Marie Besnard, lors de son procès le 20 février 1952 - ©Photo archive 1952, Photographe inconnu

L’affaire Marie Besnard, coupable ou victime ?

Les grandes affaires criminelles passionnent le public. Les procès des tueurs en série ou de la mère de famille si ordinaire qui se transforme en assassin attirent toujours une foule nombreuse qui tente de comprendre pourquoi ces vies en apparence sans histoire font dorénavant la une des journaux.

Il arrive cependant que les accusés deviennent eux-mêmes des victimes, non pas de parents tortionnaires ou de discrimination mais tout simplement d’erreur judiciaire. Il est dès lors difficile de démêler le vrai du faux mais surtout d’admettre que le système si bien huilé de la Justice n’est pas sans défaut.

Aujourd’hui, nous vous proposons de découvrir l’histoire de Marie Besnard accusée d’avoir tué treize personnes. Nous vous présentons les faits dès qu’ils se sont déroulés avant et pendant son procès. Il vous reste à vous forger votre propre opinion.

Marie Besnard est-elle coupable de treize assassinats ou la victime d’une erreur judiciaire, d’un juge un peu trop zélé, d’experts non fiables et de quelques dénonciateurs peu crédibles ? Le doute plane encore et toujours.

Marie-Joséphine Philippine Davaillaud

Nous sommes en 1896, le 15 août pour être plus précis lorsque Marie-Louise Antigny met au monde une petite fille qu’elle prénomme Marie-Joséphine Philippine.
Marie-Louise et son époux Pierre-Eugène Davaillaud possèdent la Baquinetterie, une ferme des Liboureaux, petit hameau de la commune de Saint-Pierre-de-Maillé, dans la Vienne. Cette région vit alors essentiellement de l’agriculture et d’ailleurs Pierre-Eugène est cultivateur.
Si vous vous aventurez jusqu’aux Liboureaux, vous pouvez encore découvrir la maison de naissance de la petite Marie. A l’heure actuelle, il n’y a plus de ferme dans le hameau même si les terres sont toujours cultivées par un agriculteur de Saint-Pierre. En revanche, le caractère agricole du lieu a été préservé et les anciens bâtiments ont été restaurés avec goût par les actuels propriétaires.

Un temps transformée en habitation réservée aux prisonniers allemands après la Seconde Guerre mondiale, la maison qui a vu naître Marie Davaillaud est inoccupée depuis le milieu du 20ème siècle.

La fillette est mise en pension chez les sœurs à Angles-sur-l’Anglin, une petite commune labellisée « Plus beaux villages de France » et située à quatre kilomètres de son domicile. Elle semble apte à poursuivre des études mais ses parents la retirent du pensionnat lorsqu’elle est atteinte de fièvre typhoïde, une maladie infectieuse qui sévit encore en France à cette époque.
Elle poursuit dès lors sa scolarité à Saint-Pierre tout en donnant un coup de main à ses parents qui ont bien du mal à joindre les deux bouts. Destinée à devenir agricultrice, elle ne passe pas son certificat.

Marie Antigny

Marie est âgée d’une vingtaine d’années lorsqu’elle tombe amoureuse d’un cousin germain du côté de sa mère, Auguste Antigny.
Auguste est né le 5 juillet 1887 à Saint-Pierre-de-Maillé et a donc une dizaine d’années de plus que la jeune fille. Ses parents s’inquiètent de cette relation non pas en raison des liens de parenté qui les unissent mais à cause de la santé fragile d’Auguste.
Diagnostiqué à plusieurs reprises tuberculeux, le jeune homme est réformé et n’est donc pas appelé sous les drapeaux durant la Première Guerre mondiale.
Faisant fi de l’avis de ses parents, Marie épouse Auguste le 6 avril 1920. Pendant sept ans, le couple mène une vie paisible et heureuse. Ils occupent les fonctions de cuisinière et de jardinier au Château des Martins, une vaste propriété située à Bignoux, près de Loudun.
Malheureusement, Marie perd le grand amour de sa vie le 1er juillet 1927. La tuberculose a définitivement vaincu Auguste.

Désespérée et n’acceptant ni de rester dans le logement où elle a connu le bonheur ni de retourner aux Liboureaux, la jeune veuve accepte l’invitation de sa cousine, Pascaline Vérité, qui habite rue du Collège, à Loudun. Grâce à un petit héritage reçu à la mort de son époux, Marie n’est pas dans le besoin. Pour la première fois, elle quitte la campagne et découvre la vie en ville ce qui est un énorme changement pour elle même si Loudun n’est qu’une petite ville de province. Elle n’a que trente ans et son chagrin bien que réel s’amenuise petit à petit.

Marie Besnard

C’est alors qu’un voisin de Pascaline régulièrement invité à déjeuner remarque Marie et lui fait une cour discrète en raison de son deuil. Il s’agit de Léon Besnard, cordier de son état.
Léon est né à Loudun le 29 août 1894 et a donc deux ans de plus que Marie. Il demande la jeune femme en mariage mais essuie un refus, Marie estimant que son veuvage est trop récent. Cette réponse ne décourage pas Léon qui réitère sa demande quelques mois plus tard.
Cette fois-ci, Marie accepte et le mariage est célébré le 12 août 1929 à Saint-Pierre-de-Maillé.

Le couple s’installe dans la maison de Léon à Loudun et vit relativement isolé. En effet, Léon est brouillé avec sa famille et Marie s’empresse de couper les ponts avec sa cousine Pascaline qu’elle soupçonne d’avoir eu dans le passé une aventure avec son époux.

La vie est à nouveau agréable pour Marie. Le commerce de son mari est florissant et leur patrimoine s’agrandit notamment avec l’acquisition d’un hôtel.

Seule petite ombre au tableau, les Besnard se font des ennemis en ville. D’abord Pascaline qui ne digère pas d’avoir été écartée de la vie de sa cousine, ensuite le gérant de l’hôtel qui se fait vertement remettre à sa place alors qu’il tente de séduire Marie et enfin, des envieux qui jalousent leur fortune. Quelques lettres anonymes sont même envoyées mais ni Léon ni Marie ne s’en soucient.

Nous sommes à l’aube de la Seconde Guerre mondiale et plusieurs personnes de l’entourage des Besnard décèdent sans éveiller le moindre soupçon.
La grand-mère et la grande-tante de Léon meurent à quelques mois d’intervalles mais elles ont toutes deux plus de quatre-vingt-dix ans. Toussaint Rivet, un ami du couple est victime de la tuberculose. Le père de Marie succombe à une congestion cérébrale, il a soixante-huit ans. Les parents de Léon le suivent de près dans la tombe.
Seule la mort de Lucie, la sœur de Léon, retrouvée pendue pourrait faire l’objet d’une enquête mais la pauvre vient de perdre son père et sa mère et n’aurait pas supporté ce double choc. De plus, le caractère acariâtre de Lucie ne la fait pas réellement regretter.
Même le décès de Blanche Rivet, la veuve de Toussaint, victime d’une crise d’urémie ne semble pas suspecte malgré le fait qu’elle avait donné sa maison en viager aux Besnard et qu’elle léguait tous ses biens à Marie.

Les « chers disparus » rapportent parfois de jolies sommes au couple qui de plus profite de la période de la guerre pour écouler les produits tirés de leurs terres agricoles sans pour autant faire payer le prix fort.
Les Besnard déménagent pour occuper la maison familiale de Léon tandis que deux cousines dans le besoin, Pauline et Virginie Lalleron, s’installent dans leur ancienne demeure.

Louise Pintou

Vers la fin de la guerre, Louise Pintou, postière récemment nommée à Loudun, entre dans la vie et même dans l’intimité du couple. Louise et Marie se lient en effet d’amitié à tel point qu’elles ne se quittent plus et que Louise vient quotidiennement au domicile des Besnard.
Marie devient cependant soupçonneuse et finit par se demander si son époux et Louise n’ont pas de liaison, ce qui est probablement le cas.

La fin de la guerre ne marque pas la fin des décès parmi les proches de Marie. Les deux vieilles cousines qui occupent la maison de Léon meurent des suites d’une crise d’urémie en juillet 1945. Là encore, rien de bien étrange, elles avaient respectivement quatre-vingt-trois et quatre-vingt-huit ans. Les Besnard héritent une fois de plus sans éveiller de suspicion. On peut même dire qu’on vit relativement vieux dans la famille puisque la moyenne d’âge tourne à cette époque autour de soixante ans en France.

La réputation des Besnard déjà mise à mal par tous ceux qui trouvent que la fortune leur sourit un peu trop se dégrade encore lorsqu’ils engagent un ancien prisonnier allemand, Alfred Dietz dit « Ady », pour les aider à faire tourner leur exploitation agricole.
La venue d’un « Boche », jeune et joli garçon de surcroît, attise les rumeurs à Loudun. On accuse les Besnard d’être des anciens collabos et on pointe du doigt une supposée liaison entre Marie et le jeune homme.

Nous sommes en octobre 1947, Marie et Léon s’absentent une quinzaine de jours de Loudun afin de remettre en état la maison de naissance de Marie, aux Liboureaux. Ils sont accompagnés du gérant de l’hôtel, Alphonse Baraudon, celui-là même qui avait été repoussé par Marie.

Sur le chemin du retour, Léon devient malade et doit s’aliter dès son arrivée à Loudun. Le médecin est appelé en urgence mais parle d”une simple crise de foie. Lorsque son état empire, il fait des analyses complémentaires et se rend compte que le taux d’urée du malade (1,41 gr/l alors que le taux normal se située entre 0,15 et 0,45gr/l) est beaucoup trop élevé. A cette époque, un tel taux d’urée dans le sang est mortel, le médecin ne peut rien faire pour sauver son patient qui s’éteint le 25 octobre.

Marie Besnard âgée de 51 ans se retrouve à nouveau veuve et vit dorénavant seule avec sa mère et son employé, Ady.
Les funérailles attirent tout Loudun et Marie est entourée des amis du couple mais également de nombreuses connaissances plus ou moins proches. Elle peut également compter sur l’amitié de Louise qui ne l’a plus quittée depuis le début de la maladie de Léon.

Les frères Massip

C’est alors qu’entrent en scène deux nouveaux personnages qui vont être à l’origine des ennuis de Marie Besnard, Auguste et Joseph Massip, propriétaires du Château de Montpensier situé à Vézières.
Louise Pintou se rend au château peu de temps après le décès de Léon et confie aux frères ses soupçons… elle prétend que Léon a été assassiné par son épouse.
Il n’en faut pas plus pour que ces deux originaux qui passent leur temps à se mêler de ce qui ne les regarde pas et à écrire au président de la République se passionnent pour cette histoire.
Louise soutient que Léon agonisant lui a lui-même confié que Marie lui a fait boire un produit qui l’a rendu malade.
Pour Auguste Massip, il n’y a pas de doute, Léon n’est pas mort d’une crise d’urémie mais bien d’un empoisonnement à l’arsenic. Il écrit au procureur et demande l’ouverture d’une enquête tout en expliquant qu’il ne veut pas que son nom soit cité.

Une enquête est ouverte, Louise dément avoir parlé de quoique ce soit à Auguste, le docteur de famille soutient son diagnostic et le dossier est clos.

Un enchaînement de circonstances

Le dossier est peut-être clos mais la rumeur enfle à Loudun, attisée notamment par Alphonse Baraudon toujours rancunier.
On parle d’empoisonnement, d’héritage, de liaison entre Marie et Ady. Ce dernier échappe cependant aux mauvaises langues en repartant dans son pays.

Dorénavant, les Loudunais n’ont plus grand chose pour alimenter les cancans. C’est alors qu’un incendie détruit le château des frères Massip le 17 octobre 1948. Les malheureux propriétaires accusent aussitôt Marie qu’ils qualifient de sorcière et n’en démordent pas même si les gendarmes ont la preuve que ce sont des enfants qui ont mis le feu en jouant avec des allumettes.

Quelques mois plus tard, la maman de Marie décède à quatre-vingt-sept ans, une victime parmi de nombreuses autres d’une épidémie de grippe.
Cette disparition relance le débat … on meurt à nouveau dans l’entourage de Marie. Et lorsque Ady revient dans la région pour se faire embaucher dans une exploitation agricole de la veuve Besnard, les mauvaises langues triomphent.

Enfin, Louise qui vit depuis quelques temps chez sa fille, dans les Vosges, est rappelée à Loudun lorsque sa maison ou plus exactement la maison de Lucie prêtée par les Besnard à Louise, est visitée par d’étranges cambrioleurs puisqu’ils n’ont rien emporté, se contentant de sortir quelques objets dans le jardin.
Auguste Massip qui n’a décidément que ça à faire accuse Marie d’avoir commis cette effraction.
L’enquête permet de découvrir qu’en réalité la maison a été vendue par Marie et que son nouveau propriétaire a fait remettre une sommation de quitter les lieux à Louise. Celle-ci se serait vengée en vandalisant son ancienne habitation.

L’enquête

Les choses auraient pu et même auraient dû en rester là mais l’inspecteur en charge de l’enquête sur le cambriolage, M. Normand, poursuit ses investigations et se rend chez Louise Pintou. L’occasion est trop belle pour celle-ci : elle accuse à nouveau Marie d’avoir empoisonné son époux et soutient que c’est bien ce dernier qui le lui a confié sur son lit de mort.

L’inspecteur informe le juge, un tout jeune magistrat, le juge Roger, qui se rend compte qu’il tient probablement sa première « grosse » affaire.
Il ordonne l’exhumation de Léon et des prélèvements sont effectués sur son corps afin d’être analysés par un expert à Marseille. Or, le rapport mentionne la présence de dix bocaux contenant des restes de Léon Besnard et l’expert, le docteur Béroud n’en reçoit que neuf, mal étiquetés.
Quoiqu’il en soit, les conclusions du docteur sont formelles : tous les prélèvements contiennent une forte dose d’arsenic.

L’accusation

Nous sommes le 21 juillet 1949, Marie Besnard est arrêtée et accusée du meurtre de son époux.
Les Loudunais sont satisfaits, il n’y a pas de fumée sans feu n’est-ce pas ?
Très vite, tout s’accélère, des prélèvements sont effectués sur les corps des proches de Marie y compris celui de son premier mari Auguste.
Dorénavant celle qu’on surnomme l’empoisonneuse de Loudun ou la Brinvillers de Loudun fait la « une » de tous les journaux.
Aux yeux de tous, Marie Besnard est une meurtrière en série, coupable de treize assassinats :

  • Auguste Antigny, premier époux de Marie (mort en 1927)
  • Marie-Louise Labrèche, grande-tante de Léon (morte en 1938)
  • Toussaint Rivet, ami des Besnard (mort en 1939)
  • Blanche Lebeau, veuve de Toussaint Rivet (morte en 1939)
  • Pierre Davaillaud, père de Marie (mort en 1940)
  • Louise Labrèche, grand-mère de Léon (morte en 1940)
  • Marcellin Besnard, père de Léon (mort en 1940)
  • Marie-Louise Gouin, mère de Léon (morte en 1941)
  • Lucie Besnard, sœur de Léon (morte en 1941)
  • Pauline Lalleron, cousine de Marie (morte en 1945)
  • Virginie Lalleron, cousine de Marie (morte en 1945)
  • Léon Besnard, second époux de Marie (mort en 1947)
  • Marie-Louise Antigny, mère de Marie (morte en 1949)

L’instruction de cet énorme dossier dure plus de deux ans. Ce n’est qu’en 1952 que Marie, accusée d’avoir tué douze personnes puisqu’il y a prescription en ce qui concerne Auguste, se retrouve pour la première fois devant ses juges.

Les procès

Nous sommes le 20 février 1952, le premier procès de Marie Besnard s’ouvre à Poitiers. La cinquantenaire n’a jamais cessé de clamer son innocence.
Ses avocats, Maîtres Gautrat, Hayot et du Cluzeau, qui ne peuvent pas compter sur des témoins bienveillants à l’égard de la prévenue misent leur défense sur les dysfonctionnements flagrants de l’expertise.
Les prélèvements ont mis deux jours pour parvenir à Marseille, les bocaux utilisés n’ont pas été lavés de manière rigoureuse, différents prélèvements auraient été mélangés dans un seul bocal (ce qui expliquerait l’absence du dixième récipient), les méthodes utilisées sont loin d’être infaillibles.
Malmené, l’expert s’effondre lorsqu’il soutient pouvoir voir à l’œil nu la présence d’arsenic dans des éprouvettes et qu’il est incapable de reconnaître la substance dans des tubes présentés par Maître Gautrat au procès. Le doute s’installe et même la presse n’est plus aussi catégorique.
D’autres incohérences sont relevées dans le rapport du Dr Béroud ce qui permet à la défense d’exiger une contre-expertise.
Le procès est renvoyé et un nouvel expert, le professeur Piédelièvre, est désigné par le tribunal.

Marie Besnard attend les résultats de cette contre-enquête depuis la prison de Poitiers. Le juge Roger qui veut à tout prix arracher des aveux de la prisonnière va jusqu’à introduire des « moutons » dans sa cellule. Une lettre de Marie envoyée à Marilou, une ancienne codétenue devenue son amie, est même falsifiée. Rien n’y fait, Marie persiste à se dire innocente.

Entre-temps, la contre-expertise se poursuit sur sept des prétendues victimes de l’accusée. Les experts ont en effet jugés que les corps des six autres sont trop endommagés pour pouvoir être étudiés.
La Cour de Cassation ordonne également que le second procès de Marie Besnard se tienne à Bordeaux et la prisonnière est transférée à la prison du Fort du Hâ.

Le second procès s’ouvre le 15 mars 1954. Marie est défendue par les mêmes avocats mais également par Mme Favreau-Colombier.
Les frères Massip sont interrogés mais leur témoignage ne peut être retenu en raison de l’incohérence de leurs propos. Quand on pense que le juge d’instruction avait basé son accusation sur leurs dires … il y a de quoi frémir.

Le procès se poursuit avec une bataille d’experts. Les uns concluent que les résultats ne peuvent être fiables, les autres prétendent que l’arsenic contenu dans les corps a dû être ingéré, d’autres encore estiment que la teneur naturelle en arsenic de la terre du cimetière pourrait justifier cette présence anormale.

Enfin, un énième expert, le professeur Tuffert affirme :

On ne peut plus affirmer que si l’on découvre de l’arsenic dans les cheveux d’un cadavre après lavage, il y a été introduit de son vivant !

Il est en outre précisé que tous ces experts n’ont tenu compte ni de la minéralogie, ni de la biologie ni de l’influence de la putréfaction des corps ou des imprégnations du sol.

Il faut donc ajourner encore le procès et désigner trois nouveaux experts.
Cette fois, Marie Besnard attend le nouveau procès depuis chez elle. La Cour a en effet accepté sa remise en liberté contre versement d’une caution d’un million deux cent mille francs, somme ramenée à deux cent mille francs, le maximum qui a pu être réuni par les cousins de Marie. Il se dit que Charles Trenet avait même proposé de payer la caution, un geste refusé par l’accusée qui revient à Loudun le 12 avril 1954. Elle entreprend de remettre sa maison abandonnée pendant cinq ans en état.

L’acquittement

On leur avait donné trois mois pour remettre leur rapport, il a fallu aux experts sept ans pour le rendre.
Ils examinent non seulement les cadavres des proches de Marie mais également des cadavres qui n’ont rien à voir avec l’affaire afin d’effectuer des comparaisons.
Le rapport de 300 pages parvient à la Cour le 17 juillet 1961. Le troisième procès peut s’ouvrir.

D’emblée, la défense de Marie, attaque les anciens rapports d’expertise, démolissant toutes les données. Enfin, le maître des recherches au Centre national de la recherche agronomique, M. Bastisse, est appelé à la barre. Cet éminent scientifique explique comment les cadavres des proches de Marie ont tous été enterrés sur une « réserve d’arsenic », résultat notamment du sulfatage des champs et de la décomposition des ornements funéraires contenant du zinc. Selon lui, Marie est innocente.

Seule Louise Pintou continue à accuser Marie envers et contre tous. Lorsqu’on la prend en flagrant délit de mensonge, elle reconnaît que les Massip ont peut-être été un peu vite en besogne en accusant Marie.

C’est finalement sans grande surprise que Marie Besnard est acquittée au bénéfice du doute le 12 décembre 1961 après douze ans d’accusation. Elle a non seulement perdu la plus grande partie de ses biens mais n’a jamais reçu la moindre indemnisation ni de ses détracteurs (Auguste Massip est décédé en juin 1961 et Louise est insolvable) ni de l’État.

Marie Besnard retourne à Loudun où elle décède en février 1980 à l’âge de quatre-vingt-trois ans. Son histoire a fait couler beaucoup d’encre et a inspiré plusieurs films.

La visite

Si vous passez à Loudun, arrêtez-vous quelques instants devant la maison où Marie Besnard a fini sa vie, elle est située avenue du Poitou, 14.
En revanche, vous ne trouverez pas sa tombe au cimetière de la commune car elle a préféré faire don de son corps à la science.

N’hésitez pas à vous attarder à Loudun au riche patrimoine historique. Vous y découvrirez notamment :

  • La Tour Carrée qui faisait autrefois partie du système défensif du château bâti par les comtes d’Anjou. Elle est le seul bâtiment sauvé de la démolition de la forteresse ordonnée par le cardinal Richelieu afin de marquer sa victoire contre les protestants. Elle bénéficie depuis 2017 d’un programme de restauration ce qui doit permettre d’ouvrir le monument au public.
  • La Porte du Martray construite au 14ème siècle et entièrement restaurée depuis 2013. Elle nous rappelle l’importance de Loudun à l’époque médiévale.
  • La collégiale Sainte-Croix édifiée au 11ème siècle. Elle a été le théâtre de séances d’exorcisme au 17ème siècle, durant le procès du prêtre accusé de sorcellerie, Urbain Grandier. Vendue et transformée en halle aux grains durant la Révolution, elle sert par la suite de marché couvert. Il faut attendre les années 1990 pour que la collégiale soit réhabilitée et devienne un espace culturel.

Collégiale Sainte-Croix
Place Sainte-Croix
86200 Loudun
Tel : 05 49 98 62 00
Mail : collegiale.ste.croix@ville-loudun.fr
Site web : http://www.ville-loudun.fr/services-au-public/culture/les-expos-a-la-collegiale

  • L’ancienne commanderie des Hospitaliers de l’ordre de Saint-Jean bâtie au 13ème siècle. Elle est située à Bournand, à quelques kilomètres de Loudun.
  • L’Église Saint-Pierre-du-Marché construite sous Philippe-Auguste, saccagée durant la Guerre de Cent Ans, reconstruite et agrandie au 15ème siècle avant d’être transformée en parc à fourrage après la Révolution. Elle est aujourd’hui inscrite sur la liste des Monuments Historiques.

Enfin, sur la commune de Vézières, vous apercevrez la silhouette du Château de Montpensier, ancienne propriété des Massip. La plus grande partie de la demeure a été détruite par l’incendie de 1948. Les ruines sont restées à l’abandon jusqu’au début des années 1980. Son actuel propriétaire a entrepris de restaurer le corps de logis et le donjon rescapés du sinistre.

Que manger dans la région ?

Ne partez pas de Loudun sans avoir goûté aux spécialités locales :

  • Le « Croquant de Loudun », un biscuit à base d’amandes cultivées dans le loudunais.
  • Le chevreau à l’ail vert du printemps proposé principalement à Pâques en compagnie de pommes de terre sautées et de mogettes (haricots blancs secs).
  • La compote d’oie ou de canard à la poitevine, une spécialité rappelant les rillettes.
  • La soupe à l’oseille cuite avec du pain rassis et enrichie de crème et de jaunes d’œufs.
  • Le boudin noir du Poitou préparé aux épinards et à la semoule de blé et parfois à l’eau de vie, aux oignons ou à la fleur d’oranger.
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