Champagne - ©Couleur CC0 Creative Commons

Champagne, une visite à Reims

Le champagne est un élément incontournable des fêtes. On débouche quelques bouteilles de Veuve Clicquot ou de Dom Pérignon à l’occasion d’un baptême, d’un mariage, d’un réveillon ou d’une promotion ou tout simplement pour honorer nos invités.
Symbole de la ville de Reims et de sa région, il est souvent associé aux biscuits roses produits par la Maison Fossier, la plus ancienne biscuiterie de France.

Aujourd’hui, nous vous proposons de découvrir l’histoire de ce produit phare de Reims, ville du sacre de la majorité des rois de France, du règne de Louis-le-Pieux (816) à celui de Charles IX (1825).

Un peu d’histoire

La cervoise

L’origine des boissons effervescentes remonte à l’Antiquité. En effet, les Gaulois consomment déjà de la cervoise, l’ancêtre de notre bière. Le léger pétillement de cette boisson est alors obtenu par la fermentation de céréales (orge ou blé).
Cette boisson souvent aromatisée d’un mélange d’épices et de plantes appelé « gruit » est en vogue jusqu’au Moyen-Âge.
Petit à petit, le vin franchit les limites des régions viticoles traditionnelles situées principalement autour de la Méditerranée et s’installe notamment en Champagne.
Vers le 15ème siècle, la cervoise devient une boisson « populaire » surtout appréciée dans le Nord et l’est du pays.

Les vins effervescents

Contrairement à la cervoise, le vin effervescent n’apparaît que tardivement. En effet, si les vignerons ont bien entendu constaté le phénomène lors de l’élaboration du vin, ils se sont ingéniés à le supprimer pour obtenir des « vins tranquilles » c’est à dire ne dégageant aucun gaz carbonique à l’ouverture de la bouteille.
Il faut attendre le 16ème siècle pour que le vin effervescent soit enfin apprécié et les premiers mousseux sont alors produits volontairement. Afin d’obtenir le pétillement, le vin est mis en bouteille durant la phase de fermentation ce qui permet de conserver le CO2 produit à l’intérieur du récipient hermétiquement fermé. Ces vins sont cependant de qualité irrégulière, les vignerons ne parvenant pas à réellement maîtriser la fermentation.
Si le champagne est aujourd’hui un produit emblématique de la France, il semble cependant que c’est en Angleterre que la technique permettant d’obtenir un vin effervescent stable a été mis au point dans le dernier quart du 17ème siècle.

Dom Pérignon

Un vin tranquille devient un vin effervescent lorsqu’il y a « prise de mousse » soit directement dans la bouteille, soit en cuve sous pression ou contenant des levures soit encore par gazéification.
Au 17ème siècle, un moine bénédictin, Pierre Pérignon, rentre dans la légende. Entré dans l’ordre de Saint-Benoît alors qu’il n’est âgé que d’une vingtaine d’années, le jeune religieux consacre sa vie à l’étude et au travail manuel.
Il rejoint la petite abbaye de Saint-Pierre d’Hautvillers en 1668 et y exerce la fonction de cellérier, l’équivalent de la charge d’intendant. Il est donc responsable de l’approvisionnement et de l’entretien du monastère et en règle général de sa trésorerie.
Il doit donc notamment superviser la fabrication de la bière et du vin. C’est au cours d’un séjour à l’abbaye de Saint-Hilaire, dans l’Aude, qu’il découvre la méthode de vinification utilisée depuis 1531 par les moines pour produire la « Blanquette de Limoux », considéré comme le plus ancien vin effervescent « maîtrisé » du monde.
De retour dans la Marne, Pérignon applique le même procédé afin d’améliorer les finances chancelantes de l’abbaye qui ne parvient à tirer que de maigres profits de son domaine. Notons qu’une partie des vignes appartenant à la maison Moët & Chandon faisait alors partie des biens de l’abbaye de Hautvillers.
A cette époque, les bâtiments conventuels sont délabrés et le moine compte sur les revenus tirés de la vigne pour remédier à la situation.
Il utilise les raisins fournis par les vignerons des environs qui doivent s’acquitter de la dîme, un impôt versé en nature à la communauté religieuse.
Pérignon surveille chaque étape de la culture de la vigne aux vendanges et choisit avec soin les grappes afin d’obtenir un mélange idéal. Il parvient ainsi à produire des cuvées d’exception grâce à ses observations et à ses connaissances de plus en plus poussées dans l’art d’assembler les raisins en fonction notamment du climat.
Parmi les élèves de Dom Pérignon, Thierry Ruinart entré dans les ordres en 1675 est initié à la méthode champenoise. Il est issu de la famille d’Épernay fondatrice en 1729 de la plus ancienne maison de champagne. Les marques Ruinart, Moët & Chandon, Krug et veuve Clicquot appartiennent aujourd’hui au groupe LVMH.

Si Dom Pérignon est de nos jours considéré comme le créateur du champagne et qu’il est indéniable qu’il a contribué à sa célébrité en mettant l’accent sur l’importance de l’assemblage, il faut cependant préciser que le champagne tel que nous le connaissons est le fruit d’un long travail mené par de nombreuses personnes.

Le bouchon de champagne

C’est également Dom Pérignon qui découvre une méthode pour boucher hermétiquement les bouteilles.
Il choisit de les fermer en utilisant de la cire alors que, précédemment, elles étaient bouchées à l’aide de bondons de bois entourés de feuilles de chanvre huilées qui ne parvenaient pas à résister à la pression.
Or, la cire d’abeille contient du sucre qui en se mélangeant au vin provoque une nouvelle fermentation ce qui fait que la plupart des bouteilles explosent dans les semaines qui suivent le bouchonnage.

Pérignon abandonne alors la cire au profit du liège, une matière plus élastique et convenant mieux au vin de Champagne.
Le bouchon de liège adapté au vin effervescent est ensuite équipé d’un « muselet » en fil de fer qui l’empêche de sauter. Par la suite, une petite plaque de métal au nom de la maison de champagne a été glissée entre le bouchon et le muselet.

Le liège doit répondre à des normes de qualité sévères. On utilise de l’écorce de chêne-liège de 45 ans qui doit pouvoir supporter une pression de 5 à 6 kg par cm².
En réalité, le bouchon de champagne n’est pas en une seule pièce , ses dimensions ne le permettant pas. Il résulte de l’agglomération de plusieurs morceaux préalablement concassés en granulés. Seules les rondelles en contact avec le vin sont directement taillées dans l’écorce.
Depuis son invention, le bouchon de champagne a été à maintes reprises modifié afin de réduire la perte de gaz, de faciliter le débouchage ou de diminuer les risques de « goût de bouchon ».

Les grandes maisons de champagne

De passage à Reims ou dans la région champenoise, n’hésitez pas à visiter les caves d’une ou plusieurs maisons de champagne dont la plupart sont réunies depuis 1882 dans l’Union des Maisons de Champagne, un groupement associatif syndical.
Cette association a pour mission de protéger les vignerons qui ne sont jamais à l’abri des caprices de la nature.

Lanson

La maison Lanson est fondée par François Delamotte en 1760. Son emblème, la croix de Malte rappelle que Nicolas-Louis Delamotte, héritier de François, était chevalier de l’Ordre de Malte.
La maison prend le nom de Maison J-B Lanson et Compagnie lorsque l’associé des Delamotte, Jean-Baptiste Lanson, succède à Nicolas-Louis. Elle devient la maison Lanson Père et Fils en 1855.
Depuis sa fondation, cette illustre maison s’est toujours développée et est le fournisseur officiel de la cour d’Angleterre et de la Principauté de Monaco.
Lanson est connu pour son champagne rosé, l’un des premiers à avoir vu le jour dans la première moitié du 20ème siècle.
La maison Lanson propose de découvrir les étapes de fabrication du champagne, de la vigne à la dégustation. La visite se fait uniquement sur rendez-vous et dure approximativement 1hr30. Elle peut être adaptée aux personnes à mobilité réduite.

Champagne Lanson
66 rue de Courlancy
51100 Reims
Mail : accueil-visites@champagnelanson.com
Site web : http://www.lanson.com

Moët & Chandon

La maison Moët & Chandon fondée en 1743 par Claude Moët propose la visite de ses caves situées dans un vaste labyrinthe souterrain qui s’étend sur 28 kilomètres. La visite se prolonge par une dégustation de ce champagne légendaire.
Le champagne Moët & Chandon était notamment la boisson préférée de la Marquise de Pompadour et de Talleyrand.
Il est possible d’organiser galas et autres événements dans ces célèbres caves.
La marque Moët & Chandon appartient aujourd’hui au groupe LVMH.

Champagne Moët & Chandon
Avenue de Champagne
51200 Épernay
Site web : https://www.moet.com

Ruinart

La maison Ruinart fondée en 1729 à Épernay appartient également au groupe LVMH. A l’origine, les Ruinart sont négociants en drap mais lorsque Thierry Ruinart, moine bénédictin, découvre le champagne auprès de Dom Pérignon, ils comprennent très vite le potentiel de ces vins effervescents. Il leur faut cependant attendre la modification de la loi concernant le transport du vin. En effet, jusqu’en 1728, le vin ne pouvait voyager qu’en fûts ce qui rendait le transport du champagne impossible. C’est un arrêté royal pris par Louis XV qui change la donne pour le plus grand profit de la famille Ruinart. Dès le mois de septembre 1729, les caves et la maison de champagne Ruinart sont transférées à Reims. En 1735, le commerce du drap est complètement abandonné au profit du vin de champagne.
La visite des Crayères classées Site Historique se fait sur réservation. Elle dure approximativement deux heures.

Champagne Ruinart
4 rue des Crayères
51100 Reims
Tel : 03 26 77 51 51
Site web : https://www.ruinart.com

Veuve Clicquot

La maison Veuve Clicquot a été fondée en 1772 par Philippe Clicquot. Lorsque son fils décède en 1805, la veuve de ce dernier, Barbe Clicquot Ponsardin, reprend les rênes de la maison de champagne. Elle est considérée comme l’une des premières femmes d’affaires.
En 1972, la maison Veuve Clicquot a par ailleurs lancé un prix récompensant des femmes se distinguant dans le domaine de l’entreprise.
Cinq ans après avoir repris la maison de champagne, Madame Veuve Clicquot produit le premier millésime en Champagne.
En 1811, le millésime du « Vin de la Comète » est considéré comme exceptionnel. On attribue ses qualités au passage d’une comète.
Madame Clicquot ne cesse d’innover et est notamment à l’origine de la technique de la « table de remuage » permettant d’obtenir un vin clair et de l’ajout d’un peu de vin rouge au champagne afin de produire un champagne rosé d’assemblage. Auparavant la couleur rosée s’obtenait en utilisant des baies de sureau.
La marque est aujourd’hui l’un des fleurons du groupe LVMH.
La maison Veuve Clicquot propose des visites privées sur mesure du vignoble et des caves. Il est également possible d’organiser des événements au cœur du domaine.

Caves Veuve Clicquot
1 rue Albert Thomas
51100 Reims
Tel : 03 26 89 53 90
Mail : visitscenter@veuve-clicquot.fr
Site web : https://www.veuveclicquot.com

Taittinger

La maison Taittinger est plus récente. C’est en effet dans les années 1930 que Pierre Taittinger et son beau-frère développe leur affaire. Ils parviennent à s’imposer grâce à un assemblage mettant le Chardonnay à l’honneur. La famille Taittinger continue à produire un champagne de qualité irréprochable.
Elle propose la visite des caves tout au long de l’année, sur réservation. Cette découverte permet de suivre le processus de l’élaboration du champagne. Les caves de la maison sont installées sous les vestiges d’une abbaye du 13ème siècle, dans des Crayères gallo-romaines qui permettent de conserver les bouteilles dans des conditions optimales.
La visite s’achève par la dégustation d’une ou plusieurs cuvées.

Caves Taittinger
9 Place St Nicaise
51100 Reims
Site web : https://www.taittinger.fr

La visite

Bien entendu, Reims, ville du sacre de tant de rois de France, propose à ses hôtes un patrimoine architectural d’une richesse infinie. Il serait dommage de repartir de cette ville d’art et d’histoire sans avoir visité notamment :

La cathédrale Notre-Dame de Reims

Construite aux 13ème et 14ème siècles est un monument emblématique du style gothique. Reprise sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, la cathédrale a subi de forts dommages durant la Première Guerre mondiale mais a bénéficié d’une remarquable restauration. Site web : http://www.cathedraledereims.fr

Le Palais du Tau

Ancienne résidence des archevêques de Reims a également servi à héberger la cour royale à l’occasion des sacres. Il abrite actuellement le Musée de l’œuvre réunissant notamment une partie des sculptures de la cathédrale trop abîmées après le bombardement. Ce trésor de la cathédrale comprend également une collection de tapisseries et des objets relatifs au sacre des rois.
Le palais accueille des événements et des expositions temporaires. A découvrir sur http://www.palais-du-tau.fr.

La Basilique Saint-Remi

Construite au début du 11ème siècle était adjacente à l’abbaye. On peut y découvrir notamment les reliques de Saint-Remi, l’évêque qui a baptisé le roi des Francs Saliens, Clovis, à la fin du 5ème siècle.
De nombreux membres de la famille royale ainsi que des archevêques de Reims reposent en ce lieu. Citons notamment les rois Carloman 1er, Louis IV, Lothaire ainsi que l’épouse de Charles-le-Simple, Frédérune.
L’ancienne abbaye accueille aujourd’hui le Musée Saint-Remi qui présente des collections couvrant une large période s’étendant de la préhistoire à la Renaissance.

La bibliothèque Carnegie

Construite dans les années 1920 est un très bel exemple de l’Art Déco. Elle abrite plus de 400.000 documents dont plusieurs centaines manuscrits datant du Moyen-Âge. Plus d’informations sur la bibliothèque Carnergie : https://www.bm-reims.fr

La Maison des Ménétriers

La Maison des Ménétriers est un ensemble architectural déjà mentionné au 13ème siècle et qui se prolonge avec la Maison des Comtes de Champagne

Que manger dans la région ?

De passage à Reims, vous vous laisserez certainement tenté par une dégustation de champagne. N’hésitez pas à accompagner ce breuvage des célèbres biscuits roses produits depuis le milieu du 18ème siècle par la Maison Fossier, plus ancienne biscuiterie encore en activité en France.
Parmi les autres spécialités culinaires de la ville, notons :

  • le pain d’épices à la farine de seigle
  • le jambon de Reims fabriqué à base d’épaule de porc cuite dans un bouillon.
  • le bouchon au marc de champagne, une coque de chocolat fourrée au vieux marc de champagne
  • la nonnette de Reims, une gourmandise au pain d’épices fourré de marmelade d’oranges ou de confiture de framboises
  • la potée champenoise à base de chou vert, de crottes, de navets, d’échine et de saucisses de porc et de lard
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