l’insécurité qui a gagné toutes les régions du pays a fortement diminué les échanges commerciaux et de nombreuses foires ont même été suspendues ce qui a ruiné l’économie.

Les guerres de religion

Le 16ème siècle est marqué en France par les conflits opposant les catholiques et les huguenots, c’est à dire les protestants.
A cette époque, la situation économique et politique est au plus mal. La population est soumise à des taxes de plus en plus lourdes tandis que les souverains et le clergé se disputent le pouvoir et l’argent qui en découle. De plus, les prêtres n’observent plus les préceptes de la religion et n’hésitent pas à vivre ouvertement en concubinage ou à vendre des indulgences pour s’enrichir  sur le compte de leurs paroissiens. Ne parlons même pas des évêques qui vivent dans un luxe extravagant.
C’est alors qu’apparaissent les premiers réformateurs dont  Martin Luther et Jean Calvin qui prônent le retour aux valeurs essentielles de la chrétienté. Luther s’oppose notamment à la vente des indulgences ce qui lui vaut la condamnation du pape et, dans un second temps, de Charles-Quint.

Les idéaux de la Réforme font cependant leur chemin et répondent aux attentes d’une grande partie de la population en colère. C’est ainsi qu’éclate une scission entre catholiques et protestants qui va dégénérer en une véritable guerre civile en 1562, lorsque le duc de Guise ordonne l’attaque d’une grange où se tient une assemblée de protestants. Or, cette grange est située à l’intérieur du bourg de Vassy (actuellement Wassy en Haute-Marne) ce qui est contraire à la loi qui stipule que le culte protestant ne peut se tenir qu’en dehors des murs des localités.
Une cinquantaine de protestants, hommes, femmes et enfants,  sont tués au cours de ce massacre tandis que cent-cinquante autres sont blessés.
Malgré quelques trêves mal respectées, les guerres de religion ne prendront fin qu’en 1598 après la reconquête du pays par le roi Henri IV.
Le château de Miremont est le théâtre d’un combat illustrant parfaitement ces guerres fratricides.

Nous sommes en 1548 lorsque Guy de Saint-Exupéry de Miremont alors bailli royal des Montagnes d’Auvergne, épouse Madeleine (ou Magdeleine) de Saint-Nectaire, âgée d’une vingtaine d’années, fille d’un lieutenant-général. On la dit aussi belle que talentueuse et courageuse, voire intrépide.
Le couple a trois filles, Françoise, Rose et Marguerite nées respectivement en 1550, 1554  et 1558.
Rien ne prédestine cette mère de famille à la vie ans histoire au destin qui va être le sien après le décès de son époux, en 1566.
Madeleine est alors âgée de quarante ans et doit s’occuper non seulement de l’éducation de ses filles encore très jeunes mais également du domaine de Miremont. Contrairement à la plupart des femmes de son époque confrontées à une telle situation, elle refuse de se remarier et repousse les avances de ses prétendants et notamment celles de Gilles de Montal, seigneur de Laroquebrou.
Selon la légende, elle lui aurait même rétorqué qu’elle ne voulait pas « prendre pour maître un roquet de ma meute » faisant ainsi allusion au nom des habitants de Laroquebrou, les Roquais.
Cet affront n’est évidemment pas du tout du goût du seigneur qui va ruminer sa vengeance pendant quelques années.
En 1571, la fille aînée de Madeleine, Françoise épouse en grandes pompes le vicomte de Lavedan,   Henri de Bourbon-Malauze issu d’une branche bâtarde de la famille royale et filleul du roi de Navarre. Les Bourbon Malauze sont protestants mais l’Auvergne est encore relativement épargnée par le conflit.
Quelques mois après les noces, le massacre de la Saint-Barthélémy qui a lieu à Paris à l’occasion du mariage de Henri de Navarre (futur Henri IV) et de Marguerite de France met le feu aux poudres et on estime qu’en quelques mois, entre 10 et 30.000 protestants sont tués dans toute la France.
Henri de Bourbon-Malauze devient l’un des chefs de file du mouvement protestant et, après la conversion de sa belle-mère, le château de Miremont est transformé en fief des réformés.
Les huguenots basés à Chalvignac se rendent maîtres de plusieurs villes dont Mauriac mais les membres de la Ligue catholique ne tardent pas à riposter. On retrouve parmi ceux-ci un certain Gilles de Montal, certainement le plus acharné des adversaires des protestants de Miremont.
A la tête d’une troupe de plus de 2.000 hommes, il marche sur Mauriac qui est bientôt abandonnée par les protestants. Ces derniers se réfugient dans le château de Miremont qui est à son tour assiégé par le seigneur de Laroquebrou.
Malgré un incessant bombardement , les catholiques ne parviennent pas à s’emparer de la forteresse et se replient pendant l’hiver.
Au printemps suivant, le conflit reprend et Henri de Bourbon parvient à s’emparer des terres de Gilles de Montal.
On comprend aisément que l’ancien prétendant éconduit est au comble de la fureur . Il croit tenir enfin sa revanche lorsque Henri est fait prisonnier mais c’est sans compter la ténacité et la détermination  de Madeleine de Saint-Nectaire qui n’hésite pas à prendre le commandement des calvinistes rescapés et de multiplier les raids contre les catholiques.
Elle parvient à galvaniser ses maigres troupes mais Montal lui tend un piège. Il fait attaquer un village situé sur les terres de son ennemie et lorsque celle-ci s’élance au secours des villageois, il en profite pour encercler et investir la forteresse, l’empêchant ainsi de rentrer à Miremont.
Il en faut plus pour anéantir Madeleine qui demande de l’aide au vicomte de Turenne et obtient le renfort souhaité. Elle retourne sur ses terres où elle affronte Montal et le blesse mortellement.
Les catholiques privés de leur chef abandonnent la partie et se retirent de Miremont.
Après le retour de son gendre, la vaillante guerrière retourne à ses occupations plus paisibles.
Cet épisode de la guerre des religions vaut à Madeleine de Saint-Nectaire plusieurs surnoms comme la Fière Amazone, la Dame de Miremont ou encore l’Amazone de Haute-Auvergne. Il se raconte même que Henri de Navarre admiratif se serait exclamé « Si je n’étais roi, je voudrais être Madeleine de Saint-Nectaire ».

La fin d’une vaillante forteresse

Le château de Miremont qui a retrouvé le calme est habité par les Bourbon-Malauze jusqu’en 1747 et ensuite pendant quelques années par les Simiane. Il est laissé à l’abandon à partir de 1770 et ses propriétaires le vident et le démantèlent peu à peu. Déjà fortement détérioré, il est saisi par les révolutionnaires et vendu au plus offrant.
En 2003, la propriété est offerte à la commune de Chalvignac et les ruines de ce qui fût une importante forteresse auvergnate semblent encore veiller sur la région.
L’association Miremont et petit patrimoine tente de préserver les ruines du château ainsi que plusieurs bâtiments de la commune, lavoir, église, chapelle, four à pain, … ,  qui font partie du patrimoine rural de la région. Nous vous proposons de découvrir leurs actions sur le site web de Chalvignac.

 Que manger dans la région ?

De passage dans le Cantal, ne manquez pas de déguster quelques spécialités locales :

  • La flognarde aux pommes, aux poires ou aux pruneaux, un dessert ou un goûter rappelant le clafoutis et qui se savoure froid ou tiède.
  • La patranque, sorte de galette de pain émietté et trempé dans du lait, cuit dans du beurre avec du cantal ou de la tomme. Elle se déguste avec une salade en entrée revigorante.
  • Le friton d’Auvergne utilise les restes de gras et un peu de maigre de porc rissolés avec du persil et des épices avant d’être mis à refroidir. Il se mange avec du pain ou une salade.
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